Matelec est l’une des rares industries libanaises à s’être taillée une place de choix dans un marché international ultra concurrentiel. Son CEO, Sami Soughayar nous explique la stratégie de développement du groupe.
Matelec a vu le jour en 1974. Quelles ont été les grandes étapes de votre développement?
Nous avons commencé avec une licence d’Alsthom France pour la fabrication de transformateurs de distribution destinés à satisfaire uniquement le marché local avec 1 200 m2 d’ateliers installés à Amchit et 35 employés. Nous avons démarré la production de cellules moyenne tension, de kiosques préfabriqués et tableaux basse tension en 1980, puis, en 1987, créé une division spécialisée dans les projets d’ensemble concernant les postes haute tension. Entre 1992 et 2006, nous avons pu implanter des usines de production en Jordanie, en Egypte, en France, en Arabie saoudite et en Algérie. Puis en 2007, nous avons inauguré notre première centrale de génération d’énergie au Sénégal. Aujourd’hui, Matelec rassemble quelque 1 500 personnes implantées industriellement dans 6 pays et opérant dans 36 pays. Au Liban, 600 personnes travaillent dans nos ateliers de 50 000 m2. Nous avons beaucoup investi dans les ressources humaines et étendu notre activité dans les tableaux industriels moyenne tension et de contrôle commande, les transformateurs de puissance jusqu’à 125 MVA, des projets d’infrastructure «clé en main», comme les sous-stations électriques jusqu’à 400 kV et les centrales électriques pour la production d’énergie que nous réalisons essentiellement en Afrique et au Moyen-Orient.
En quoi consiste votre stratégie d’expansion sur le continent africain, vous qui êtes déjà bien implantés au Sénégal?
Nous profitons de notre faculté d’adaptation en tant que Libanais pour nous intégrer dans différents environnements pour bien servir nos clients et participer au développement industriel des pays émergents. Ainsi, nous avons tissé des relations de confiance comme au Sénégal où nous procédons à la construction de notre troisième centrale électrique, celle de Malicounda. Nous sommes fiers de représenter plus de 55% du parc de production de ce pays et d’avoir participé à assurer la fourniture de l’électricité 24h/24. Plusieurs pays africains sont sous-électrifiés: notre panoplie de produits de qualité, nos capacités d’ingénierie ainsi que la possibilité de nous mobiliser rapidement et d’exécuter les projets à temps, nous donnent un avantage majeur. Nous ciblons les marchés qui sont plus sensibles à la qualité des produits et à l’exécution correcte des projets que ceux qui ne sont sensibles qu’aux prix.
En 2017, 40% de votre chiffre d’affaires a été généré au Liban, contre 10% les autres années. Comment expliquez-vous ce décalage? Souhaitez-vous investir plus sur le territoire national?
Bien sûr, nous souhaitons accroître notre activité sur le marché local en participant plus activement au développement du secteur électrique et, en particulier, dans les projets d’infrastructures des centrales électriques que nous réalisons avec succès depuis plus de 15 ans en Afrique avec la participation de la Banque mondiale et de l’IFC. Notre politique est d’investir davantage dans les ressources humaines pour accroître nos compétences et notre savoir-faire. C’est notre principal atout.
Quels sont les atouts et les freins à votre développement au Liban, en tant qu’industriel?
Nous subissons, comme tous les acteurs de l’économie libanaise, le problème des très hauts taux d’intérêts par rapport à ceux de nos concurrents internationaux, ce qui nous défavorise considérablement, tout comme les entraves administratives et le manque d’encouragement effectif de la part des autorités libanaises à l’industrie et aux compétences nationales.
Jenny Saleh