Quelles garanties pour Hariri?
Pour un homme politique informé, le président Saad Hariri ne croit pas dans les chances de Sleiman Frangié d’accéder à la présidence de la République face au général Michel Aoun. Il continuera cependant à l’appuyer et n’y renoncera pas gratuitement. S’il le faisait, il consacrerait Aoun seul candidat et serait devant le fait accompli qu’il aurait lui-même fabriqué. Hariri ne renoncera officiellement à Frangié qu’une fois la relève assurée et des garanties obtenues concernant la présidence du gouvernement et sa propre stabilité au pouvoir. Il ne cherche pas un accord avec Aoun et n’y compte pas. Il considère que l’accord garanti serait avec sayyed Hassan Nasrallah dont les conditions ne sont pas mûres.
Les trois défis du Liban selon Geagea
Lors de sa rencontre avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chucri, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a mis l’accent sur le risque de ne pas donner la priorité à l’élection présidentielle. Il a relevé qu’avant la fin de l’année, le Liban fera face à trois défis qui pourraient se transformer en crises. Les préparatifs des élections parlementaires commenceront et si elles étaient faites en l’absence d’un président de la République, le gouvernement sera démissionnaire et le Parlement paralysé. Samir Geagea a remis au ministre un message au président Abdel-Fattah el-Sissi lui demandant de faciliter l’importation des pommes par l’Egypte, les frontières terrestres étant fermées et vu la crise économique au Liban.
Trump veut aider les chrétiens
Dans les milieux diplomatiques, on rappelle que si les puissances internationales et régionales ne s’entendaient pas sur l’élection présidentielle libanaise, cette échéance serait mise au rancart jusqu’à l’élection du président américain, en 2017, et la mise en place de sa politique dans la région. Un diplomate libanais, jadis accrédité à Washington, note que le Liban n’a été cité qu’une seule fois par le candidat républicain Donald Trump, qui annonçait son intention d’y aider les chrétiens. Le seul facteur maintenu sur l’agenda du présumé vainqueur aux élections américaines est la stabilité du Liban et le maintien de l’aide à l’armée. Ceci n’est pas un sujet de conflit entre les candidats des deux partis, d’autant que les Etats-Unis accordent la priorité à la lutte contre le terrorisme dans le monde.
Trop de concessions
Selon un politicien du 14 mars, le secrétariat général de cette coalition juge excessives les concessions faites par le Courant du futur et dépassent ses possibilités. Il serait temps qu’il rassemble ses cartes, dispersées un peu partout. L’appui à la candidature de Sleiman Frangié ne peut durer indéfiniment, surtout que ce dernier ne fait aucun effort pour y ouvrir une brèche. Le Courant du futur doit se fixer une date limite et s’orienter vers une candidature indépendante. Ce serait la meilleure option en refusant les provocations que peut exercer le Hezbollah sur la présidence du gouvernement. Saad Hariri trouverait difficile de prendre une telle initiative, «les chrétiens n’accepteront qu’un président du premier rang», rapportent les connaisseurs.
Nouvelles sanctions bancaires?
Des proches du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, ainsi que des forces sécuritaires affiliées au 14 mars, soulignent que les autorités américaines préparent une nouvelle liste de personnalités et d’institutions comprises dans les sanctions imposées au Hezbollah. Les mêmes sources affirment que cette liste ne causera aucun problème à la politique générale ni à la relation entre le Hezbollah et le gouverneur de la Banque du Liban, toutes les banques ayant appliqué le nouveau mécanisme, ce qui ne permet pas d’étendre les sanctions aux personnes ou aux institutions qui ne sont pas en cause.
Ahmad Hariri en Turquie
Le secrétaire général du Courant du futur, Ahmad Hariri, s’est rendu en Turquie accompagné du député Jamal el-Jarrah et de plusieurs coordinateurs de son mouvement pour inviter des dirigeants du Parti de la Justice et du Développement au pouvoir à participer au congrès général du Futur, prévu en octobre. Les discussions ont porté sur les relations bilatérales privilégiées entre le Courant et le parti turc et sur la possibilité de renforcer leur collaboration et les échanges d’idées et d’expériences. Les rencontres ont permis un tour d’horizon des évolutions turques depuis le coup d’Etat manqué et la manière turque de coopérer avec les crises régionales dont le conflit syrien. Les développements au Liban et le torpillage de l’élection d’un nouveau président de la République étaient au programme.
La sécurité des frontières
Après les succès des bataillons aux frontières terrestres, deux d’entre eux ont été déployés de Wadi Khaled au Akkar pour contrôler les frontières nord avec la Syrie et un troisième qui s’installe à Ras Baalbeck et ses environs et exécute des missions essentielles. Des préparatifs sont menés pour charger deux nouveaux bataillons qui accompliront des missions aux frontières qu’ils renforceront et mettront à l’abri des répercussions de la guerre syrienne et de l’infiltration des terroristes grâce à des canaux d’observation et de recensement. Les points de déploiement ont été fixés aux deux bataillons de Chebaa au Sud et jusqu’à Ersal.
Pourquoi Siniora a sorti la carte Raad
Dans les cercles du Hezbollah, certains sont convaincus que la proposition du président Fouad Siniora (de porter le député Mohammad Raad à la présidence de la Chambre), s’inscrit dans le cadre d’un refus catégorique du Courant du futur de revivre l’expérience d’une coopération avec le Hezb dans le gouvernement de Najib Mikati, persuadé qu’elle ne peut vivre que quelques mois à peine et ne tardera pas à tomber, cédant la place au Courant du futur. Le Courant a accepté l’expérience de la participation au gouvernement Salam en tant que provisoire et éliminé les dernières oppositions au retour de Saad Hariri au pouvoir dont il avait été sorti par la force il y a six ans. Mais les vents soufflent à l’intérieur comme régionalement contrairement à ce que souhaite le Futur et son dernier projet de principe, aux dires de Siniora.
Guerre d’extermination
Ersal continue à vivre une «guerre de liquidation», orchestrée par le Front al-Nosra (désormais connu sous le nom de Front Fateh el-Cham), contre des citoyens et des camps de réfugiés dispersés dans la région et les environs. Des sources «islamistes» neutres parlent de développements sécuritaires qui ont permis de découvrir l’ampleur de la couverture politique dont bénéficient les criminels par l’organisation des ulémas sunnites financée par le Qatar et la Turquie. Ces mêmes sources évoquent un renforcement des terroristes de la région par les adversaires du président Saad Hariri, sous le slogan du jihad et de l’adversité confessionnelle. Elles affirment la réapparition de ce mouvement lié à al-Nosra dans la guerre d’extermination à Ersal et œuvre à desserrer l’étau autour des terroristes d’al-Nosra, membres d’al-Qaïda, postés dans l’est du jurd. Ce serait là, selon les sources, la participation de certains de ses membres, dont le cheikh Salem el-Rafeï, à la dernière conférence de presse du ministre Achraf Rifi. Les sources ont également parlé de la participation de gens de Ersal à la «cinquième colonne» dans les opérations terroristes contre les citoyens et l’armée et révèlent la présence d’une charge explosive posée près du domicile du président de la municipalité, Bassel Hariri, que l’armée a désamorcée. Une patrouille mobile a également été visée par une charge explosive sur la route de Ras el-Sarj, qui a blessé cinq militaires. Quelques jours plus tard, l’armée désamorçait les détonateurs d’un second explosif placé au même endroit. Les lancements de missiles sur les rues de Ersal ne s’arrêtent pas.
Saoudi contre l’extrémisme
Des juristes et des mouvements civils ont rendu hommage au rôle efficace du président de la municipalité de Saïda, Mohammad el-Saoudi, pour faire échec à la campagne d’islamisation menée par des organisations extrémistes menaçant d’interdire des festivals touristiques à Saïda. Une pétition a été lancée sur Internet sous le titre Saïda ne dansera pas, arguant du fait que ces manifestations culturelles artistiques portent atteinte à l’islam de la ville sudiste. Pour les habitants de Saïda, ce sont les Ikhwan de la Jamaa islamiya et les fanatiques rétrogrades qui mènent cette campagne. La pétition était accompagnée d’un message adressé par les organisateurs de la campagne à l’Association des commerçants de Saïda, à la section des jeunes du Futur et à l’association Injaz, qui préparent ces festivals. Il y était dit que «Saïda la musulmane… ville de la dignité, du respect et du jihad… ville de la prière… ne peut admettre la comédie des fêtes musicales de la corruption. Que Nancy Ajram et le chanteur étranger aillent chanter entre les murs de leurs chambres». Le président Saoudi a riposté violemment et insisté sur la tenue de ces fêtes, promettant de prolonger ces activités jusqu’en septembre.
Législatives: rien n’est dit
Les milieux du 8 mars mettent en garde contre les tentatives de la «caste politique» de faire gober aux citoyens le projet de prorogation du mandat de la Chambre jusqu’en mai prochain ou d’organiser des élections selon la loi de 1960. Ils soulignent que les électeurs peuvent être attirés par le fait que «Ce ne serait que pour six mois ou, tout plus, un an». Le maintien du Parlement en l’état est justifié par le manque d’expérience des électeurs et des comités de contrôle dans l’application du scrutin proportionnel. Cela en supposant que les protagonistes s’entendent sur l’une de ces formules. Ils expliquent aussi que le délai légal «est trop court pour apprendre la technique des élections à la proportionnelle». Certains membres de cette orchestration ajoutent, pour justifier la prorogation, que le timing des élections correspondrait au mois du Ramadan de l’année prochaine. Les opposants aux élections sur la base de la loi de 1960 relèvent que cela ramènera la Chambre au même résultat que la prorogation, mais ce serait alors pour six ans en dépit des prévisions de certains légers changements dans la répartition des sièges notamment dans les régions du Nord, au Akkar et à Tripoli. Quoi qu’il en soit, selon les pronostics, le dialogue prévu le 5 septembre ne changera rien au sort électoral.
Le super-ministre Machnouk
Des sources de la capitale affirment que quelqu’un travaille contre le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, au sein même de son équipe. Elles révèlent un rush, jamais vu, de citoyens dans les salons du ministère attendant des documents de l’état civil et affirment avoir tenté sans succès d’en comprendre la cause, alors que les services concernés se trouvent à quelques mètres du bureau et du domicile de Machnouk. Ce rush non justifié, pour certains hauts fonctionnaires, porte atteinte à l’image du ministre Machnouk, devenu super-ministre. Les sources affirment que les partisans d’une force politique, pas très éloignée de la politique Machnouk, ont constaté qu’il était devenu le plus connu et le plus actif de ses collègues. Il a devancé beaucoup de ministres et parlementaires qui n’ont pas la même dynamique et l’efficacité pour profiter de leurs postes. Il est notoire que le ministre de l’Intérieur est apprécié par nombre d’associations, de mouvements de jeunes de la capitale. Et les habitants de certains quartiers, Tarik el-Jdidé et Kaskas, ne s’étonnent pas de voir des banderoles portant les photos du président Saad Hariri aux côtés du ministre Machnouk, affichant des slogans d’éloges des deux.