La cherté de la vie. Un sujet qui est au centre de tous les débats ces dernières années. Or, aujourd’hui, ce qui vient prendre le dessus, c’est la cherté de la mort. Tout comme la mort fait partie du cycle de la vie, l’argent commence à en faire de plus en plus partie aussi. Pour s’éteindre dignement, il faut payer. Quel déroulement pour le processus d’enterrement?
Chez les chrétiens
A la mort de tout individu de religion chrétienne, ses parents sont amenés à contacter soit l’église, soit les pompes funèbres, qui, à leur tour, avertiront les autorités religieuses. Si la personne est décédée à domicile, la dépouille est transportée à l’hôpital pour qu’elle y soit conservée à basse température. Généralement, l’enterrement se déroule le lendemain ou le surlendemain du décès, le temps que les parents ou proches de la famille présents à l’étranger rentrent de voyage. Entretemps, les pompes funèbres se chargent de préparer les documents administratifs (coût entre 100 et 200$):
● Certificat de décès: délivré par l’hôpital ou par le médecin appelé à domicile.
● Déclaration et acte de décès: délivré par le moukhtar du lieu de décès.
Une fois les papiers en règle, une autorisation de sortir la dépouille de l’hôpital est délivrée à la famille. Ce qui leur accorde le droit de transporter le défunt à l’église pour y célébrer une messe et procéder à la mise en tombeau. «Pour l’église et les prêtres, nous sommes toujours en langage de donation. Il ne s’agit pas d’articles à vendre. Ce que la famille du défunt donne au(x) prêtre(s) constitue une intention de messe. La donation peut varier entre 50 et 200$. Elle peut certainement être plus ou moins élevée selon les moyens de chaque famille», explique un prêtre interrogé. Quant à la location du salon de l’église, il faut compter entre 200 et 250$ la journée (de 11h00 à 18h00 ou 19h00). Lorsque l’église est très modeste, le tarif baisse (à peu près 100$), contrairement à celui d’une cathédrale (pouvant s’élever jusqu’à 700$). Pour ce qui est du service (les serveurs qui se chargeront d’offrir le café ou autre), il faut compter entre 50 et 100$ par serveur pour une journée. Parmi les autres frais à mentionner, on trouve aussi:
● La décoration florale, dont le prix peut varier entre 250$, pour des ornements ordinaires, et 1 500$ pour les plus recherchés.
● La commande des repas: sandwiches et deux repas par jour. Le budget qui doit y être consacré (dépendamment du traiteur, de la qualité et de la variété) varie entre 500 et 5 000$.
● Le faire-part et les nécrologies dans les journaux: la somme commence à partir de 300$ et augmente selon le nombre de jours de publications et de lignes.
● Le cercueil dont le prix varie, selon la qualité du bois, entre 500 et 5 000$.
Lorsque la famille du défunt ne bénéficie pas d’une concession à elle, l’église peut leur proposer de leur en offrir gratuitement. Dans le cas contraire, la famille (si ses moyens le lui permettent) opte pour l’achat d’une parcelle de terrain, dont le coût du mètre carré s’élève à 15 000$ à Beyrouth. Dans les villages, le mètre carré revient moins cher, selon les régions. Il faudra compter aussi les frais de construction du cimetière.
Dans certains villages chrétiens, une liste de donation (Qaïma) est ouverte après chaque décès. Les habitants y déposent, s’ils le souhaitent, des sommes allant de 15 000 livres à 300 000 livres, selon le lien de parenté ou autres entre le donateur et le défunt ou sa famille. Les sommes recueillies par cette liste suffisent, généralement, à financer la plupart des étapes de l’enterrement. Elles sont remises à la famille du disparu. Cette initiative de solidarité a été prise car la mort surprend souvent des familles qui n’ont pas les moyens de payer les frais de l’enterrement et qui s’endettent pour cela.
Chez les musulmans
Les procédures administratives étant les mêmes que pour les chrétiens, l’on ne peut que s’étonner de la différence de coût entre les deux religions. A la mort du défunt, une «toilette rituelle» est exigée pour la purification du corps. La dépouille est, ensuite, enveloppée dans un linceul blanc et transportée à l’un des cimetières qui lui est réservé. Généralement, chaque famille a sa propre tombe. La toilette rituelle et l’ouverture de la tombe coûtent 1 000 $. A noter qu’il faut attendre environ deux ans entre l’inhumation précédente et celle actuelle, pour que le corps inhumé auparavant ait eu le temps de se décomposer. Les restes sont alors écartés, le «nouveau» corps y est déposé, une pierre tombale le surmontant, avant que la famille du défunt ne la recouvre de terre. Pas de frais exigés dans cette situation. Cependant, lorsque la famille ne possède pas de concession, elle doit s’en approprier une. L’achat de la concession coûte alors entre 3 000 et 4 000$.
L’incinération
Dans la religion chrétienne, une nouvelle modalité prend aujourd’hui de plus en plus d’ampleur. Il s’agit de l’incinération que l’église ne prêche pas, mais ne condamne pas. Une volonté délibérée de l’individu doit être exprimée par écrit, chez un notaire, avant sa mort. Le corps est envoyé à l’Hôpital de l’Université américaine (AUH) pour y être incinéré. Une messe est ensuite célébrée en son intention. Les cendres sont déposées dans un vase qui, lui, sera placé dans le caveau familial.
Natasha Metni Torbey