Magazine Le Mensuel

Nº 3083 du vendredi 3 novembre 2017

Les Confidences

Confidences sécurité

Talal Hamiyé et Fouad Chokor
Le fichier libanais chez le FBI

Une source proche du Hezbollah est persuadée que les photos des deux responsables militaires du parti, Talal Hamiyé et Fouad Chokor, dont les têtes ont été mises à prix par les autorités américaines, proviennent du fichier remis par le ministère de l'Intérieur libanais au Tribunal spécial pour le Liban (TSL). La source précise que les photos publiées par le FBI sont les mêmes que celles qui avaient été présentées par les deux intéressés pour obtenir des papiers d'identité libanais, il y a plus de 20 ans. «Il n'existe aucune photo en circulation de ces deux commandants à part celles qui ont été publiées par les Américains. Talal Hamiyé et Fouad Chokor sont aujourd'hui cinquantenaires et personne ne sait à quoi ils ressemblent». Les Etats-Unis offrent respectivement 7 millions et 5 millions de dollars pour des informations sur Hamiyé et Chokor.

Thamer al-Sabhane ne décolère pas
Les virulents tweets du ministre saoudien des Affaires du Golfe, Thamer al-Sabhane, contre le Hezbollah, ne surprennent plus personne. Le dernier commentaire, daté du 25 octobre, affirme qu'«il faut œuvrer à le (Hezbollah) réduire sur les plans intérieur et extérieur, et l'affronter avec force». «Pour endiguer le parti de la milice terroriste, il faut sanctionner ceux qui coopèrent avec lui sur les plans politique, économique et médiatique», a encore dit le ministre. Plus étonnants sont les propos attribués par des milieux de l'opposition syrienne à M. al-Sabhane lors d'une tournée dans la ville de Raqqa, à la mi-octobre, en compagnie du représentant des Etats-Unis auprès de la coalition internationale, le général Brett MacGurk. Le ministre saoudien aurait qualifié de «lâches» les alliés du royaume au Liban, car ils ont peur d'affronter le Hezbollah.

«Abou Hassan est le plus fiable»
Un responsable libanais de la sécurité a délivré, lors d'un entretien à Magazine, un «certificat» de bonne conduite au général palestinien Mounir Maqdah, homme fort du camp d'Aïn el-Héloué, à l'est de Saïda. «Abou Hassan est le plus fiable», a déclaré la source, affirmant que son jugement découle d'un expérience de plusieurs années de contacts et de coordination avec des responsables palestiniens au Liban.   

Exfiltration
Chadi Mawlaoui, l'un des plus dangereux terroristes islamistes recherchés par la justice, a quitté Aïn el-Héloué, le 25 octobre, le plus normalement du monde. Selon des sources informées, il a passé le barrage de l'armée à l'entrée principale du camp muni de faux papiers, après s'être laissé pousser la moustache. Il se trouve dans la province syrienne d'Idleb, en grande partie contrôlée par l'ex-Front al-Nosra. Les documents falsifiés lui ont été fournis par le groupe Al-Chabab al-Muslim, qui souhaite désamorcer la situation dans le camp palestinien.

Coopération
Les entretiens du directeur de la Sûreté générale (SG), Abbas Ibrahim, à Washington, fin septembre, ont porté sur le renforcement de la coopération dans la lutte contre «le terrorisme takfiriste», précise une source de sécurité à Beyrouth. Le général Ibrahim a rencontré aux Etats-Unis des responsables de la CIA, du FBI, du Département d'Etat et du Département de la Justice. La question des sanctions contre le Hezbollah n'a pas été abordée car elle relève du Trésor américain, précise cette source. Abbas Ibrahim se rend une nouvelle fois aux Etats-Unis dans six mois pour faire le point sur la lutte anti-terroriste, dans laquelle le Liban – et plus particulièrement  la SG – joue un rôle central.

 

 

 

Raqqa
Où sont les jihadistes libanais?

Les services de sécurité tentent de déterminer le sort d'une quarantaine de Libanais qui avaient rejoint, à Raqqa, les rangs de l'Etat islamique ces trois dernières années. Ce travail est indispensable pour mettre à jour le fichier des personnes suspectées de liens avec des organisations terroristes. La collecte d'informations se fait à travers un partage et un recoupement de données avec des agences de renseignements d'autres pays, les informateurs infiltrés dans les rangs des groupes extrémistes, mais aussi grâce à la surveillance des sites et des comptes proches des jihadistes sur les réseaux sociaux. Le plus connu de ces jihadistes libanais est l'ancien soldat Abdel Rahman Diab, qui avait fait dissidence et prêté allégeance à Daech, après son enlèvement avec une trentaine de ses camarades à Ersal, en août 2014. La moitié de ces jihadistes libanais sont donnés pour morts et une partie auraient réussi à rejoindre Deir Ezzor. Aucun Libanais ne figure parmi les combattants capturés à Raqqa.

Les records du Liban
Le nombre de réfugiés et d'informateurs

Un diplomate européen en poste à Beyrouth s'est félicité, avec un brin d'ironie, du fait que le Liban accumule les records mondiaux. Depuis quelques années, il détient le record du pays ayant la plus forte densité de réfugiés par habitant. Il semble qu'il soit appelé à conserver ce titre pendant un bon bout de temps, a regretté le diplomate européen. L'autre record porte sur le nombre «d'informateurs des services de sécurité au mètre carré et par nombre d'habitants». Selon lui, le succès de la lutte préventive contre les groupes terroristes réside dans le fait que «derrière chaque réfugié se cache un mouchard qui le surveille en permanence et rapporte ses moindres faits et gestes aux forces de l'ordre», dit-il.

Des Libanais arrêtés aux émirats
Une douzaine de Libanais de confession chiite auraient été arrêtés dans la semaine du 16 octobre, aux Emirats arabes unis (EAU), croit-on savoir de source sûre. Les forces de l'ordre émiraties leur reprochent des faits liés à des trafics illicites, notamment dans le domaine du diamant. Mais la source souligne que ces arrestations coïncident avec le durcissement des sanctions et l'intensification des pressions américaines et saoudiennes contre le Hezbollah partout dans le monde. Certains de ces Libanais ont été libérés après interrogatoire avant d'être de nouveau convoqués «pour de plus amples investigations», précise la source.  

Guerre d'usure psychologique
Le Hezbollah et Israël se livrent une guerre psychologique dont une partie des épisodes restent mal connus du grand public. Ainsi la riposte israélienne n'a pas tardé à l'appel du secrétaire général du parti, sayyed Hassan Nasrallah, au départ des «Israéliens non sionistes» pour ne pas faire les frais des «aventures de (Benyamin) Netanyahu». Dans un geste inhabituel, le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a publié le 23 octobre sur sa page Facebook l'image d'un homme cinquantenaire en treillis militaire, présenté comme le responsable du Hezbollah dans le sud de la Syrie et dans le Golan. Adraee précise que ce commandant «s'appelle Mounir Ali Naïm Chéaïto, a comme surnom Hajj Hachem, est marié à Hanaa, et a quatre enfants». Un message clair que l'armée israélienne est capable de collecter des informations même sur les  cadres les moins médiatisés et les mieux protégés du Hezbollah.

Une filiale de Langley à Beyrouth
Le complexe que les Etats-Unis sont en train de construire à Aoukar (12 km au nord de Beyrouth), pour un montant supérieur à 1 milliard $, aura des fonctions dépassant le cadre diplomatique. Une source libanaise affirme que la CIA et les autres agences de renseignement US, dont la NSA et le FBI, ont décidé de transférer leurs antennes principales d'Irak au Liban. Sur le plan de la sécurité, de la liberté de mouvement et des conditions de travail, Beyrouth est désormais jugée plus sûre que Bagdad, où l'influence iranienne est très présente. «L'ambassade US au Liban sera plus une excroissance de Langley que du Département d'Etat», plaisante la source. Le travail de tri, de sélection, de hiérarchisation et d'analyse des informations récoltées par les agents sur différents terrains du Moyen-Orient sera désormais fait au Liban.   

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