Comme toute activité commerciale, les centres de soutien scolaire et les leçons particulières misent sur le rapport offre-demande. Des prix inégalement fixés, une existence illégale et souvent non-justifiée… que disent les experts du Centre de recherche et de développement pédagogiques (CRDP) au Liban?
«L’enseignement se fait et ne devrait se faire qu’à l’école», martèle Hala Fayyad, Conseillère linguistique et ancienne chef du département de français au CRDP. «Les devoirs à faire à la maison viennent consolider l’apprentissage acquis à l’école et ne doivent en aucun cas le remplacer», continue-t-elle. Ces devoirs relèvent, en effet, des obligations et de la responsabilité de l’élève qui n’est pas supposées être transférées ou confiées à des professeurs ou à des centres d’éducation. Et pourtant, le phénomène actuel est tout autre. Les centres de soutien scolaire pullulent dans les villes comme dans les villages libanais et les leçons particulières deviennent le gagne-pain quotidien des professeurs qui souffrent de leur situation économique médiocre.
«Comme tout au Liban, certains centres détiennent une licence, d’autres sont complètement illégaux», affirme Mme Fayyad. Un faible pourcentage de centres a véritablement pour objectif de soutenir et d’aider l’élève. En général, il s’agit d’un motif purement commercial, les élèves se transforment en de simples clients, et les gérants de centre se font la concurrence en offrant plus de facilités, en affichant des prix compétitifs, etc. Alors que le tarif fixé par certains varie autour de 100 000 L.L. par mois, pour 20 heures de travail (l’heure étant comptabilisée à 5 000 L.L.) d’autres peuvent facilement atteindre les 500$ à 1 000$, dépendamment du nombre d’heures, des enseignants, du niveau d’éducation assuré, etc.
Deux catégories
Il existe, au Liban, deux catégories de centres: ceux qui offrent des services de renforcement pour les matières disciplinaires (français, maths, physique, …) et ceux qui s’occupent de l’accomplissement des devoirs quotidiens. Ces derniers se développent surtout dans les régions défavorisées où le niveau d’éducation des parents n’est pas très élevé. D’autres formules de remise à niveau s’offrent aussi aux élèves :
● Les cours particuliers à domicile. Les prix oscillent entre 35$ et 60$ l’heure, pour les matières littéraires et entre 70$ et 100$ l’heure, pour les matières scientifiques. Ils diffèrent aussi selon le statut de l’enseignant, ses années d’expérience, son engagement dans un comité éducatif, selon les classes et les cycles d’étude, etc.
● Les cours en ligne. Il faut compter entre 30$ à 40$ l’abonnement. S’y ajoutent les éventuels services annexes qui sont souvent payants.
● Les cours par correspondance. Prévoir, pour ce genre de service au moins 200$.
● L’accompagnement scolaire. Lui, est généralement gratuit et se fait au sein de l’établissement scolaire.
Souvent, d’autres dépenses complémentaires sont à prévoir. Il s’agit:
● des frais de transport (autocar ou autre) qui peuvent atteindre 70 000 L.L. selon les distances à effectuer.
● des tests de positionnement (dans le cas d’abonnement dans des centres éducatifs). Une somme de 25 000 L.L. est à prévoir.
● des manuels supplémentaires «recommandés». Un budget allant de 30 000 à 50 000 L.L. en moyenne, est à calculer.
«Même si ces services jouent parfois un rôle minime positif, il n’en demeure pas moins qu’ils nuisent fortement à la réputation des systèmes éducatifs ou dispositifs scolaires du pays», conclut Mme Fayyad.
Natasha Metni Torbey