Des combats de plus en plus fréquents opposent les rebelles syriens à l’Armée libanaise et au Hezbollah dans les zones frontalières à l’est, avec en toile de fond un regain d’activité de groupuscules jihadistes.
Le Rahwa, paysage montagneux et aride situé dans le jurd de Ersal, semble devenu le lieu de prédilection des rebelles syriens. Selon des sources concordantes, entre 1 200 et 1 500 miliciens de nationalité syrienne et de plusieurs pays arabes se seraient réfugiés dans cette région escarpée et difficilement accessible. «Les insurgés fuyant les villages notamment celui de Fleeta, repris par l’armée loyaliste, se sont installés dans le jurd séparant le Liban de la Syrie, ce qui explique les affrontements», déclare Ahmad Fleety, membre de la municipalité de Ersal. Selon une source sécuritaire, des affrontements ont éclaté à l’est du Liban au cours du week-end dernier, entre des rebelles syriens et des résidants de Ersal. Une autre source militaire interviewée par Magazine a pour sa part affirmé que trois Libanais ont été légèrement blessés. L’un d’entre eux a été identifié comme étant Ahmad el-Atrache, alors que des membres des 
familles Hujeiri et Jabbaoui auraient été également impliqués dans ces combats. Quant à Fleety, il assure ne pas être au courant de l’implication des résidants de Ersal dans ces affrontements. D’après la source sécuritaire, cet incident serait sans doute lié aux opérations de contrebande ayant lieu dans la région. Fleety confirme néanmoins que le secteur a été le théâtre de plusieurs incidents sécuritaires entre l’Armée libanaise et les rebelles syriens. Fin avril, un grave accrochage avait en effet opposé une patrouille de la troupe à des miliciens syriens. Près de sept soldats avaient été blessés. Un groupe assez peu connu se faisant appeler Liwaa Ahrar al-Sunna (les brigades des Sunnites libres) a revendiqué cette attaque menée, selon ses dires, contre «l’armée des croisés». Cette mouvance extrémiste a également revendiqué plusieurs attaques de roquettes contre des villages alliés au Hezbollah, à qui elle reproche de soutenir le régime du président syrien Bachar el-Assad.
Un autre affrontement avait éclaté la semaine dernière entre des membres du Hezbollah et des miliciens syriens ayant tenté de s’infiltrer dans les hauteurs de Brital. Plusieurs Syriens auraient été tués dans les combats. Ces accrochages ont été revendiqués par Liwaa Ahrar al-Sunna, qui a assuré avoir kidnappé trois membres appartenant au Hezbollah, une information que Magazine n’a pu cependant infirmer ou confirmer.
En mars dernier, trois soldats libanais avaient été tués et quatre autres blessés dans un attentat à la voiture piégée perpétré contre un poste militaire à la périphérie de Ersal.
L’Armée libanaise est fortement déployée le long de la frontière avec la Syrie depuis le début du mois dernier dans le but de réduire le nombre d’attentats suicide et l’infiltration d’hommes armés à la suite d’une série d’attaques meurtrières dans le pays. L’émergence d’Ahrar al-Sunna dans ce contexte est un facteur supplémentaire de danger pour la Békaa.
Entre Ersal et Brital
L’Armée libanaise a arrêté à Ersal le dénommé Ali Ammoun, considéré comme l’un des fugitifs les plus dangereux impliqués dans le transfert de voitures piégées au Liban.
Parallèlement, l’armée a arrêté huit Syriens détenteurs de papiers d’identité suspects dans le jurd de Ersal. A plusieurs kilomètres de là, à Brital, une unité d’intervention de l’armée, soutenue par les services de renseignements, s’est déployée dans le quartier de Chmays afin de procéder à l’arrestation de plusieurs individus recherchés par la justice dans le cadre du plan sécuritaire mis en œuvre ces dernières semaines.
Mona Alami