L’équipe de Magazine Le Mensuel a accueilli les étudiants de l’ESCP Europe et leurs professeurs, venus à Beyrouth pour un voyage d’études sur les industries culturelles et créatives. L’occasion d’échanges pertinents.
C’est avec enthousiasme et une grande curiosité que 26 étudiants de l’ESCP Europe se sont rendus au Liban début mars, pour un voyage d’études portant sur les industries culturelles créatives. L’occasion pour eux de rencontrer pendant une semaine des professionnels des médias, de la communication, des industries culturelles et créatives.
Le groupe Magazine les a accueillis à cette occasion dans la salle de conférence prêtée gracieusement par l’hôtel Sofitel Le Gabriel afin de présenter l’histoire de ses publications et d’évoquer les nombreux défis qui frappent le monde des médias en général, et de la presse écrite en particulier ces dernières années. Les étudiants étaient accompagnés de deux de leurs enseignants, Ghislain Deslandes, le directeur du mastère, et Jocelyn Maixent, professeur agrégé. Après une présentation en images du groupe depuis sa création, avec les explications
de Rania Chiniara, responsable de la Communication du groupe Magazine, le Président-directeur général Charles Abou Adal et le rédacteur en chef de Magazine Le Mensuel, Paul Khalifeh, se sont prêtés au jeu des questions-réponses.
Aux interrogations des étudiants portant sur l’indépendance de la presse et la censure éventuelle, Charles Abou Adal, qui dirige le groupe Magazine depuis 1978, a souligné que les publications n’ont aucun tabou concernant les sujets à traiter, qu’ils soient de nature politique ou sociétale. D’autant que le groupe est toujours demeuré indépendant de tout parti politique, mais aussi sur les plans financier et moral, contrairement à d’autres acteurs libanais du marché. Le Pdg a par ailleurs rappelé que par le passé, à la fin des années 70, la revue Ousbou el-Arabi, diffusée dans les pays arabes, faisait l’objet d’une «censure a posteriori», tout comme Mar’a, une adaptation arabophone de la revue Marie-Claire «qui a dû être arrêtée en 2002, à cause d’une censure extrêmement forte dans les pays du Golfe».
Le thème de la transition numérique a aussi été beaucoup évoqué par les étudiants, dont la plupart seront appelé à faire carrière dans le domaine des médias, après la fin de leur Mastère. «Nous essayons de nous adapter dans un marché extrêmement difficile», a indiqué Charles Abou Adal, pointant les difficultés que traverse le secteur de la presse en général, avec la chute des revenus publicitaires. «La presse est passée de 15% de l’ensemble du marché publicitaire à 3% en l’espace de quelques années. La crise est extrêmement forte. Il faut être réaliste», a-t-il affirmé.
Paul Khalifeh a rebondi sur ces propos, estimant qu’il n’était pas question «d’abandonner le papier, tout en étant conscient qu’il doit y avoir un support digital, qui constitue un chantier difficile pour une périodicité mensuelle».
Autre sujet abordé, celui de la francophonie. Charles Abou Adal a souligné que «l’usage du français offre la possibilité de mener plus d’enquêtes dans tous les domaines, du fait du nombre inférieur de lecteurs francophones par rapport à la presse arabophone». Paul Khalifeh a de son côté estimé que l’on assiste à une mutation de la francophonie au Liban, désormais portée par la diaspora libanaise installée notamment en Afrique de l’ouest.
Jenny Saleh