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Nº 2941 du vendredi 21 mars 2014

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POLITIQUE

Le 9e anniversaire de la révolution du cèdre. Ferveur malgré les divergences

Les forces du 14 mars ont commémoré le neuvième anniversaire de la révolution du Cèdre avec autant de ferveur, mais sans pouvoir dissimuler, aux yeux de leurs partisans, les divergences de points de vue sur certaines questions. Malgré les déclarations rassurantes, le malaise est palpable, alors que des échéances cruciales pointent à l’horizon, en particulier l’élection présidentielle.

Les efforts déployés, notamment par le secrétaire général du 14 mars, Farès Souhaid, n’ont pas réussi à donner en ce jour solennel l’image d’un 14 mars uni. Les divergences qui se sont manifestées durant ces dernières semaines ont fait en sorte que l’ambiance soit tendue et les absences remarquées. Les pourparlers entre le 8 mars et le 14 mars, qui ont précédé la formation du cabinet Salam, ont troublé les relations entre les composantes de cette coalition. Le rapprochement entre le général Michel Aoun et Saad Hariri − certains ont été surpris d’apprendre par les médias que des contacts ont été établis entre les deux hommes qui ont fini par se rencontrer − a empoisonné les relations entre les alliés. D’autant que certains observateurs et plusieurs sources diplomatiques vont jusqu’à dire qu’une entente au niveau de l’échéance présidentielle a été conclue entre le chef du Courant du futur et le leader du Courant patriotique libre. Tous ces facteurs ont porté les Forces libanaises (FL) à vouloir marquer fortement leur mécontentement lors de cette commémoration: seul Eddy Abillamah, représentant des FL au secrétariat du 14 mars, était présent. Aucun député, ni ancien ministre, ni Sethrida Geagea n’ont fait le déplacement. Autre fait particulièrement étonnant: les partisans des FL ne se sont pas mêlés à la foule au Biel, mais sont demeurés dans un coin scandant à tout bout de champ «Dieu, Liban et Hakim seulement». Apparaissant sur un écran à partir de Maarab, le leader de FL s’est adressé à la base populaire de la révolution du Cèdre. Samir Geagea lui a demandé de soutenir à la tête de l’Etat un président fort issu de ses rangs. «N’acceptez qu’un président de la République fort sorti de vos rangs. Ne faites aucune concession sur ce plan, n’acceptez aucun compromis», assène-t-il avec force. Le chef des FL compte présenter sa candidature à la présidence et ne le cache pas. Il a donc profité de l’occasion pour faire entendre sa voix allant jusqu’à affirmer que c’est là la mission principale qui incombe au 14 mars. «Qui sont donc les candidats du 14 mars? demande-t-il. Tous le sont. Il est normal de donner la préférence au candidat qui a la plus grande représentativité et apte à faire face à la situation qui sévit». Fustigeant le Hezbollah, avec qui il a refusé de former un gouvernement, il a affirmé que les expériences passées et présentes prouvent que ce parti n’a aucune considération à l’égard de l’Etat et n’ambitionne qu’à accaparer ses ressources politiques et militaires.
 

Siniora modéré
Sami Gemayel qui, pour la première fois depuis neuf ans, assiste à cette commémoration, a suscité de l’enthousiasme dans tous les rangs, au premier desquels se trouvaient Joyce Gemayel et les ministres Kataëb. Lui qui s’est toujours démarqué du 14 mars dans ses prises de position, tout en y faisant partie pour des considérations politiques et stratégiques, a affirmé à maintes reprises que le parti est plus que jamais intégré à cette coalition et partage l’ensemble de ses points de vue. Ce changement d’approche est dû au fait que depuis les dernières séances du Tribunal international, un rapprochement entre lui et Saad Hariri a eu lieu et s’est répercuté positivement sur leurs relations. Gemayel a rendu hommage à tous ces jeunes qui ont  affronté l’occupation syrienne et ont pavé la voie à l’intifada, insistant sur le fait qu’il ne faut pas oublier leurs sacrifices consentis. Tirant à boulets rouges sur le Hezbollah, Sami Gemayel axe le principal de son intervention sur ce point et énumère méthodiquement toutes les situations dans lesquelles le parti de Hassan Nasrallah a adopté une logique guerrière et milicienne, faisant fi des institutions et de la notion d’Etat. «Nous ne laisserons jamais tomber, insiste-t-il, la notion d’Etat, seul garant de la pérennité du Liban».
Le discours de Fouad Siniora a été relativement modéré. S’insurgeant contre le fait que la participation du Hezbollah au conflit en Syrie enlise le Liban dans la guerre des autres, l’ancien Premier ministre a énuméré les principes du 14 mars: la coexistence, la démocratie, la modération, le refus des armes illégales, la paix civile… et lancé un appel aux combattants du parti, les appelant à rentrer au Liban aujourd’hui avant demain. «Nous n’avons jamais porté les armes et nous ne les porterons jamais face à nos frères dans la nation… L’extrémisme est notre ennemi et la modération notre choix. Nous sommes attachés aux décisions adoptées autour de la table du dialogue… Revenez parmi vos siens, conclut-il. Nous vous avons toujours tendu la main et nous continuerons à le faire sous l’autorité de l’Etat et des institutions».
Farès Souhaid affirme, de son côté, que le 14 mars sera uni ou ne sera pas. Parlant au nom de ce qu’il appelle le «peuple du 14 mars», le secrétaire général de la coalition a opté pour la franchise. «Il est de mon devoir, dit-il,
d’être franc: les Libanais observent avec inquiétude l’état de notre unité. Certains vont jusqu’à douter de nos capacités à rester fidèles aux sacrifices consentis et au serment pris sur la place de la liberté. Les citoyens se demandent: le 14 mars est-il toujours uni? Cette coalition est-elle toujours rassemblée sur les constantes autour desquelles elle s’est retrouvée?». Il rappelle la liste de tout ce que l’opinion du 14 mars attend des politiciens: s’unir face aux armes illégales, à la discorde, aux échéances constitutionnelles, soutenir les opprimés, les sans-abri… pour conclure: «Le 14 mars est un patrimoine national, ne discutez plus du sexe des anges». Un appel aux accents sincères, reste à voir s’il trouvera écho chez ses alliés. 


Danièle Gergès

 

Le souvenir de Mohammad Chatah
Un documentaire regroupant les témoignages de plusieurs personnalités politiques et médiatiques qui ont connu Mohammad Chatah est diffusé sur les écrans. Un hommage hautement mérité rendu à cet homme qui s’est illustré par sa modération, assassiné en plein Beyrouth par l’explosion à son passage d’une voiture piégée.

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