Depuis son arrivée au Liban, la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis, Elizabeth Richard, manifeste un grand dynamisme et se caractérise par une présence diplomatique intense. Ses visites auprès des instances politiques dépassent le cadre d’une simple rencontre et portent sur les véritables positions de ses interlocuteurs. Au cours de ces différents entretiens, Mme Richard ne s’est pas beaucoup exprimée et s’est contentée d’écouter. Elle a surtout évoqué les grandes lignes de la politique américaine et parlé des incidences de la crise syrienne et de la question des réfugiés sur le Liban.
Elizabeth Richard a relevé les efforts du Liban dans la lutte contre les organisations terroristes, notamment le Front al-Nosra et Daech. La vacance présidentielle, qui se prolonge depuis plus de deux ans, n’a pas été absente de ses rencontres.
Des sources diplomatiques se sont arrêtées sur l’importance de la désignation par les Etats-Unis d’un représentant diplomatique au Liban, alors que le pays est sans président, et y voient une volonté ferme d’appuyer le pays du Cèdre. Le choix de l’ambassadrice Richard, experte dans le corps diplomatique et dans les affaires internationales depuis trente ans, qui a servi en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen, reflète l’intérêt que les Etats-Unis portent au Liban. Richard entame sa mission dans un pays en pleine crise, dans une étape dangereuse au niveau local et régional, le Liban étant dans l’épicentre du grand bouleversement que connaît la Syrie et ses graves retombées sur la situation interne et sur la frontière, ainsi que les problèmes liés au déplacement de la population syrienne.
Des sources diplomatiques se déclarent surprises par les accusations portées contre les positions de l’ambassadrice américaine, surtout celles relatives à sa volonté de vouloir «paralyser le Hezbollah». Ces sources estiment que résumer la position de Mme Richard à la paralysie du Hezbollah indique les intentions véritables de ses détracteurs qui ne veulent pas d’un Liban libre, indépendant et bénéficiant de l’appui de la communauté internationale. Les positions d’Elizabeth Richard, depuis son arrivée à Beyrouth, constituent une réponse franche et directe aux propos entrecoupés de sa déclaration devant le Sénat, affirmant qu’elle était venue pour isoler le Hezbollah.
Positionnement
Le Hezbollah observe la situation en Turquie
Des milieux politiques proches du Hezbollah estiment que ce qui s’est passé en Turquie va mener à de grandes transformations, dont on ne peut pas prévoir l’étendue. La situation ne se limite pas au recul du rôle de la Turquie en Syrie à la suite du coup d’Etat manqué, qui a secoué le pays, mais au revirement de la politique turque qui s’oriente désormais vers une consolidation de ses relations avec Moscou et Téhéran.
En parallèle, la relation de la Turquie avec les pays du Golfe connaît des doutes et de la tiédeur et se dirige vers une escalade avec les Etats-Unis, premiers suspectés d’avoir appuyé le putsch. Si le revirement turc a bel et bien eu lieu, l’Arabie saoudite aura perdu sa carte gagnante en Syrie, qui représente la scène ayant le plus d’influence dans l’équilibre des forces dans la région. Il serait alors tout à fait naturel de conclure dans ce contexte que les événements de Turquie et d’Alep donnent au Hezbollah une avance sur ses adversaires. L’équilibre des forces est désormais rompu, ce qui permet au Hezb de maintenir ses conditions dans le règlement de la crise interne et dans les négociations entreprises à ce niveau.
Ces milieux indiquent une atmosphère de détente au niveau populaire et politique turc à l’égard de la position iranienne qui a appuyé, dès les premiers instants, la légalité. Selon des sources informées, le premier appel téléphonique avec Recep Tayyip Erdogan a été passé par le général Kassem Souleimani qui a offert son appui direct au président turc et lui a conseillé de faire bouger la rue turque pour arrêter l’avancée des putschistes, après qu’Erdogan l’a informé que la situation à Istanbul était bonne, alors que cela allait mal à Ankara. La communication entre les deux hommes a duré jusqu’à la mise en échec du coup d’Etat. Un autre contact a été également établi entre le chef des Renseignements turcs et la direction des Renseignements iraniens.
L’appui de l’Iran à la légitimité turque a laissé un écho positif en Turquie et aura des répercussions positives à court terme sur la relation entre les deux pays. L’image devrait s’éclaircir après la visite d’Erdogan en Russie.
Chaouki Achkouti