La troupe de Zoukak revient du 16 au 18 décembre avec The Jokers. Sans doute l’œuvre la plus audacieuse donnée par la troupe depuis ses débuts, où il est question du genre et de la nature androgyne…
Depuis dix ans, la troupe se renouvelle, renforce son programme, glane des prix prestigieux et s’impose comme une association incontournable dans le paysage artistique du pays. Née en 2008, Zoukak a voulu exploiter les planches pour insuffler du divertissement, mais aussi de l’espoir, de l’intérêt et certainement un changement de perspective. Une ambition gigantesque à la mesure des besoins du pays. Une exigence qui s’est fait sentir notamment après la guerre de 2006, du déplacement des populations et de l’urgence de sortir du discours politique dominant. Penser à une nouvelle approche théâtrale, concevoir un abord plus inclusif aux femmes violentées, aux enfants atteints de handicap, aux prisonniers, redonner la parole aux marginalisés, créer un espace de dialogue… Pour Zoukak, le théâtre ne se cantonne pas aux représentations, mais offre à des individus différents et divers, qui ne sont plus uniquement spectateurs, une occasion de création collective, de participation effective et de collaboration intense. En un mot, promouvoir le théâtre comme instrument de développement personnel, social et culturel.
Projets ambitieux
Très connectée à la réalité et à la conjoncture environnante, Zoukak remet en question les statu quo et aborde des thématiques taboues dans le but de toujours aller plus loin. Des ateliers de formation, des sessions pédagogiques et thérapeutiques, des pièces de théâtre, des productions artistiques, des projets de recherche… C’est toute une armada culturelle qui offre aux nouvelles générations une alternative pour s’exprimer, loin des considérations politiques et des enjeux économiques ou claniques. En essaimant sa philosophie à travers 70 villes libanaises et étrangères, en allouant des résidences d’artistes, en proposant du mentorat, des interventions psychosociales, ce projet ambitieux tente de rejoindre toute la société civile et notamment, les plus défavorisés. S’appuyant sur de nouvelles méthodes d’approches, sur des thèmes porteurs et novateurs (tels le genre dans la sexualité, la violence vis-à-vis de l’enfance, la mort et l’immortalité..), Zoukak offre une expérience théâtrale unique.
Pour accueillir la quinzaine de performances prévue, en collaboration avec plusieurs artistes, dont certains à l’international, un studio multifonctionnel situé à la Quarantaine, offre des plateaux de répétition, de représentations, de réunions, une caféteria, bref un espace convivial qui exposera aussi les publications de pièces de théâtre et d’essais de Zoukak, élargissant ses activités à l’impression. Un vrai projet citoyen installé au cœur de la Cité. Le 14 décembre Zoukak ouvrira ses coulisses au public, à partir de 20 heures, au Art Lounge où la compagnie s’installe désormais, pour discuter, boire et danser.
Gisèle Kayata-Eid