La Turquie hausse le ton
Malgré les efforts déployés par la communauté internationale afin de mettre un terme au conflit qui divise l’île de Chypre, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a porté un coup sérieux aux négociations de paix, en ordonnant à son ministère des Affaires étrangères de ne pas reconnaître l’existence de la République de Chypre. Selon lui, le gouvernement à Nicosie serait dorénavant connu sous le nom de l’administration grecque-chypriote. Fureur des politiciens chypriotes qui exigent que leur gouvernement interdise l’entrée des citoyens turcs dans leur pays, ainsi que le voyage des leurs en Turquie. Cette crise, qui dure depuis quarante ans, ne sera pas résolue de sitôt.
Mohamed Ould Abdel-Aziz a réussi, une fois n’est pas coutume, à travers ses manœuvres habiles, à diviser l’opposition et à renforcer sa position à la tête de l’Etat. En effet, grâce aux promesses faites à ses détracteurs de partager le pouvoir avec eux s’ils prenaient part au dialogue national organisé sous l’égide de son gouvernement, le président mauritanien a reçu la reconnaissance de ses pires ennemis. Mieux encore, ses adversaires politiques, qui avaient pris la décision commune de participer à cette conférence, se sont entredéchirés, alors que les proches du président observaient ces développements avec délectation. Des élections présidentielles devront avoir lieu au mois de juin et leur résultat est connu d’avance, puisque Ould Abdel-Aziz devrait succéder à lui-même.
Abdel-Hakim Belhadj président du Parti al-Watan libyen et ancien directeur du Conseil militaire de Tripoli, est en partie responsable des troubles politiques auxquels est confronté le pays à la suite de la chute de deux Premiers ministres en moins de trois mois. L’ancien membre d’al-Qaïda, qui fut un temps détenu à Guantanamo, continue de jouer un rôle prépondérant, bien que son parti ait subi une déroute électorale lors du dernier scrutin législatif. Entre-temps, il se présente comme l’homme providentiel, promettant de tout remettre en ordre s’il était porté au pouvoir. S’il accède aux plus hautes fonctions de l’Etat, cela constituera une première: un ancien d’al-Qaïda à la tête de l’un des pays renfermant les plus importantes réserves de pétrole.
Ali Ben el-Hussein n’est pas satisfait
Le prince Ali, frère du roi de Jordanie Abdallah Ben el-Hussein, et vice-président du Comité international de football, a été pris d’une grande colère contre cheikh Salman Ben Ibrahim Al Khalifa, président du Comité asiatique de football, qui ne cache plus son désir de prendre sa place. Ainsi, le prince a adressé une lettre ouverte dans laquelle il n’a pas mâché ses mots, qualifiant les efforts déployés par cheikh Salman d’absurdes et de destructifs. Une dispute entre amis qui agace les rois respectifs de Jordanie et du Bahreïn, connus pour entretenir des liens étroits. Rappelons que plusieurs centaines de soldats jordaniens sont actuellement déployés dans le petit royaume du Golfe afin de mater la rébellion chiite.
Rohani tend la main aux sunnites
Depuis son élection, le président iranien réformateur, cheikh Hassan Rohani, ne rate pas une occasion de se rapprocher de la communauté sunnite minoritaire au sein de la République islamique. Il a ainsi effectué plusieurs visites dans la province du Balûchistân, durant lesquelles il s’est directement adressé aux habitants, les rassurant qu’ils n’étaient pas des citoyens de second degré. Rohani a aussi remercié des leaders locaux qui ont, selon lui, contribué à la libération au Pakistan de quatre gardes- frontières iraniens détenus par un mouvement radical sunnite. «A travers l’histoire, les sunnites et les chiites de cette province ont été des frères, et nous ne tolérerons aucune forme de discrimination contre quelconque ethnie», a-t-il dit. Pas sûr que ces propos plaisent aux conservateurs proches du Guide suprême, qui considèrent le Balûchistân comme étant une province rebelle.
En pointillé…
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, semble vouloir s’investir dans le dossier saharien. Voilà pourquoi il a demandé à son envoyé spécial, Christopher Ross, d’effectuer une tournée dans la région, tout en appelant à la tenue de nouveaux pourparlers entre Rabat et le mouvement Polisario. Entre-temps, les diplomates marocains ne cachent plus leur inquiétude face à ce qu’ils considèrent comme un changement de ton de la part de Ban Ki-Moon, qui serait sur le point d’adopter la position sahraouie, allant même jusqu’à menacer publiquement de reconsidérer l’attitude onusienne qui n’a pas changé depuis trente ans. Selon des analystes proches de ce dossier très épineux, Ban aurait donné quelques mois aux deux camps pour se mettre d’accord, sinon il saisira le Conseil de sécurité de cette question qui empoisonne les relations entre l’Algérie et le Maroc.
Mais où est passé Belmokhtar?
Des sources bien informées à Tripoli assurent que le leader jihadiste d’origine algérienne, Mokhtar Belmokhtar, qui avait trouvé refuge dans le Sahara malien, se trouverait actuellement en Libye. L’homme qui est responsable de la prise d’otages ratée d’In Amenas, en janvier 2013, était pourtant présumé mort après l’annonce de l’armée tchadienne à ce sujet, en mars de l’année dernière. Mais aucune preuve n’avait alors été présentée pour confirmer la véracité de ces informations. Les sources à Tripoli ajoutent que l’absence d’un gouvernement central dans le pays de Omar el-Mokhtar a permis au leader jihadiste de se déplacer en toute liberté sans être inquiété. Considéré comme un terroriste très dangereux, Mokhtar Belmokhtar avait vu sa tête mise à prix, les Etats-Unis offrant cinq millions de dollars à qui livrerait des informations conduisant à son arrestation… ou sa mort.
Machar prend sa revanche
Alors que le camp du président du Sud-Soudan, Salva Kiir Mayardit, criait victoire et assurait avoir maté pour de bon les forces rebelles loyales à Riek Machar, l’ancien vice-président a prouvé qu’il avait toujours son mot à dire. En effet, les miliciens de Machar ont pris le contrôle de Bentiu, la capitale de l’Etat d’Unité, riche en pétrole. Ainsi, quatre provinces du pays sont désormais sous son contrôle, et l’ancien numéro deux du pays menace même d’emmener ses quelque 40000 soldats plus au nord pour conquérir Juba. Un scénario catastrophe que la communauté internationale veut éviter à tout prix, d’où les efforts occidentaux déployés afin de former un nouveau gouvernement qui exclurait les deux acteurs du conflit. Une idée qui gagne du terrain à l’intérieur même du Sud-Soudan, car la population locale est épuisée par ces combats fratricides.
Hadi dans une drôle de position
Le président yéménite transitoire, Abed Rabbo Mansour Hadi, qui a vu son mandat prolongé en février dernier, fait face à une situation très difficile depuis qu’il est soumis à des pressions énormes de la part de son principal allié, le Mouvement des Frères musulmans. Les Ikhwan, représentés par le parti al-Islah au gouvernement d’union nationale, veulent que l’armée entre en conflit direct avec les Houthistes. Les rebelles avaient remporté d’importants succès lors des combats qui ont déchiré la province de Saada, mettant la capitale Sanaa à portée de fusil des miliciens zaïdites, proches de l’Iran. Mais malgré tous leurs efforts, les Frères musulmans n’ont pas réussi à faire fléchir Hadi, qui refuse d’impliquer l’armée dans ces conflits internes, assurant que son rôle était de protéger l’intégrité territoriale du pays face à toute agression étrangère. En réponse, les islamistes menacent de quitter le gouvernement et de mettre un terme à leur participation au dialogue national, source de fierté du président Hadi.
Non à Qaradaoui!
La visite de l’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, à Tunis, continue de provoquer des remous entre les partis politiques, très gênés par l’ingérence du petit émirat du Golfe dans leurs affaires internes. Ainsi, ils n’ont toujours pas digéré l’insulte portée à leur président par le jeune prince, qui a préféré, lors du dîner officiel offert en son honneur, discuter avec Rached el-Ghannouchi, leader du mouvement islamiste Ennahda, plutôt que de s’entretenir avec son hôte. Pire encore, cheikh Tamim aurait demandé au chef de l’Etat de bien vouloir recevoir chez lui le très controversé cheikh Youssef el-Qaradaoui, ainsi qu’un grand nombre de leaders en exil de la Confrérie des Frères musulmans égyptiens. Deux demandes aussitôt rejetées par le président Moncef el-Marzouki, qui ne détient aucun pouvoir réel, puisque le Premier ministre Mehdi Jomaa est le vrai homme fort du pays, bien qu’il dirige un gouvernement d’union nationale.
1 seul candidat peut être choisi par chaque électeur jordanien lors des prochaines élections parlementaires. Le principe du «One man one vote», appliqué lors des scrutins de 2010 et 2013, devrait être maintenu dans le futur, puisque le gouvernement du Premier ministre Abdullah Ensour n’a nullement l’intention d’apaiser les relations avec le Mouvement des Frères musulmans. Selon les analystes à Amman, cette loi électorale vise en premier lieu les islamistes, puisqu’elle les prive de leurs blocs électoraux, ce qui a d’ailleurs poussé les Ikhwan à boycotter les deux derniers scrutins. Ces mêmes sources ajoutent que des conseillers du roi Abdallah II avaient suggéré l’introduction d’amendements à la loi en question, ce qui a mis le puissant directeur des services de renseignements généraux en colère, le poussant à opposer son veto à ce projet. Pourtant, le monarque avait demandé l’année dernière au Parlement de lui présenter sans tarder «un projet moderne et pratique afin d’actualiser la vie politique jordanienne». Les querelles du palais devront s’intensifier d’ici la fin de l’année, date limite fixée par le roi pour élaborer un projet de loi.
12000 fonctionnaires fictifs sont enregistrés dans les administrations publiques, selon le ministre yéménite de l’Industrie et du Commerce, Saadeddine Ben Taleb. Il a noté que le système de népotisme en vigueur dans les institutions de l’Etat tout au long du règne de l’ancien président Ali Abdallah Saleh était responsable de cette situation catastrophique, ajoutant que «la moitié des fonctionnaires sont des fantômes. Et cela doit cesser si nous voulons réaliser un équilibre budgétaire». Le ministre a affirmé que ce fléau existe aussi au sein des forces de sécurité, précisant que plusieurs centaines de supposés soldats et policiers touchaient leurs salaires sans jamais se rendre à leur poste. Ben Taleb a révélé que les subventions de l’Etat s’élevaient à trois milliards de dollars, soit 20% du budget, et qu’il faudrait mettre un terme définitif à ces aides pour que l’économie puisse se redresser.