Magazine Le Mensuel

Nº 2944 du vendredi 11 avril 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Implantation des réfugiés: la bévue de Fletcher
Lorsque l’ambassadeur du Royaume-Uni, Tom Fletcher, a déclaré «ne pas exclure l’implantation des Syriens au Liban si la situation continue à évoluer dans la même direction», les réactions dans les divers milieux politiques n’ont pas tardé à fuser, malgré les éclaircissements fournis par le diplomate dont la réponse à une question qui lui a été posée a été mal comprise et mal traduite, comme il l’a expliqué. L’affaire, après avoir été évoquée à Bkerké et dans les cercles de Baabda, a été prise en charge par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui a convoqué Fletcher pour écouter sa version des faits, avant de le remercier pour avoir mis en garde les Libanais contre la menace que représente l’exode des Syriens en masse vers le Liban. La Ligue maronite a décidé d’agir pour faire face à ce phénomène, craignant que les déplacés ne se transforment en réfugiés permanents, comme ce fut et c’est encore le cas pour les Palestiniens.

 

Cabinet: les accords avant les réunions
Le gouvernement Salam reflète un climat consensuel, en ce sens qu’aucun des deux camps ne peut se targuer d’avoir remporté une victoire ou de contrôler le pouvoir exécutif, selon l’analyse faite par un ministre indépendant. Le débat qui a eu lieu dans le cadre de la séance consacrée aux nominations a bien traduit ce climat. Ce sont les conciliabules qui se déroulent hors de la salle du Conseil des ministres qui assurent cette atmosphère d’entente loin des discussions impulsives et des positions rigides. On sait que les nominations ont été adoptées comme par magie, alors que lors de la séance précédente, rien n’avait tempéré les ardeurs des deux camps en présence sur le même dossier.

 

Camouflet du Conseil d’Etat à Mansour
A la suite d’une plainte du président de l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), Albert Matta, et de son secrétaire général, Atef Eid, le Conseil d’Etat a décidé de suspendre l’application d’une décision prise par l’ex-ministre Adnan Mansour. Celle-ci concerne l’envoi d’un avis aux représentations diplomatiques à l’étranger spécifiant que le comité exécutif élu par le 15e Congrès mondial de l’Union – qui s’est tenu à Beyrouth sous le patronage du ministère – est le représentant légal de l’ULCM. La contestation présentée par le duo Matta-Eid est basée sur le fait que le ministre n’a pas le droit d’exercer une quelconque tutelle sur l’Union ou d’interférer dans ses affaires de façon à favoriser un camp au détriment de l’autre.


Les SR préoccupent Joumblatt
La conversion de la section des Renseignements des FSI en département préoccupe le député Walid Joumblatt. Le chef du Front de la lutte nationale, tout comme le Hezbollah, souhaite que cette démarche soit précédée d’une étude minutieuse de la répartition des prérogatives, sachant que le «département» accaparera certaines prérogatives relevant de la Police judiciaire – dont le nombre d’éléments est inférieur à celui du département des Renseignements – dirigée par un officier druze qui siège au conseil de commandement des Forces de sécurité intérieure (FSI). C’est le général Naji el-Masri qui occupe actuellement ce poste.


Moustaqbal-Hezbollah: volonté d’ouverture
Le Conseil des ministres du mercredi 2 avril a été marqué par une déclaration du ministre de la Justice qui a pris la tournure d’un message adressé au Hezbollah. Le général Achraf Rifi a dit que la tendance dans son camp était à une réouverture des canaux de communication avec le Hezbollah, en précisant que les échanges entre le Moustaqbal et le parti chiite n’avaient jamais été complètement rompus. «Mais, a-t-il poursuivi, il faut les réactiver dans l’intérêt du pays exténué par l’exacerbation des tensions sunnites-chiites». Le ministre Hussein Hajj Hassan l’a rencontré à mi-chemin, en insistant sur la volonté de dialogue du Hezb avec toutes les composantes politiques sur la base de l’accord qui a donné naissance au gouvernement. La réunion du chef de l’unité de liaison et de sécurité du parti chiite, Wafic Safa, avec le ministre Rifi après sa nomination à la Justice, avait été perçue comme un signe positif reflétant la volonté de rencontre des deux partis, sans que cela veuille signifier l’ouverture d’une nouvelle page politique entre eux, une page qui reste tributaire de plusieurs considérations.

Obama-Abdallah: menu non libanais
Malgré le peu d’informations qui ont filtré sur le sommet américano-saoudien qui a eu lieu dans la ferme du roi Abdallah Ben Abdel-Aziz, des sources proches du 14 mars révèlent que le Liban n’était pas à l’ordre du jour de la rencontre entre les deux leaders. Le dossier libanais a été abordé par le seul biais de la crise syrienne et de ses incidences sur le pays à la lumière de l’augmentation du nombre de déplacés syriens qui a atteint un million, l’échéance présidentielle n’étant pas inscrite au menu des pourparlers. Selon un observateur, à moins de deux mois de la date limite de l’élection du nouveau locataire de Baabda, le climat continuera à être brumeux tant que les camps en présence n’auront pas clarifié leurs options.

 

Présidentielle semée d’embûches
Une source proche du président de l’Assemblée, Nabih Berry, indique que «l’échéance présidentielle est tributaire d’une entente américano-iranienne». Si la diplomatie américaine reconnaît l’incapacité des Libanais à s’accorder sur un candidat de consensus, elle est également consciente de la difficulté d’aboutir à un arrangement extérieur. Paris et Riyad émettent des réserves sur toute implication iranienne ou syrienne dans ce dossier, alors que les Iraniens tiennent à y associer les Syriens en insistant pour que le futur élu ne représente pas un défi pour Damas.

Les «decisions-makers» étrangers s’affairent
Un habitué de Bkerké révèle que Paris a voulu récemment communiquer sa position sur le dossier présidentiel au patriarche Béchara Raï, faisant allusion à l’ex-ministre Ziad Baroud, «un homme modéré, indépendant». Washington, pour sa part, n’a pas encore dévoilé ses intentions à travers ses contacts avec les Libanais. L’ambassadeur David Hale avait prévenu le président Nabih Berry qu’il abordera ce sujet après sa visite à Riyad qui aura lieu après celle du président Barack Obama. D’après certaines informations, Washington aurait posé des questions au patriarcat maronite concernant le général Michel Aoun, ce qui laisse préfigurer l’intérêt porté à sa candidature. Les réponses du patriarche n’ont pas été dévoilées.

 

Israël se prépare à la guerre
L’armée israélienne mène de grandes manœuvres, dans la région du Nord, auxquelles participent diverses unités militaires incluant les unités de l’air, révèlent des sources palestiniennes en territoire occupé. Ces manœuvres, disent-elles, s’inscrivent dans le cadre de préparatifs militaires précédant des guerres susceptibles d’éclater à n’importe quel moment avec de multiples scénarios envisagés sur les frontières avec le Liban et la Syrie. Le scénario, qui inquiète le plus les Israéliens, est celui de la confrontation entre les groupes du Hezbollah et Tsahal à l’intérieur de la Galilée, avec la possibilité pour la Résistance de contrôler des îlots d’habitation israéliens dans les zones proches de la frontière avec le Liban. Ces informations ont été véhiculées quelques jours après celles annoncées par des sources israéliennes relatives à l’«entraînement de soldats israéliens à exécuter des opérations de commandos dans des villages du Liban-Sud selon un scénario visant à prendre d’assaut les bases du Hezbollah». Les participants à ces entraînements sont sélectionnés suivant des critères stricts, des tests physiques et un Q/R théorique composé de 70 questions. Douze officiers composant la «génération future du commandement de la guerre contre le Liban» auraient ainsi réussi à être sélectionnés pour participer à cette formation.

La bonne décision de Harb
La réduction du coût des appels téléphoniques, décidée par le ministre Boutros Harb, aura pour effet de consolider les liens sociaux entre Libanais, de l’avis d’un sociologue. A la lumière des statistiques publiées par le Research Center Pew, à la mi-mars, la décision du ministre des Télécommunications boostera l’usage des outils de communication dans la société libanaise. Ce centre d’études américain révèle que 86% des Libanais possèdent un téléphone mobile plaçant notre pays au 10e rang parmi vingt-quatre autres pays couverts par le sondage. 62% des jeunes Libanais de 18 à 29 ans utilisent un smartphone contre 55% de leurs concitoyens de 30 à 49 ans, et 14% des + de 50 ans. Quant aux activités les plus populaires au niveau de la téléphonie mobile, ce sont d’abord l’envoi de textos (89%), suivi par la connexion aux réseaux sociaux (36%), la prise de photos et de vidéos (35%), la réception de news politiques (24%), de news commerciales (16%) ou relatives à la santé (6%) et réception de factures (4%). Des taux qualifiés d’élevés par les experts, comparés à d’autres pays à économie émergente.

Drogue et prostitution chez les réfugiés
Des rapports municipaux révèlent l’existence de dizaines de cas de sida parmi les réfugiés syriens au Nord près de Tripoli, en l’absence de chiffres officiels pour définir l’ampleur du problème. Des travailleurs sociaux internationaux ont, disent-ils, interrogé des responsables municipaux qui ont nié avoir connaissance du développement de la maladie, sans pour autant écarter totalement cette éventualité en exprimant des craintes quant à l’extension d’une mafia de la drogue et de la prostitution syrienne dans les milieux des déplacés ciblant principalement les jeunes filles les plus démunies. Ces activistes parlent de la multiplication du nombre des toxicomanes et de l’accroissement du commerce sexuel dans cet environnement. Avec le début de la quatrième année d’exode des populations de Syrie, on enregistre, d’après les rapports, un recul de la distribution des denrées alimentaires et une sorte de désolidarisation des associations islamiques qui évitent de prendre contact avec les familles déplacées craignant leur colère. Celui qui se rend à Tripoli ne peut que constater la multiplication, dans les quartiers principaux, des marchands ambulants: cireurs de chaussures et mendiants des deux sexes et de tout âge. Selon le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, le gouvernement n’a reçu que 50 millions de dollars en guise d’aide aux réfugiés sur les 500 millions réclamés aux autorités arabes et internationales.

Que se passe-t-il dans les camps?
Les plans sécuritaires exécutés par l’armée et les FSI au Nord et dans la Békaa devraient être complétés par un plan similaire à Hay Tawaré et aux abords de Hay Taamir dans le camp de Aïn el-Heloué à Saïda, d’après des sources politiques. Des rapports diplomatiques, cités par ces sources, soulignent que ces deux quartiers constituent un terrain accueillant pour les groupes takfiristes composés d’éléments de diverses nationalités, dont certains sont recherchés par la justice ou fichés aux Renseignements de l’armée. Les principales forces dans les camps sont politiquement divisées et hésitantes du point de vue sécuritaire, et incapables d’empêcher l’infiltration des combattants qui se sont manifestés lors des violents affrontements à Miyé Miyé proche de Aïn el-Heloué, le 7 avril passé, et se sont soldés par huit morts et dix blessés parmi les adeptes de deux ex-responsables du mouvement Fateh, al-Lino et Jamal Suleiman.

 

 

 

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