On le sait désormais, les écrans et leur fameuse lumière bleue, ne sont pas des plus inoffensifs. Nous y sommes exposés à chaque seconde, jour et nuit. Ils peuvent causer des problèmes neurologiques et ophtalmologiques.
Constituant une partie de la lumière visible, la lumière bleue, émise naturellement par le soleil, l’est aussi par certaines sources artificielles, comme l’explique le Dr Naji Waked, ophtalmologue. LED (diodes électroluminescentes), écrans d’ordinateurs, téléviseurs et Smartphones, tablettes, autant de supports qui transmettent la lumière bleue directement à nos yeux. «Les LED, aujourd’hui très à la mode, émettent des pics de lumière à haute énergie visible. Autrement dit de la lumière bleue qui peut favoriser des maladies oculaires comme la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) et la cataracte. La lumière bleue est surtout dangereuse chez l’enfant dont le cristallin clair n’a pas les moyens de bloquer leur passage vers la rétine», souligne le Dr Waked. Quels sont les mécanismes qui, sous l’action de la lumière bleue, transforment des cellules indispensables à la vue en cellules tueuses? «La lumière bleue est responsable de dommages photochimiques. Les lésions touchent la rétine externe (photorécepteurs et cellules de l’épithélium pigmentaire) et apparaissent de façon retardée. Ces lésions peuvent ne pas être visibles lors de l’examen ophtalmoscopique. Deux types de lésions photochimiques ont été décrits: celles résultant d’interaction avec les pigments visuels touchent les photorécepteurs et celles liées à l’interaction avec la lipofuscine affectent les cellules de l’épithélium pigmentaire. Ces interactions induisent la production de radicaux libres cytotoxiques à forte dose. Les pigments photoréactifs (lipofuscine) dans l’épithélium s’accumulent avec l’âge, augmentant le risque de stress oxydatif», explique l’opthalmologue. La mort cellulaire a des conséquences fonctionnelles d’autant plus marquées qu’elle touche la région maculaire (vision centrale).
Du point de vue de la recherche, on ne sait pas encore avec certitude si les lésions cumulées résultant de stress oxydant à faibles doses pourraient, à long terme, favoriser un vieillissement prématuré de la rétine ainsi qu’une dégénérescence maculaire. Cependant et selon une étude récente publiée dans la revue Nature, la lumière bleue accélérerait la DMLA et favoriserait la cécité. Une réaction chimique produite au sein de la rétine serait en cause. Les cellules des photorécepteurs de la rétine, nécessaires à une bonne vision, fonctionnent grâce à une molécule baptisée rétinal. Or, cette molécule devient toxique quand elle est exposée à la lumière bleue, et provoque la mort des photorécepteurs.
QUELLE PREVENTION?
Fatigue, troubles de la concentration, sècheresse oculaire, éblouissement, maux de têtes et migraines, vision floue… La liste des effets de l’exposition aux écrans est longue. À long terme, des réactions plus sévères peuvent apparaître comme des troubles du sommeil, une irritabilité ou des troubles de l’humeur. «Pour éviter de tels symptômes, il faut réduire le temps d’exposition aux écrans, surtout le soir, et l’arrêter une heure et demie au moins avant de dormir. Un filtre bloquant la lumière bleue est maintenant disponible dans certains verres correcteurs des lunettes», assure le Dr Waked.
Cependant, la lumière bleue peut présenter quelques bénéfices. «Une exposition légère à la lumière bleue est essentielle pour une bonne santé. Les recherches ont montré qu’elle stimule l’alerte, aide la mémoire et les fonctions cognitives, et sont positives pour le moral.
De même, l’exposition à la lumière bleue durant le jour est importante dans la régulation du cycle nycthéméral (alternance d’un jour et d’une nuit correspondant à un cycle biologique de 24 heures), alors qu’un excès de lumière bleue tard la nuit, peut altérer ce cycle et provoquer insomnie et fatigue», indique l’ophtalmologue.
Lumière LED
quel effet sur la vision?
Les LED blanches sont de plus en plus puissantes. Pour produire de la lumière blanche, le procédé le plus répandu couple une LED bleue à un phosphore jaune. Ces nouvelles sources lumineuses telles que les LED, l’éclairage au xénon, les ampoules à basse consommation et l’éclairage émanant des écrans sont conçues pour améliorer et faciliter notre vie. Or, elles diffusent une trop grande quantité de lumière bleue par rapport aux ampoules traditionnelles. Nous sommes exposés à nettement plus de lumière bleue qu’auparavant.
Natasha Metni Torbey