Magazine Le Mensuel

Nº 3066 du vendredi 12 août 2016

  • Accueil
  • general
  • Ammar Houri, député de Beyrouth. «La balle est dans le camp du Hezbollah»
general

Ammar Houri, député de Beyrouth. «La balle est dans le camp du Hezbollah»

Le député Ammar Houri (Courant du futur), a indiqué dans une interview accordée à Magazine que l’élection d’un président relève d’une décision de l’Iran, qui attend certains compromis régionaux avant de se prononcer. Le député de Beyrouth considère que Saad Hariri a fait suffisamment de compromis pour que le Hezbollah le retrouve à mi-chemin.

Les dernières séances de la table de dialogue se sont avérées stériles. Peut-on dire que la présidentielle ne sera pas réglée de sitôt?
Ne désespérons pas. La situation actuelle constitue une transgression de la Constitution et de la démocratie. C’est pourquoi, il est essentiel de poursuivre les efforts. Soyons clairs: c’est l’Iran qui torpille ces élections et le Hezbollah, son bras armé au Liban, obéit aux ordres. Les méfaits de la crise touchent toutes les parties libanaises et tous les secteurs aussi bien politiques qu’économiques, réveillons-nous. L’échéance présidentielle est prioritaire et tous les dossiers convenus lors du dialogue national ne peuvent être mis en application avant l’élection d’un président. Nous sommes dans une impasse dont il est impératif de sortir, avant qu’il ne soit trop tard.
Saad Hariri a tout mis en œuvre pour contribuer à la résolution de ce dossier. Il a fait une série de concessions incroyables. Il revient à l’autre bord de tendre la main et de faire une partie du chemin. Est-il possible de demander qu’on assure la réussite de Michel Aoun, sinon il boycotte les séances parlementaires consacrées à l’élection d’un président? Qu’il accepte le jeu démocratique et s’il est élu, eh bien, mabrouk.

Vous dites que Saad Hariri a mis de l’eau dans son vin, alors qu’il est clair que le Courant du futur s’accroche à la candidature de Sleiman Frangié à la présidence. Est-ce logique?
Oui. En effet, nous nous attachons à la candidature de Frangié qui a lui-même déclaré être prêt à se retirer si toutes les parties se retrouvaient autour d’un nouveau candidat. La balle n’est donc plus dans notre camp, mais dans celui du Hezbollah et de Michel Aoun.
 

Est-il vrai qu’à la dernière réunion du Courant du futur, vous avez voté pour ou contre la candidature de Michel Aoun?
Ce scénario repris par tous les médias est un pur mensonge. Il n’y a jamais eu de vote sur ce sujet.

Selon vous, l’Iran torpille les élections, alors que vos détracteurs rejettent la responsabilité sur l’Arabie saoudite. Qui croire? Comment sortir de l’impasse? Un remaniement des accords de Taëf, comme certains le préconisent?
L’accord de Taëf était un compromis libanais sous des auspices arabes et internationaux. Il n’y a pas de substitut à ces efforts, sinon la coexistence sera remise en jeu. D’ailleurs, aucun changement ne peut se faire sous la pression des armes du Hezbollah injustifiées après le retrait israélien du Sud.

Vous empêchez l’élection du candidat maronite qui représente sa communauté. Vous n’acceptez aucune loi électorale qui assure une meilleure représentativité des communautés… Etes-vous aussi innocents que vous le prétendez?
Comme je l’ai déjà dit, laissons les députés voter pour le candidat qu’ils considèrent les représenter. Quant à la loi électorale, on ne peut rien décider sous la pression des armes du Hezbollah. Arrêtez de nous faire porter injustement la responsabilité de tout ce qui ne va pas!

La situation à Alep s’est détériorée de façon tragique. Les échéances libanaises sont-elles de nouveau retardées de ce fait?
Tout le monde sait que c’est l’autre camp qui mise depuis toujours sur la situation régionale. Utilisons notre logique et notre raison et préservons le Liban de l’incendie qui menace toute la région. D’autant que plus nous observons les développements et plus nous constatons qu’il n’y aura ni perdant ni gagnant en Syrie et que, tôt ou tard, seule la solution politique règlera la crise.

Propos recueillis par Danièle Gergès 

Related

Geagea reçu en grande pompe à Riyad. Les dessous d’une visite

Tarek Atoui. Du Liban au transnational

Sans président depuis dix mois. Les institutions tournent au ralenti

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.