Magazine Le Mensuel

Nº 3078 du vendredi 2 juin 2017

Santé

Troubles mnésiques. Lutter contre l’oubli

Vous est-il déjà arrivé d’oublier vos clés? De perdre votre téléphone? De manquer un rendez-vous? Soyez rassurés: les troubles mnésiques concernent tout le monde.

À partir de l’âge de 20 ans, la vitesse de capacité mentale baisse, notamment en raison du stress, comme le précise le Dr Fadi Abou Mrad, neurologue. Pour comprendre le phénomène des troubles de la mémoire, il faut rappeler les quatre étapes du processus de mémorisation :

● L’apprentissage, qui consiste en l’analyse d’une «information» sensorielle.
● La mémoire immédiate ou le maintien d’une trace sensorielle au niveau cérébral.
● Le stockage mnésique se fait dans le lobe temporal. Il s’agit d’un processus associatif permettant de consolider l’information dans le temps et d’éviter sa perte.
● Le rappel mnésique a lieu dans le lobe frontal et est relatif aux souvenirs.
Couvrant à la fois les troubles de l’acquisition d’un souvenir (encodage), les troubles du maintien du souvenir (stockage) et les troubles de réutilisation de l’information stockée (récupération), les troubles mnésiques sont très fréquents dans la population générale. A quoi sont-ils dus? Les causes sont multiples. La mémoire peut, en effet, être affectée par le manque de sommeil, un trouble psychologique transitoire comme le stress ou la dépression, un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral, une maladie neurologique (tumeur au niveau du cerveau, anomalie des vaisseaux sanguins, etc.), une prise de certains médicaments ou de toxiques (somnifères, intoxication alcoolique chronique, etc.), une carence nutritionnelle (surtout une carence en vitamine B1).

Symptômes et traitements
Il existe plusieurs types de troubles mnésiques. Seuls une consultation médicale et un bilan neuropsychologique permettent d’en déterminer les causes et les symptômes pour procurer au patient un traitement adéquat. Toutefois, la prise en charge est généralement pluridisciplinaire. Il faut d’abord commencer par distinguer l’amnésie antérograde de l’amnésie rétrograde. La première touche la mémoire immédiate. L’individu éprouve alors des difficultés à enregistrer des souvenirs récents, mais se remémore parfaitement de ceux de son enfance. En revanche, une personne atteinte d’amnésie rétrograde est incapable de se souvenir des faits survenus avant l’apparition des troubles mnésiques. Ce type de «dysfonctionnement de la mémoire» concerne donc les souvenirs anciens. Malheureusement, il n’existe pas de médicaments ou de traitements pharmacologiques contribuant à une «guérison» totale. Une fois le bilan paramédical établi, il est possible de déterminer le type d’atteinte de la mémoire ainsi que les problèmes qui lui sont associés. La prise en charge repose alors sur la «rééducation». Il s’agira là de d’abord renforcer la mémoire déficitaire en la faisant travailler sur des exercices spécifiques. Le patient devra ensuite «apprendre» à développer sa capacité de compréhension et d’organisation des informations et à hiérarchiser ses dernières. Dans un troisième temps, place à l’assimilation des automatismes. Cette étape concerne ceux qui sont atteints de déficits mnésiques sévères. Ces derniers devront être «initiés» aux gestes de la vie quotidienne, sans avoir recours à la conscience. Ajoutons à cela les aide-mémoires, comme les alarmes, les agendas, les indications, etc. qui contribuent fortement à l’amélioration de la performance mnésique.

Natasha Metni

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