Magazine Le Mensuel

Nº 2945 du vendredi 18 avril 2014

general

Belle et Sébastien. La splendeur de la nature

Parmi les films français à l’affiche au Liban ces quelques semaines, figure Belle et Sébastien signé Nicolas Vanier. Une très belle aventure au cœur de la nature, une attachante histoire d’amitié entre un petit garçon et une chienne. La pureté des sentiments.
 

On se souvient peut-être encore de la série animée japonaise qui passait sur nos écrans télévisés durant les années 80; Belle et Sébastien, en version arabe. Une série adaptée elle-même de la série télévisée originale en images réelles portant le même titre; une série culte en France, créée par Cécile Aubry dès 1965. Voici la toute dernière adaptation qui passe ainsi au grand écran grâce à une initiative des productions Gaumont qui ont confié la tâche à Nicolas Vanier. Une tâche qu’il est le mieux placé à relever. Voyageur et explorateur inlassable du Grand Nord depuis des années, depuis son enfance, il a de tout temps transposé cet univers montagnard dans sa filmographie, depuis Au nord de l’hiver en passant par L’enfant des neiges, Le dernier trappeur, inspirés directement de sa propre vie, jusqu’à sa véritable première fiction Loup. Belle et Sébastien, dont il signe également le scénario, n’échappe pas à cette ligne cinématographique.
Pour ne pas gâcher les attentes des spectateurs, voilà ce que laisse deviner le synopsis du film qui tonne comme une invitation au rêve, au voyage… «Ça se passe là-haut, dans les Alpes. Ça se passe là où la neige est immaculée, là où les chamois coursent les marmottes, là où les sommets tutoient les nuages. Ça se passe dans un village paisible jusqu’à l’arrivée des Allemands. C’est la rencontre d’un enfant solitaire et d’un chien sauvage. C’est l’histoire de Sébastien qui apprivoise Belle. C’est l’aventure d’une amitié indéfectible. C’est le récit extraordinaire d’un enfant débrouillard et attendrissant au cœur de la Seconde Guerre mondiale. C’est l’odyssée d’un petit garçon à la recherche de sa mère, d’un vieil homme à la recherche de son passé, d’un résistant à la recherche de l’amour, d’une jeune femme en quête d’aventures, d’un lieutenant allemand à la recherche du pardon. C’est la vie de Belle et Sébastien…».

 

Une ambiance bon enfant
Sébastien, interprété par Félix Bossuet, choisi parmi plus de deux mille candidats, est un petit bout de garçon, au minois adorable, à la mine renfrognée, au regard profond. Il parcourt les montagnes en compagnie de César (Tchéky Karyo), qu’il nomme son grand-père, sans qu’il ne le soit vraiment que par adoption. Ils marchent, les paysages défilent, la caméra s’arrête; une brebis est abattue en pleine tétée. César et Sébastien viennent à la rescousse du petit animal. C’est sur cette scène que s’ouvre le film. Le ton est donné; une ode à la nature et c’est là le point fort du film. Dès les premières minutes, le spectateur est happé par la beauté des paysages qui se déploient à perte de vue, le silence qui résonne par-delà l’image, les relations qui se tissent entre l’homme et les bêtes. La nature donne à voir tous ses merveilleux atours, en été, en automne et en hiver, regorgeant de fleurs ou ployant sous la neige. Nicolas Vanier a d’ailleurs tenu à ce que le tournage se passe en temps réel au long de ces trois saisons. «Un pari coûteux et risqué», reconnaît le réalisateur, selon le site Allociné. Mais un pari relevé haut la main. La critique s’accorde unanimement à louer la splendeur de la nature qu’il est parvenu à rendre à l’écran, renforcée par l’amitié attendrissante qui se noue entre Sébastien et la magnifique chienne Belle.
Certes, le film s’adresse avant tout à un public jeune et à un public familial. Avec son ton bleuet et bon enfant, il n’enchantera peut-être pas le cinéphile, qui risque fort de lever bien haut les sourcils lors des deux ou trois passages chantés par Zaz (qui avait également prêté sa voix à la bande-son de Hugo Cabret), très naïfs sur le bord, même s’ils correspondent à l’esprit de la série originale. Toutefois, Nicolas Vanier prend ses distances par rapport à l’œuvre de Cécile Aubry, puisqu’il place l’intrigue du film en pleine Seconde Guerre mondiale, et non dans les années 60. «C’était un parti pris esthétique, explique-t-il, car je ne voulais pas montrer la montagne telle qu’elle est devenue aujourd’hui… Ce qui m’a permis de renouer avec une dimension essentielle de la série: l’aventure, le voyage et la notion de passage. La guerre et la fuite des Juifs vers la Suisse s’inscrivaient parfaitement dans cette continuité». Pour les familiers de la série originale, ce changement pourrait déplaire. Et la critique d’ailleurs, presque à l’unanimité, semble lui reprocher l’inutilité de cette transposition. Mais pour le spectateur lambda, cela ne fait qu’ajouter un piquant supplémentaire à l’histoire, même si les soldats allemands apparaissent sous leur aspect le plus humain. Le Nouvel Observateur relève de justesse l’essence même du film: «Humanité idéalisée, décors trop pimpants, musique envahissante: les ricaneurs pourront ricaner, Belle et Sébastien n’en demeure pas moins un très joli film pour enfants, plus intéressant à bien des égards que Beethoven et autres inepties canines en circulation».
Pour toutes ces raisons, et surtout pour retrouver la capacité de s’émerveiller, de voyager bien loin, dans le temps et l’espace, Belle et Sébastien sonne comme une escapade nécessaire et revigorante.

Nayla Rached

Circuit Empire – Grand Cinemas – Vox.

En salles aussi
Tokarev
Action de Paco Cabezas.
Lorsque la mafia russe kidnappe sa fille, Paul Maguire, alias Nicolas Cage, criminel rangé, réunit son ancienne équipe et réclame sa propre forme de justice.
Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas.

Transcendence
Science-fiction de Wally Pfister.
Un scientifique moribond télécharge son esprit au cœur d’un ordinateur. Ses pouvoirs sont désormais illimités. Mais comment l’arrêter s’il perd ce qui lui reste d’humanité? Avec Johnny Depp, Kate Mara, 
Morgan Freeman…
Circuit Empire – Grand Cinemas.

Tinker Bell and the Pirate Fairy 3D
Animation de Peggy Holmes.
C’est la catastrophe dans la vallée des fées: la fameuse poussière bleue a été volée par l’une des fées, Zarina, qui a rejoint la bande de pirates qui sillonne les mers 
environnantes. Tinker Bell et ses amies se lancent à sa poursuite, mais leur aventure s’avère d’autant plus difficile que leurs 
pouvoirs ont été chamboulés…
Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas.

The spectacular Now
Comédie romantique de James Ponsoldt.
Sutter est un adolescent brillant, drôle, charmant… et très porté sur la boisson. Son quotidien est chamboulé par sa rencontre avec la timide Aimée, une jeune femme totalement différente de lui. Rien de nouveau dans le genre.
Grand Cinemas.

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