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Nº 3020 du vendredi 25 septembre 2015

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ECONOMIE

Pétrole. Le Liban n’a pas bénéficié de la baisse des prix

La tendance baissière du cours de l’or noir se poursuit depuis juin 2014, enregistrant ainsi la période la plus durable de recul continu des prix. Depuis cette date et jusqu’à présent, le cours du pétrole a chuté d’un peu plus de 50% sans que l’économie du Liban n’en bénéficie pleinement, sachant qu’une telle baisse devait encourager la consommation et améliorer la croissance économique.
A priori, la facture pétrolière aurait dû chuter de 50%, alors qu’elle a accusé un recul de 20% cette année. La raison serait liée aux accords conclus au préalable entre l’EDL (Electricité du Liban) et ses fournisseurs en dérivés pétroliers, telles les compagnies koweïtienne et algérienne. Par transitivité, les firmes industrielles n’ont pas bénéficié d’une manière significative de la régression du prix du pétrole, les coûts de l’énergie du secteur représentant 5,7% du prix de vente des produits de 4 000 usines et, pour certaines industries, ces coûts peuvent atteindre 30% (industries à consommation intensive d’énergie), selon les données de l’Unido, l’Association des industriels et le ministère de l’Industrie. 75% des sociétés libanaises considèrent que la composante de l’énergie est un obstacle principal à l’amélioration de leur compétitivité sur les marchés extérieurs.

 

Croissance presque nulle
Sur le plan de la croissance économique, l’incidence de la baisse du prix du pétrole est nulle, puisque le gouverneur de la Banque centrale a crevé l’abcès en évoquant une croissance proche de zéro. Cette fois-ci, il a joué la transparence à outrance et a dit tout haut ce que les agents et les composantes de la société savaient déjà, mais continuaient à espérer un déblocage miraculeux au dernier trimestre de l’année. Néanmoins, les risques pouvant découler d’une telle situation demeurent mitigés en présence de coussins financiers importants, représentés par des ressources officielles substantielles et un système bancaire solide. Sachant que la progression des dépôts bancaires des non-résidants s’est élevée à 10,7% sur un an à fin juin 2015, alors que la confiance dans la livre libanaise est demeurée intacte.
Sur un plan microéconomique, l’attention des Libanais se tourne vers le prix de l’essence à la pompe. Depuis la première semaine de juillet 2015, les prix du bidon d’essence 95 et 98 octanes n’ont fait que baisser tout comme ceux du mazout. La grande question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir si le gouvernement maintiendrait sa décision no 109/2006 portant sur le gel du prix du bidon d’essence à 22 800 livres, afin de lui permettre de préserver sa part de taxe d’accise prélevée sur le prix de chaque bidon d’essence vendu. Toutefois, le gouvernement aurait une alternative à cette décision. Elle consisterait à permettre une baisse accrue des prix de l’essence à la pompe (inférieurs à la barre de 22800 livres) proportionnellement au recul des prix internationaux à condition de recalculer la proportion de la taxe en fonction des nouveaux prix. Le gouvernement ne peut que maintenir la taxe d’accise de peur de perdre une partie substantielle des revenus du Trésor. Sachant que la moyenne de consommation locale d’essence  serait d’environ un 1,5 million de tonnes par an, ou l’équivalent de 2,8 milliards de litres, soit 140 millions de bidons d’essence d’une valeur de près de 2,146 milliards de dollars.

 

Liliane Mokbel

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