Organisé par Beirut DC, le festival les Journées Cinématographiques de Beyrouth célèbre cette année sa 10e édition. Du 26 mars au 7 avril, projections et ateliers de travail, cinéphiles et professionnels du métier, à Beyrouth, le cinéma est en fête, et l’industrie toujours en construction.
Cette année, Ayyam Beirut al-Cinema’iya célèbre sa 10ème édition et les 20 ans de l’association Beirut DC. Un double événement qui se fête en grande pompe, mais vu «que nos moyens sont limités, nous avons décidé d’organiser plusieurs événements sur toute l’année», explique Zeina Sfeir, directrice artistique.
Il y aura donc Ayyam Beirut al-Cinema’iya du 29 mars au 6 avril, avec le soutien d’Afac, le Fonds arabe pour les arts et la culture, suivi par un partenariat avec l’association Metropolis dans le cadre des Ecrans du Réel au cours duquel Beirut DC aura une carte blanche pour proposer quelques films arabes. Un événement environnemental est également prévu en été, un autre LGBT et un festival de cinéma africain.
Plus restreinte cette année, la programmation d’Ayyam Beirut se déclinera sous le thème Cinéma et diversité, avec la projection au total de 20 films, au cinéma Metropolis, venant de tous les pays arabes: Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, «mais aussi de nouveaux pays actifs sur la carte cinématographique», comme la Lybie ou le Soudan, et bien sûr une grande participation libanaise, essentiellement en films documentaires. «Il y a beaucoup de premiers films dans la programmation», expliquent à la fois Zeina Sfeir et Jessica Khoury, directeur général, qui relèvent essentiellement «le nouveau souffle dans le cinéma arabe qui est en train d’aller très loin, de se distinguer dans les grands festivals internationaux, et qui reflètent à la fois nos sociétés et une certaine identité, tout en étant intéressant au niveau artistique et par ses modèles de production».
Relevons cette année l’introduction d’une nouvelle section dédiée aux vidéos clips, à l’initiative de Stephano Mendelek, programmateur. «Dans la scène indépendante, cette pratique est en train d’évoluer pour devenir une forme artistique en soi. Ces artistes indépendants, même s’ils ont leur audience, n’arrivent toutefois pas à concurrencer les grands artistes arabes populaires établis. Nous avons donc voulu explorer ce nouveau médium, le mettre en valeur, le célébrer, et par là explorer les frontières classiques du cinéma».
Parmi les points forts du festival: dans le cadre de sa section «Le regard sur le monde arabe», avec un focus sur Gaza; une soirée hommage à Jocelyne Saab, au cours de laquelle seront évoqués son parcours et sa démarche cinématographique à travers des témoignages; le lancement du coffret DVD de la filmographie de Ghassan Salhab. Pour sa 10ème édition, autre grande nouveauté, le Festival va s’étendre sur le territoire.
Des projections sont prévues dans les régions, dans les universités, et même dans les prisons. «Comme les gens ne viennent pas pour différentes raisons, on essaie d’aller vers eux, explique Jessica Khoury, et de ne pas garder ce festival confiné à Beyrouth. D’autant plus que ce genre de films a du mal à sortir en salle, alors qu’ils sont porteurs de messages profonds».
Un buzz autour du cinéma. Au-delà des cinéphiles, Ayyam Beirut al-Cinema’iya s’adresse également aux professionnels du métier à travers Beirut Cinema Platform qui a été lancée en 2015. Co-organisée, depuis sa 2e édition, par Beirut DC et Fondation Liban Cinéma, cette plateforme de co-production permettra, cette année, à 18 projets de longs-métrages de fiction ou de documentaire en compétition et 4 hors compétition, de venir à Beyrouth pendant trois jours pour rencontrer des collaborateurs potentiels. Un 2ème projet sera lancé cette année, explique Jad Abi Khalil, directeur du BCP: Good Pitch bel arabi. «L’idée de ce format, lancé par l’organisation Doc Society, est de trouver des partenaires potentiels aux documentaires, ou à ces projets de films, qui sont de la société civile. Au niveau du financement, il s’agit de trouver des fonds de soutien en dehors des systèmes classiques de production. Quant à la distribution, il s’agit de la diversifier, d’aller au-delà des sorties en salle et des tournées dans les festivals: on a toujours besoin de relier le film à la société civile dans le sens large du terme, de partir dans les zones éloignées en dehors des grandes villes. C’est le producteur d’impact (impact producer) qui va se charger de cette tâche». Un atelier de travail sera donc organisé à Beyrouth dans l’intention de former des producteurs d’impact. BCP et Good Pitch, en soutien avec la fondation Ford, le British Council et Doha Film Institute, se tiendront à l’hôtel Le Bristol, «un lieu relié à l’image et à l’histoire de Beyrouth».
Parallèlement, l’association Metropolis organise la 2ème édition du Beirut Locarno Industry Academy International, un atelier pour la distribution, et la Fondation Liban Cinéma organise également trois événements cinématographiques. «L’idée est que toutes ces associations avaient envie d’avoir un événement majeur pour le cinéma au Liban, explique Jad Abi Khalil, nous avons donc associé nos efforts pour le faire en mars», parallèlement à Ayyam Beirut al-Cinema’iya.
Nayla Rached