Forte de l’aventure du Potager bio lancé en 2010 et de l’ouverture de trois boutiques franchisées de La Vie Claire depuis 2015, Zeina Khoury Daoud a réussi son pari, celui d’introduire la culture bio et les produits organiques auprès du consommateur libanais.
C’est après des études en Sociologie de l’entreprise à l’Université Saint-Joseph que Zeina Khoury Daoud décide de se lancer dans le secteur agroalimentaire. En 1996, elle fonde avec sa sœur une société et crée une bouteille en forme de carafe pour vendre l’huile d’olive produite par le pressoir de son père au Liban nord. «A cette production, sont venus s’ajouter des produits de la mouné tels que le thym, le kechek, l’eau de rose, l’eau de fleurs ainsi qu’une variété de tisanes comme la camomille, l’anis, le thé vert. Ces références sont d’ailleurs disponibles dans tous les supermarchés sous le label Le Potager» confie Zeina Daoud.
C’est en 2010, après avoir consommé un melon au goût d’eau de javel que Zeina Daoud décide de produire ses propres légumes. «Je voulais cultiver des légumes bio pour ma famille. Cela venait d’une conviction profonde. En outre, le service de distribution était déjà en place». Elle lance alors un système de «panier» livré à domicile, une idée importée de France. «Une fois par semaine, nous livrons une caisse de légumes saisonniers». L’idée fait son chemin et plaît beaucoup à la clientèle qui lui réclame alors d’introduire d’autres produits biologiques. «C’est ainsi que j’ai décidé d’ouvrir une boutique spécialisée dans la vente de produits bio comme les pâtes, la farine, le blé, les jus de fruits, les vins, les produits ménagers et autres…». Zeina Khoury Daoud obtient la franchise La Vie Claire et ouvre ses premiers points de vente en juin 2015. «Nous avons déjà trois boutiques à Achrafié, Hazmié et Zalka, une quatrième va bientôt voir le jour».
Estampillés bio
Zeina Daoud perçoit un intérêt croissant de la part du grand public, plus sensibilisé aux produits biologiques, en particulier les jeunes mamans. Certaine de la qualité de ses produits agricoles, elle explique que ses légumes sont cultivés à Ammiq, dans la Békaa ouest, dans un terrain inexploité depuis plus de 25 ans et sont arrosés avec une eau de source. Elle vend sa propre production dans les boutiques, ainsi que ceux certifiés bio par La Vie Claire. «Pour porter le label bio, les conditions posées par La Vie Claire sont très strictes. Nous avons reçu leur autorisation pour vendre également nos propres produits ainsi que quelques produits locaux bio comme les œufs, la viande, le poulet». Pour être estampillés bio, les animaux d’élevage ne doivent recevoir ni antibiotiques ni vitamines et leur alimentation est strictement contrôlée.
Qui dit bio, dit souvent des prix plus onéreux que la moyenne. Zeina Daoud reconnaît effectivement que les produits coûtent 30 % plus cher que le conventionnel. «Les frais de douane et les taxes sur les produits importés La Vie Claire sont très élevés. Même en France, le prix des produits bio est plus cher».
Pour autant, l’élément prix du bio ne devrait pas décourager les gens. «Il est clair que c’est plus cher, mais finalement, c’est bien notre santé et celle de nos enfants que l’on préserve. Le bio est sans produits chimiques, sans pesticides ni insecticides. C’est important d’adopter ces aliments, surtout ceux que l’on consomme régulièrement». Elle met aussi en garde contre le sel et le sucre raffinés qui peuvent être particulièrement nocifs s’ils ne sont pas bios. «Les pâtes, les légumes, tout genre de produits qui entrent dans notre alimentation quotidienne se doivent d’être bio».
Depuis l’ouverture de La Vie Claire, Zeina Daoud ne cesse de voir sa clientèle croître. Elle a enregistré une augmentation de 35 à 40 %. «Je reçois continuellement de nouveaux clients». Leur profil? «Pas nécessairement des gens aisés, surtout des personnes conscientes de l’importance d’une alimentation saine, ou ayant des allergies, des intolérances au gluten ou au lactose. Quand on mange sain, on se sent mieux et on remarque la différence».
Elle a des idées plein la tête comme l’exportation du Potager bio à l’étranger. Elle lance d’ailleurs un cri du cœur aux agriculteurs libanais, les appelant à s’abstenir d’utiliser des pesticides, si toxiques pour la santé. «Ce n’est pas difficile, tout le monde peut cultiver bio». Zeina Daoud souligne que les produits biologiques permettent de retrouver le véritable goût de l’aliment. «Leur aspect n’est parfois pas très esthétique, mais ils ont le goût et l’odeur de la nature».
Joëlle Seif