L’innovation, la créativité et le changement… Ce sont trois concepts qui sous-tendent la stratégie d’excellence que l’ESA Business School met en œuvre.
A l’écoute des attentes des seniors et juniors dans le monde des affaires, de la finance et de la recherche, ainsi que des besoins des entreprises, l’ESA a introduit en 2010 des réformes majeures à ses cursus académiques, décrochant une accréditation internationale pour le diplôme EMBA (Executive Master of Business Administration) qu’elle délivre.
Elle est la seule université au Moyen-Orient à avoir obtenu une accréditation auprès de l’AMBA (Association des MBA’s). Un galon qui lui vaut une reconnaissance internationale de son diplôme et l’impose en tant qu’une école de management leader et pilote dans la région. Par conséquent, elle est qualifiée de hub d’échanges privilégiés entre la France et le Liban et entre l’Europe et le Proche-Orient.
L’exercice auquel avait été soumise l’ESA pour se placer aux standards internationaux a nécessité des groupes de réflexion (focus groups) homogènes regroupant tantôt des professeurs, tantôt des patrons de firmes et, tantôt, des administratifs pour répondre à un Self Assessment Report (SAR) de cent questions, qui lui a permis de s’auto-évaluer et de se situer sur une grille. Un SAR qui a été une base fondamentale pavant la voie à une approche totalement différente des contenus et de l’orientation des cours, du processus d’enseignement et d’internationalisation des échanges pédagogiques et expérimentaux.
Le directeur de l’ESA Business School, Stéphane Attali, explique que la restructuration a été menée sur plusieurs fronts. L’ESA est désormais sur un parcours pédagogique totalement différent de celui du passé tant au niveau du fond que de la forme. A priori, une adaptation s’est faite au niveau de l’apprentissage. Le schéma d’apprentissage d’un professeur qui donne son cours magistral devant un auditoire d’étudiants passif a été supprimé. A présent, les participants aux cursus de l’Emba se voient remettre, avant la date du début d’un cours en marketing ou autres, un module en ligne connu à l’international sous le nom de «Cross Knowledge» qui leur permet d’apprendre toutes les notions de base dudit cours. A la date prévue, le module est administré pendant deux heures par l’enseignant dans un format classique pour s’assurer que tous les participants ont un même niveau de connaissance. Après quoi, le reste du module est donné sous forme de travail d’équipe dans une salle de 100 m2, dont les murs sont tapis de tableaux sur lesquels se font les présentations. A ce niveau, il s’agit d’une adaptation spatiale. Il n’en demeure pas moins que les programmes du MBA et d’EMBA restent dans le cadre du management général, mais ponctués de nombreux cours de «soft skills». Des thèmes comme la négociation et l’organisation comportementale seront récurrents pendant le cursus, puisqu’au sein de chaque entreprise, il y a l’élément humain qui reste un enjeu principal pour son bon fonctionnement.
Elargissement de l’offre
L’objectif ultime est de permettre au cadre responsable de détenir les outils adéquats de pilotage qui l’habiliteraient à contrôler les résultats, à coordonner entre les différents départements de l’entreprise et, au bout du compte, à pouvoir déléguer. Quant au corps professoral, il y compte aujourd’hui des enseignants non seulement franco-français, mais anglais, allemands, italiens et espagnols. C’est un corps professoral cosmopolite de haut niveau à même d’établir une liaison entre les théories et le monde réel des affaires. L’innovation en termes d’internationalisation du cursus de l’ESA a porté sur l’accessibilité des étudiants de l’ESA Business School de Beyrouth aux séminaires organisés par l’ESCP Europe aux Etats-Unis, en Inde, en Chine, à Bruxelles et au Brésil. Par réciprocité, les étudiants de l’ESCP Europe ont accès aux séminaires qu’organise l’ESA en Turquie. Les points forts de tels séminaires sont l’apprentissage de visu des problématiques d’ordre économique des pays hôtes, le partage et l’échange des expériences d’étudiants venus de pays et de domaines de travail très variés et de nouveaux animateurs et modérateurs.
La phase de maturation de l’ESA a conduit à l’élargissement de sa gamme de programmes. Ainsi a été introduit un DBA ou un doctorat qui s’adresse à des personnes qui ont envie d’aller sur la recherche centrée sur une thématique précise et la modélisation d’une expérience. Les études s’étalent sur trois ans. A partir de septembre prochain, un BBA (Bachelor in Business Administration) sera dispensé à l’ESA conjointement avec l’Essec.
Ces nouveaux créneaux s’ajoutent à ceux déjà existants, à savoir outre les diplômes MBA et EMBA, un mastère en marketing et communication, un mastère en finance, un mastère en gestion de l’hôpital et de la santé et un mastère en finance islamique. Ces mastères sont destinés aux personnes qui souhaitent se spécialiser dans des problématiques bien définies. Dans le même temps, des séminaires et des ateliers plus ou moins longs sur certaines thématiques comme celle du «Luxury Management» ont été créés et sont sanctionnés par des certificats. Sans oublier les programmes de formation taillés à la mesure des demandes des entreprises privées qui sont connus sous le nom de «Executive Education». Ceci dit, l’ESA est désormais dotée d’un nouveau auditorium de 400 places situé à la Villa Rose qui portera le nom de Georges Audi, signe de la coopération entre l’ESA et le secteur privé libanais, en l’occurrence dans ce cas, avec la Banque Audi.
Un MBA coûte cher
La presse internationale regorge d’articles et d’analyses qui soulignent la rareté des cas de rentabilité d’un MBA dont les frais d’études sont élevés. Sachant que le retour sur investissement se mesure à partir du montant investi, Stéphane Attali considère qu’entreprendre un MBA à l’ESA est moins coûteux qu’un MBA à l’Insead. Néanmoins, il avoue que les entreprises au Liban n’ont pas les systèmes appropriés pour accompagner l’évolution et la progression de la carrière d’un employé gestionnaire qui décroche un MBA ou un EMBA. Le management des ressources humaines n’est pas encore à un stade de maturité très avancé. La décision de faire un MBA est souvent une décision personnelle et non une décision de l’entreprise. Soulignons que les sociétés libanaises subissent en ce moment les retombées du ralentissement économique qui frappe non seulement le Liban mais l’ensemble de la région. Il est donc nécessaire que les entreprises locales prennent conscience que le seul capital valable au sein de leurs différentes structures est «le capital humain». Ce manque de prise de conscience est à l’origine de l’émigration des jeunes talents, faisant la joie des pays arabes qui profitent des compétences libanaises dans tous les domaines de l’économie productive. «Au Liban, il ne faut pas s’attendre pour l’instant à un gros impact d’un détenteur d’un MBA sur son salaire, et donc sur son positionnement, sauf dans les cas où ce dernier travaille déjà au sein d’une structure internationale ou d’une société de taille suffisamment grande ou qu’il change complètement d’entreprise», fait remarquer le patron de l’ESA qui estime par ailleurs que «ces cas de figure ne sont pas particuliers au pays du Cèdre et se retrouvent même ailleurs dans des pays de l’Ouest».
Liliane Mokbel