Son histoire, c’est celle d’une passion pour la cuisine. Une passion dont elle a fait son métier. Dix ans plus tard, Mireille Hayek est à la tête de plusieurs restaurants, dont La Parilla et Em Shérif.
Rien ne prédisposait Mireille Hayek à devenir la propriétaire de plusieurs restaurants qui figurent parmi les hauts lieux de la gastronomie libanaise. Assistante sociale de formation, cette femme au foyer, mère de quatre enfants, a un goût inné pour la cuisine. Pour elle, cuisiner est un plaisir. «Partager un repas, se réunir autour de la table en famille ou entre amis, c’est sacré pour moi», confie Mme Hayek. Elle passe son temps à prendre des cours de cuisine et invite des amis, rien que pour avoir le plaisir de leur préparer à manger. «Tout le monde aimait ce que je faisais et me disait constamment qu’il fallait absolument que j’ouvre mon propre restaurant». C’était alors un hobby, jusqu’au jour où son frère, Dany Chaccour, lui propose sérieusement de se lancer dans ce projet. «Tout a commencé avec La Parilla. Le local était à louer. C’était le moment ou jamais. Mon mari et mon frère étaient présents et nous avons décidé de tenter l’aventure tous les trois».
Perfectionniste jusqu’au bout, Mireille Hayek est toujours présente au restaurant. «Pendant quatre ans, je n’ai pas quitté La Parilla. Midi et soir, j’étais toujours là», se souvient-elle. Lorsqu’un client rendait sa viande, elle accueillait les remarques avec plaisir; mais cela ne l’empêchait pas de pleurer! Depuis dix ans, le succès est ininterrompu. Cet été, La Parilla Summer Edition, situé au rooftop du Palm Beach Hotel, a vu le jour.
L’expansion d’Em Shérif
Sa réussite ne l’a pas éloignée de ses enfants. «Ils n’ont pas souffert de mon absence, parce que, tous les après-midi, j’étais présente à la maison et, lorsqu’ils entraient se coucher, je repartais au restaurant». Aujourd’hui, sa fille Yasmina suit une formation en restauration et gastronomie à l’école Paul Bocuse. Une femme qui travaille est un exemple pour ses enfants, estime Mireille Hayek. «J’ai appris à ma fille que le travail est obligatoire pour une femme. En outre, je ne pense pas qu’une femme n’accorde pas suffisamment de temps à ses enfants. Tout est question d’organisation», dit-elle.
Ses premiers goûteurs sont son mari, Salim Hayek, et son frère, Dany Chaccour, qui s’occupe du développement de la franchise Em Shérif. La marque se trouve désormais à Dubaï, au Koweït et au Qatar, et des négociations sont en cours pour Londres.
Passionnée, bourrée de talents, Mireille Hayek ne dort pas sur ses lauriers. Après deux années et demie passées à La Parilla, il ne lui restait plus grand-chose à faire, à part assurer une certaine présence. «Je me suis alors dit pourquoi pas un autre restaurant? C’est ainsi que Yasmina, qui porte le nom de ma fille, est né. Nous l’avons fermé, mais nous le rouvrirons bientôt».
Un peu plus que deux années plus tard, Mme Hayek décide de réaliser son rêve et d’ouvrir un restaurant libanais. Em Shérif (qui porte le nom de son fils) voit le jour. Six ans plus tard, l’endroit continue à être un incontournable et un haut lieu de la gastronomie libanaise. Le dernier nouveau-né de la chaîne est le Em Shérif Café.
Les projets de Mireille Hayek ne s’arrêtent pas là. «Je pensais qu’Em Shérif Café serait le dernier mais, bientôt, Em Shérif by the sea s’installera au Aïshti seaside, avec comme spécialité le poisson et les fruits de mer. Avant, ça me prenait quelques années pour passer d’un restaurant à un autre. Aujourd’hui, quelques mois à peine me semblent suffisants», confie Mireille Hayek.
Ses 150 employés sont comme sa famille. «Je suis sévère et stricte avec eux. Je les traite comme mes enfants. Quand ils gaffent, je les réprimande et, quand ils font bien leur travail, je les récompense». C’est un travail d’équipe qui lui permet de créer des recettes. «En dormant la nuit, je pense aux recettes et, le matin, j’arrive au restaurant avec de bonnes idées». Le secret de sa réussite? «Le soutien de mon mari et de mes enfants». Pour elle, le succès, c’est savoir ce qu’on aime faire et réaliser son rêve. «Il faut chercher et découvrir en soi une passion pour quelque chose». Mais le succès, Mireille Hayek ne le voit pas et ne le sent pas. «Il n’est jamais acquis. Pour moi, chaque repas est un nouveau challenge».
Joëlle Seif