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Nº 3018 du vendredi 11 septembre 2015

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Exposition

Rodin au Musée des beaux-arts de Montréal. Un artiste génial et avant-gardiste

100000 visiteurs en moins de trois mois. Trois cents œuvres dont 171 sculptures, des croquis, des aquarelles, ainsi qu’une sélection de 70 clichés, un site mobile qui permet de consulter toutes les explications sur son téléphone intelligent… L’exposition Métamorphoses. Dans le secret de l’atelier de Rodin, organisée par le MBAM (Musée des beaux-arts de Montréal), nous emmène dans le monde fabuleux d’Auguste Rodin.

 

Déployée sur douze salles, en collaboration avec le musée Rodin à Paris, la prestigieuse exposition dévoile, pour la première fois en Amérique du Nord, les techniques de travail du célèbre sculpteur ornemaniste (1840-1917) issu d’un milieu modeste parisien. Reconnu pour des chefs-d’œuvre monumentaux, tels que Le Penseur ou encore L’homme qui marche, l’œuvre de sa vie est sans conteste La porte de l’enfer, sculptée pour un projet dantesque destiné à un musée des arts décoratifs à Paris en 1880. Les personnages qui composent cette œuvre absolument phénoménale sont devenus une sorte de lexique de formes que le sculpteur recycle, transforme et métamorphose sans fin et qui lui confèrent ce talent précurseur.
Et c’est ce génie, reconnu à l’international en 1900 à l’occasion de l’Exposition universelle à Paris, que nous découvrons à Montréal à travers trois thèmes:

1- La  main de Dieu. C’est par ce thème fascinant de la main évocatrice que s’ouvre l’exposition. On y trouve toute la puissance de créer, de caresser, ou même de détruire les modèles que l’artiste fait naître et à qui il donne force et vie.

2- Le thème du plâtre nous mène de plain-pied dans le monde rodinien qui  moule ce matériau noble, le répète, le fragmente, l’assemble, l’agrandit à l’infini. Rodin, grâce à un processus de création tout à fait révolutionnaire, fait du plâtre la colonne vertébrale de ses œuvres. Il n’hésite pas à les déconstruire pour les remodeler, les transformer, jusqu’à leur conférer cette force d’expression étonnante, puissante qui le caractérise.

3- Marbres et praticiens. A travers le troisième thème, on apprend que Rodin veillait au grain à la transposition de ses sculptures (en plâtre) dans la pierre, et que ce travail était effectué par ses praticiens, amis et élèves. Il s’inspirait de modèles vivants qu’il croquait au crayon, en se concentrant sur une pose ou un détail. Dans la salle des bronzes, où trois œuvres immenses du groupe des Bourgeois de Calais et le célèbre L’âge d’airain y sont magnifiquement exposés, on découvre combien Rodin a aussi travaillé le bronze.

 

 

 

L’exposition qui comporte des photos, des extraits de films (montrant l’artiste à l’œuvre) réserve aussi une partie aux non-voyants qui peuvent toucher les œuvres à défaut de les admirer. Une exposition époustouflante qui met en lumière tout le talent de ce travailleur infatigable devenu le père de la sculpture qui, par exemple, besognait tous les membres du corps (qu’il appelait ses abattis) qu’il modelait en terre, moulait en plâtre avant de les utiliser pour créer ses figures.

Un génie avant-gardiste qu’on peut découvrir jusqu’au 18 octobre 2015 au Musée des beaux-arts de Montréal où sont donc rassemblées 94 œuvres en plâtre, 60 en bronze, 14 en marbre, 4 en grès, 3 en terre, 1 en porcelaine… Mais rien que deux œuvres de sa talentueuse compagne Camille Claudel, elle aussi sculptrice et au parcours très controversé.

Gisèle Kayata Eid, Montréal

 

 

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