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Nº 3013 du vendredi 7 août 2015

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[Copy of] Triage, recyclage, incinération, exportation… Crise des déchets: on tourne en rond

Confronté à un problème environnemental de taille, le Liban est tiraillé entre plusieurs solutions pour se débarrasser de ses déchets. Construire de nouvelles décharges? Recycler les déchets? Les exporter? Au vu des maintes propositions qui s’offrent à nous, quelle est celle qui puisse rendre propre le Liban, tout en constituant une solution à long terme?
 

Selon un physicien libanais du Centre médical de Damour, alléger le dépotoir de Naamé en construisant d’autres décharges n’est pas la bonne solution. En effet, construire une plus grande décharge ne ferait que repousser le problème, cette solution œuvrant à sacrifier de larges pans du territoire libanais, déjà affecté par des plans de développement urbain mal gérés. La technique de mise en décharge reste la moins écologique.
Habitués aux solutions «temporaires», à la mauvaise gestion, au manque de responsabilité, nos politiciens ont souvent tendance à se dérober à leurs responsabilités. D’où la solution de l’exportation des déchets proposée. Ce procédé épargne tout Libanais du devoir d’apprendre à assumer la responsabilité de ses propres déchets. Or, même l’exportation, qui est simple en apparence, ne l’est pas en réalité. Il s’agit d’une décision qui devrait être soumise à des conditions environnementales saines et appropriées. Bien que le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, ait affirmé que «nous avons été informés de l’intérêt sérieux d’experts français sur l’option de l’exportation des déchets libanais», une étape préalable à l’exportation s’impose: celle du tri. Même si le conseil municipal de Beyrouth dispose de certains moyens pour faire le tri, il est nécessaire, d’obtenir le permis, d’effectuer des procédures administratives, d’évaluer la capacité à effectuer ce processus, de connaître les détails de l’offre et d’être en mesure d’en appliquer les conditions, comme l’a assuré Pharaon. Favorable à l’exportation des déchets, le ministre de la Justice, Achraf Rifi, suppose que cette solution «permettrait de protéger l’environnement». Mais tous les déchets ne sont pas susceptibles d’être exportés, selon la convention de Bâle, relative au transport des déchets dangereux. Plus encore, pour être exportées, les ordures se doivent d’être triées et enveloppées, d’où l’urgence d’établir des centres de tri. Le pays importateur devra alors envoyer des experts pour identifier et caractériser les déchets pour procéder à leur incinération. Cette technique permet en effet une certaine valorisation des déchets, mais pose des problèmes comme l’émission de polluants, de particules fines, de gaz à effet de serre, etc. Ce sont surtout le Danemark, la Suisse et la Suède qui ont développé cette technique, incinérant entre 48 et 49% de leurs déchets ménagers. Pourquoi à ce stade envoyer les ordures vers d’autres pays alors que nous pouvons nous-mêmes s’en occuper et même en profiter? D’autre part, la technique du recyclage demeure la meilleure, puisqu’elle permet une bonne valorisation des déchets. Au Liban, seuls 8% des déchets sont recyclés, une proportion extrêmement faible par rapport à l’Union européenne qui affiche 30% de recyclage des déchets municipaux et vise 70% d’ici 2030. Le Liban doit rentrer dans l’ère de la durabilité et apprendre à recycler. 

Natasha Metni   
 

Le projet de Riad el-Assaad
Alors que Beyrouth ne bénéficie toujours pas d’offres, en raison d’une clause du cahier des charges selon laquelle l’entrepreneur se doit de débrouiller le site de décharge, Riad el-Assaad a annoncé qu’il était prêt à se présenter pour Beyrouth, souhaitant ainsi encourager d’autres entrepreneurs à le faire. Proposant d’adopter la technique des CDD (combustibles dérivés des déchets), l’entrepreneur a présenté un dossier au nom de sa compagnie. La technique qu’il avance consiste à traiter tout genre de déchets, les transformant ainsi en combustible pouvant être utilisé dans les cimenteries, pour produire de l’énergie ou pour les exporter, les résidus constituant une part de 10% de déchets inertes, ne nécessitant pas l’ouverture de décharges. Réputé proche du député Walid Joumblatt, avec qui il devait mettre en place un projet de gestion des déchets ménagers à Sibline, qui a été abandonné à la suite des pressions de la rue, Riad el-Assaad affirme être indépendant dans l’éventuelle mise en place de son projet. Toutefois, cette technique proposée par Assaad ne peut être efficace pour tous les types de déchets. Plus encore, les déchets doivent tout d’abord être traités afin d’atteindre la granulométrie exigée par le marché, afin d’extraire les métaux, pour en éliminer les substances nocives, et, finalement, afin de séparer une fraction à haute valeur calorifique (si besoin est). Plus encore, l’entreprise qui sera en mesure d’utiliser ces CDD devra prouver qu’une certaine fraction du combustible n’est pas d’origine fossile.

 

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