La présidente de la Fondation Liban Cinéma (FLC) soutient la création d’un fonds destiné à financer le cinéma libanais qui se trouve confronté à de nombreux challenges. Rencontre.
Quels sont les défis majeurs que doit relever le cinéma libanais aujourd’hui?
Le grand défi, c’est d’abord de trouver un large public au Liban avant d’être distribué dans le monde arabe et à l’international. Si le cinéma libanais arrive à se faire une place dans les grands festivals, ses entrées en salles localement restent parfois timides car elles sont tributaires du bouche-à-oreille et d’une promotion bien ciblée. En général, le public libanais se déplace plus facilement pour voir des «blockbusters» américains ou des films libanais commerciaux que pour des films d’auteurs. La Fondation Liban Cinéma accompagne la création nationale pour qu’elle atteigne un niveau de qualité artistique qui lui permette de se faire aimer de son public et de s’exporter. A commencer par l’écriture de scénario, maillon encore faible et pourtant essentiel de la chaîne de production.
Le cinéma libanais peut-il être rentable?
Le cinéma est un art mais aussi une industrie, disait André Malraux. Pour être rentable, il faut sécuriser les investissements dans la production audiovisuelle, en appliquant des mécanismes de garantie tels que ceux proposés par la circulaire 331 de la Banque du Liban pour soutenir les start-up technologiques. Il faut offrir aux sociétés de production des incitations fiscales et surtout laisser la créativité s’exprimer en abolissant la censure préventive. Le défi est aussi de trouver un sujet universel qui puisse plaire au plus grand nombre et produire un film au budget raisonnable. Il faut aussi penser à la coproduction, c’est-à-dire produire avec d’autres pays et, de ce fait, laisser l’opportunité au film de trouver d’autres publics et d’autres marchés. Le Liban devrait d’ailleurs multiplier ses accords de coproduction et la FLC s’y attelle…
Idéalement, le cinéma libanais aurait besoin d’un fonds libanais pour soutenir toute la création et les talents émergents. Ce projet est en marche. Mais c’est un travail de longue haleine, une procédure longue au regard de la frilosité des investisseurs et des mécanismes de garantie réduits qui s’offrent sur la place. Notre ambition est la mise en place d’un fonds de co-investissements qui financera un portefeuille de films pour mitiger les risques et assurera un réseau de distribution et une promotion minimale des œuvres.
Quel avenir pour l’industrie selon vous?
L’industrie du cinéma au Liban va de mieux en mieux avec aujourd’hui plus de 38 films produits entre 2016 et 2017 alors qu’on ne dépassait pas 11 films en 2010. Après trois films sélectionnés dans 3 sections différentes du Festival de Cannes 2016, l’édition 2017 a rendu hommage au père du cinéma libanais, Georges Nasser, avec son film Ila Ayn, revenu sur la Croisette 60 ans plus tard.
Soraya Hamdan