Magazine Le Mensuel

Nº 3091 du vendredi 6 juillet 2018

general Santé

Autobronzants, solarium…Hâler la peau sans danger?

Hiver comme été, la peau hâlée devient un must. Aussi artificiel que cela puisse paraître, hommes et femmes emploient tous les moyens pour obtenir un corps bronzé. Focus sur les moyens d’obtenir ce hâle et les risques éventuels.

Les autobronzants? Une supercherie dans leur appellation d’abord, selon le Pr Roland Tomb, dermatologue, qui souligne qu’ils ne font, en aucun cas, bronzer. Tout au plus, ces crèmes ou sprays procurent un hâle temporaire, similaire à celui obtenu à la suite de l’exposition au soleil. Il ne s’agit cependant, en aucun cas, de «bronzage». Les autobronzants contiennent une molécule spécifique: la dihydroxyacétone (DHA), qui provoque une réaction chimique au niveau de la peau. Les kératinocytes (des cellules constituant 90 % de la couche superficielle de la peau) vont alors se colorer et créer ce que l’on appelle la mélanoïdine (un pigment brun présent à la surface de la peau (à ne pas confondre avec la mélanine).
Attention au bronzage. Le bronzage, tel que l’explique le Pr Tomb, est une réaction de la peau aux rayonnements ultraviolets – UV (principalement les UV-B*, mais aussi les UV-A*). Un mécanisme de défense de la peau contre les dégâts occasionnés par le rayonnement solaire. Que se passe-t-il exactement? Chez toute personne exposée longuement au soleil, nous assistons à une activation de la synthèse de la mélanine sur l’épiderme. Cette région (la plus superficielle de la peau) va s’épaissir et changer de couleur (à la suite de la production importante de mélanine) pour se protéger contre l’excès de rayons solaires. Il est mauvais de prolonger ce mécanisme de défense et donc la séance de bronzage, parce qu’il arrive un moment où l’ADN de la peau ne peut plus se «réparer» comme il se doit. Avec de multiples problèmes à la clé:
● Les problèmes immédiats, comme les brûlures.
● Les problèmes à long terme, comme le vieillissement prématuré de la peau ou les cancers de la peau.
Les résultats d’une exposition au soleil diffèrent selon les phototypes (clairs ou foncés). Les premiers brûlent toujours mais ne bronzent jamais, alors que les deuxièmes bronzent toujours mais ne brûlent jamais. La population libanaise est, dans sa grande majorité, située entre les deux. Elle est à la fois capable de brûler au soleil et de bronzer. Il est donc impératif de veiller à s’exposer  de façon très progressive aux rayons solaires et d’appliquer des écrans filtrant aussi bien les UV-B que les UV-A.

Bronzage temporaire
L’autobronzant permet uniquement d’obtenir un hâle coloré, comme un fond de teint permanent. Il ne disparaîtra dès la première douche mais quelques jours suffisent pour que la peau reprenne sa couleur initiale. «Aux utilisateurs, méfiez-vous. Dans beaucoup de cas, le résultat est une couleur rouge-orangée, qui ne donne aucun effet naturel. Suivez-bien les instructions et répartissez de façon homogène et uniforme (avec une couche très mince) votre autobronzant, pour éviter les mauvaises surprises», conseille le Pr Tomb. User et abuser de crèmes autobronzantes est-il néfaste pour la santé  Jusqu’à nouvel ordre, ce n’est pas le cas, puisque la molécule qu’ils contiennent n’est pas absorbée par la peau. Une coloration accrue des comédons (points noirs) peut parfois être observée, mais nous ne connaissons toutefois pas pour autant les inconvénients à long terme. «Le risque le plus pervers de l’autobronzant, c’est de croire que l’on a bronzé, que l’on est protégé contre les rayons solaires. Détrompez-vous, parce qu’à la première exposition au soleil, vous allez brûler. L’autobronzant n’a aucun effet protecteur vis-à-vis des radiations ultraviolettes comme celui assuré par la mélanine», prévient le Pr Tomb.

Prudence au solarium
Le solarium constitue une source artificielle de rayons ultraviolets (UV-B, dans un spectre large ou étroit, ou UV-A), dépendamment des spécifications de chaque machine. Ces dernières provoquent, comme le soleil, une réaction de bronzage. A la différence que les rayons solaires naturels dégagent le spectre de lumière dans sa totalité (UV-A, les UV-B et la lumière visible). Dans les cabines de bronzage, le spectre est beaucoup plus sélectif et moins large, provoquant les mêmes effets secondaires provoqués par les rayons solaires naturels. Notons que dans le cas du solarium, le bronzage s’effectue en un laps de temps très court pour une dose de coloration équivalente à celle d’une journée à la plage. Avec des risques identiques de brûlures, de vieillissement prématuré de la peau, de molécules d’ADN endommagées et de dégâts cutanés.
* Les UV-B sont des rayons qui ne pénètrent pas au-delà des couches superficielles de la peau. Ils sont relativement absorbés par la couche cornée de l’épiderme (la mélanine). Ils sont responsables du bronzage et des brûlures à retardement.
* Les UV-A peuvent pénétrer dans les couches profondes de la peau. Ils sont responsables de l’effet de bronzage immédiat. Ils favorisent le vieillissement de la peau et l’apparition de rides, en perturbant l’équilibre de synthèse de protéines (dégradation du collagène et destruction de l’élastine).

VRAI
L’autobronzant provoque-t-il une irritation de la peau ? Comme tous les produits qu’on applique sur la peau, l’autobronzant peut être irritant. Dans ce cas-là, il faut tout de suite arrêter son utilisation.
 

FAUX
Une femme enceinte ne peut pas utiliser d’autobronzant. Pour les femmes enceintes, aucun problème ne se pose. Mieux vaut rester prudent, les effets à long terme n’étant pas encore connus.

Natasha Metni Torbey

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