Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, sera au Liban du 5 au 7 mars. Magazine l’a interviewée à l’occasion du mois de la Francophonie.
C’est votre 3ème visite au Liban depuis votre nomination, en 2012, à la tête de France Médias Monde. Pourquoi le Liban figure-t-il aussi souvent sur votre calendrier de déplacements, alors qu’il s’agit d’un «marché» plutôt modeste au niveau de l’audience. Constitue-t-il un pont vers les autres pays du Levant?
Le Liban est un pays auquel je suis très attachée, j’aime son énergie, son brassage de cultures et de langues, sa créativité. Nos médias France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya y sont très présents, en français, en arabe et en anglais. En outre, la densité des relations bilatérales entre le Liban et la France, qui est son principal partenaire européen, et leur coopération historique dans de nombreux domaines, en particulier celui des médias, rendent naturel ce lien fort qui nous unit. Toutes ces raisons font du Liban un pays que nous considérons comme majeur, et certainement pas comme un «marché modeste». En 2013, le lancement des programmes de France 24 en arabe sur Télé-Liban avait été une excellente occasion pour mon premier déplacement en tant que PDG de France Médias Monde, même si j’avais déjà eu de nombreuses occasions de venir lorsque je dirigeais TV5 Monde précédemment. Puis en 2015, c’est la coopération avec Future TV autour de l’émission Code 24 que nous avions solennisée, alors que j’étais dans le même temps invitée par l’ambassade de France dans le cadre des Rencontres de la Résidence des Pins.
Le partenariat entre RFI et Radio Liban a-t-il atteint les objectifs qui avaient été fixés?
D’abord, c’est un partenariat qui dure depuis 1993: sa longévité illustre l’attachement réciproque que nos médias y accordent. Il permet aux auditeurs libanais d’avoir accès sur la bande FM à de nombreux programmes de RFI, tant des bulletins d’information que des magazines culturels ou de société. En l’absence de mesures d’audience, nous ne savons pas chiffrer les auditeurs qui nous écoutent. Mais à en croire les nombreux appels qui arrivent au standard en provenance du Liban, mais aussi les bons résultats sur le numérique, RFI est une source d’information appréciée ici. Notre accord prévoit aussi une assistance de France Médias Monde s’agissant de l’entretien des équipements de Radio Liban, et notamment de ses émetteurs à travers le pays. Nous travaillons étroitement actuellement, en lien avec les services de l’ambassade de France et les services du ministère libanais de l’Information, à améliorer cette action, notamment s’agissant des sites de diffusion qui se trouvent dans des zones difficiles d’accès. Nous sommes pleinement mobilisés.
France 24 a conclu des accords avec des chaînes de télévision libanaises des secteurs public et privé. Quelle est votre évaluation?
Les accords que nous avons signés depuis ma nomination et que j’évoquais un peu plus tôt, à savoir la reprise des programmes de France 24 en arabe sur Télé Liban, et la réalisation du magazine Code 24 sur Future TV en français, sont de formidables projets qui s’inscrivent dans le temps et qui profitent à tous. Nous sommes d’ailleurs ouverts à des partenariats avec d’autres télévisions libanaises. Ils nous permettent de toucher plus largement le public libanais, et ils offrent aux médias libanais concernés d’avoir accès à une offre de programmes étendue en enrichissant leurs grilles. Il en va d’ailleurs de même pour la radio: nous visons à développer nos partenariats et la diffusion de nos chaînes au Liban, dans le cadre règlementaire du pays.
Monte Carlo Doualiya émet au Liban sur la bande FM. Etes-vous satisfaite de sa part d’audience parmi les radios internationales arabophones?
Effectivement, Monte Carlo Doualiya est diffusée en FM au Liban, à travers notre partenariat avec Pax FM. Le public plébiscite la crédibilité et la qualité des programmes de notre radio arabophone: ce sont les sondages qui le disent. Et les mesures d’audience confirment cet attachement des auditeurs: MCD est la radio internationale la plus écoutée dans le pays, loin devant ses principales concurrentes internationales arabophones. Elle connaît aussi un grand succès avec son site et son application, sur lesquelles elle a encore enregistré l’an dernier une croissance de 27% de son trafic en provenance du Liban.
FMM est aussi présent au Liban dans le domaine de la formation, à travers son Académie. Comment se passe cette collaboration?
C’est vrai, nous sommes très présents au Liban avec l’Académie France Médias Monde, dans tous nos domaines de compétences qui couvrent la télévision, la radio et le numérique, dans nos trois langues de diffusion, le français, l’arabe et l’anglais. Outre notre accord pluriannuel avec la Faculté des médias de l’université du Balamand, qui donne régulièrement l’occasion à nos collaborateurs de venir partager leurs savoir-faire, et même à des étudiants de venir par la suite en stage chez nous à Paris, nous avons donné l’an dernier plusieurs sessions de formation à l’Agence nationale d’information (ANI). La formation professionnelle est une forme de coopération, qui passe par un échange culturel et professionnel, en laquelle je crois beaucoup. En plus de la représentation éditoriale de nos médias à Beyrouth, à travers nos six correspondants, soit notre plus importante implantation mondiale, cette présence permet aux liens qui nous unissent de ne jamais se distendre.
En chiffres
100 millions
RFI, France 24 et MCD touchent près de 100 millions d’auditeurs et téléspectateurs chaque semaine dans le monde.
50 millions
C’est le nombre d’abonnés des trois médias sur Facebook et Twitter.
1ère
Monte Carlo Doualiya est la première radio internationale au Liban.
680 000
C’est le nombre de Libanais arabophones qui suivent chaque semaine France 24 et MCD.
Joëlle Seif