Magazine Le Mensuel

Nº 3068 du vendredi 26 août 2016

Festival

Brazilian Film Festival. Entre Beyrouth et Rio

C’est la rentrée, le retour dans les salles obscures de cinéma. L’ambassade du Brésil au Liban, le centre culturel Brasiliban et l’association Métropolis lancent la première édition du Festival du film brésilien, du 31 août au 3 septembre.

Mercredi 31 août
20h: Nice – The heart of madness (Nise: O Coração da Loucura) de Roberto Berliner (1h46’)
Grand prix au Festival international du film de Tokyo, ayant également permis à son actrice principale Gloria Pires de recevoir le prix d’interprétation au même festival. Nice: the heart of madness est un biopic consacré à Nise da Silveira, une femme médecin qui, dans le Brésil des années 50, s’est opposée au traitement par électrochocs de ses patients schizophrènes, privilégiant l’art, les animaux et l’amour. Une décennie plus tard, un «miracle» se produit au Brésil: les musées d’art contemporain ouvrent leurs portes à des artistes dont personne n’a jamais entendu parler auparavant…  
 

Jeudi 1er septembre
20h: Orphans of Eldorado (Órfãos do Eldorado) de Guilherme Coelho (1h36’)
Inspiré du dernier roman de Milton Hatoum, Orphans of Eldorado est une histoire d’amour et d’obsession, de la folie d’un homme en pleine Amazonie. Dans son village natal, Arminto Cordovil tombe amoureux d’une femme mystérieuse; tout le monde dit qu’elle aspire à vivre dans une cité sous l’eau. Dans cette quête d’amour impossible, Arminto perd sa famille, son héritage et sa raison à mesure qu’il s’approche de l’univers mythique d’Amazonie.
Sa vie se transforme en légende, en tragédie.

 

Vendredi 2 septembre
20h: Casa Grande (The Ballad of poor Jean) de Fellipe Gamarano Barbosa (1h55’)
Rio de Janeiro, au cœur de l’élite bourgeoise, Jean, 17 ans. Tandis que ses parents
luttent pour cacher leur banqueroute, il prend peu à peu conscience des contradictions
qui rongent sa ville et sa famille, une famille surprotectrice à laquelle il tente d’échapper.  

 

Samedi 3 septembre
20h: Lebanon wins the world cup d’Anthony Lappé et Tony Khoury (23’)
Documentaire sur la guerre et le football, avec en toile de fond les deux coupes du monde de 1982 et 2014. Deux anciens ennemis, l’un ayant combattu au sein du Parti communiste, l’autre des Forces libanaises, partagent le même engouement pour l’équipe brésilienne, malgré leur positionnement opposé durant la guerre civile libanaise. Le film interroge la brutalité de la guerre, la beauté du football brésilien et l’éventualité d’une réconciliation pour la «génération perdue» du Liban.
A l’instar de Sleepless nights d’Eliane Raheb ou Trêve (A time to rest) de Myriam el-Hajj, Lebanon wins the World Cup s’inscrit dans la nécessité de raconter le passé par la voix de ceux qui l’ont vécu comme un moment de vérité qui s’est effrité dans la «saleté» de la guerre, terme qui revient sans cesse dans les mots de ces anciens combattants.
Apelo de Béchara Mouzannar (19’)
Béchara est libanais. Il visite le Brésil pour la première fois de sa vie. Ayant quitté son hôtel la nuit pour retirer de l’argent, se promenant tout au long de Copacabana, à Rio, il vit un moment inattendu, un vrai moment de vérité, une expérience qui bouleverse sa vie.
Quand la caméra saisit l’intensité d’un moment. Coup de cœur immédiat!
Projections suivies d’une session de questions/réponses avec les réalisateurs.
22h: Don’t call me son (Mãesóháuma) d’Anna Muylaert (1h22’)
Une bicyclette, les dernières années d’école, des pétards, des filles, un groupe de rock; Pierre, alias Felipe, est un adolescent comme tous les autres. Sauf que, à l’issu d’un test d’ADN, il découvre que celle qu’il appelle maman n’est pas sa vraie mère, elle l’avait kidnappé. Il se doit d’assumer les conséquences de l’action de sa «mère» et s’installer avec sa famille biologique. Une nouvelle maison, un nouveau nom: il commence à s’interroger sur son identité.

 

Nayla Rached
 

Tous les films sont sous-titrés en anglais.
Billets: 8 000 L.L.
Infos sur www.metropoliscinema.net
Tel: (01) 204 080.

Apelo ou le moment événement
00:30, le cadran d’un taxi affiche le début de la nuit. «Un peu de bossa-nova en cette nuit pluvieuse», le présentateur d’une émission radio donne le ton, le taxi, l’écran, les personnages et les spectateurs se laissent bercer par la voix de Maria Creuza qui interprète spécialement pour ce film une chanson écrite par Vinícius de Moraes et Baden Powell. Film inspiré d’une histoire vraie, lit-on sur l’écran. Béchara vient tout juste d’arriver au Brésil, pays qu’il visite pour la première fois mais où, de tout temps, il voulait s’y rendre. Direction l’hôtel. Il vient du Liban. Le chauffeur est perplexe. Ah oui, Libano, sûrement. Subrepticement, au fil des images, le spectateur est préparé à… Il ne sait pas encore trop ce qui l’attend, mais tout lui fait pressentir un événement. Pourtant, il ne se passe presque rien, l’action est l’image en elle-même, gantée de pénombre, de quelques mots échangés et de silence. Et là, l’attendu devient inattendu. Il devient cet instant où les moments se figent, se télescopent et explosent. Un moment capturé, condensé, saisi dans sa fugacité qui s’éternise. Un moment où les sensations dressent des ponts spatiotemporels, un moment comme événement.

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