Magazine Le Mensuel

Nº 2948 du vendredi 9 mai 2014

Presse étrangère

L’histoire entre les murs

Derrière le rouleau-compresseur Alamuddin qui a exacerbé la fierté du Liban, le traitement international de l’actualité libanaise se résume à ses marronniers du moment, à savoir l’élection présidentielle à l’issue incertaine et le sort des réfugiés syriens.

The Washington Institute
Sérieux présidentiables

Dans son suivi de l’élection présidentielle, The Washington Institute, un think tank qui observe la politique américaine au Moyen-Orient, liste les candidats les plus sérieux.
Walid Joumblatt a désigné Henri Hélou comme candidat de compromis, éloigné des blocs du 8 et du 14 mars, et qui bénéficierait du soutien de l’Eglise maronite. D’autres candidats potentiels affiliés au 14 mars, Boutros Harb et Robert Ghanem, étaient déjà candidats en 2008. L’ancien ministre de l’Intérieur, Ziad Baroud – qui vient de la société civile – serait lui aussi sur la short-list du 14 mars.
Fait intéressant, le Hezbollah a soutenu la candidature de Hélou en septembre 2003 pour le siège parlementaire de son défunt père Pierre. Néanmoins, il semble peu probable que le 8 mars soutienne l’un ou l’autre de ces outsiders. Sleiman Frangié est un autre candidat potentiel.
La catégorie des candidats de consensus pourrait inclure Riad Salamé, mais il est difficile de savoir comment le Hezbollah le voit, lui qui a étudié et dénoncé plusieurs comptes du parti sur ordre de Washington. Jean Obeid est un autre candidat de compromis. Alors que certains au Liban le considèrent trop proche d’Assad, d’autres soulignent que quand il a servi sous l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, il a enfreint les ordres de Damas en refusant de participer au vote de la prorogation du mandat du président Emile Lahoud.

Le Point
La discrétion des Alamuddin

C’est l’info de l’actualité libanaise de la semaine. Les fiançailles de George Clooney et de l’avocate d’origine libanaise, Amal Alamuddin, ont défrayé la chronique. L’hebdomadaire français Le Point s’est intéressé à la famille de la Libanaise.
A Baakline, le berceau familial situé dans la montagne libanaise, un voisin, Ramzi Sabbagh, est ravi: «Elle fait la fierté du Liban et surtout de Baakline». Pourtant, très peu ici ont connu la belle avocate enfant car Amal, née à Beyrouth en pleine guerre civile (1975-1990), a quitté le pays avec sa famille à l’âge de trois ans pour la Grande-Bretagne où elle a acquis la nationalité britannique. Contactés par l’AFP, les parents de la belle se sont refusés à tout commentaire. «En tant que famille, nous ne commentons pas la vie privée de nos enfants», ont affirmé à l’AFP son père Ramzi, interrogé à Beyrouth, et sa mère, Baria, journaliste connue, responsable de la page internationale du quotidien panarabe al-Hayat à Londres. Celle-ci a interviewé les grands de ce monde comme Fidel Castro, Margaret Thatcher ou encore Indira Gandhi. Elle apparaît régulièrement sur les grandes chaînes de télévision en tant que spécialiste du Moyen-Orient. Un quotidien libanais annonce même le mariage pour le mois de septembre prochain.

Le Nouvel Observateur
La résurrection du Holiday Inn

Le Nouvel Observateur a consacré cette semaine un reportage sur l’un des monuments les plus symboliques de la guerre civile, le Holiday Inn Hôtel de Beyrouth.
Hôtel mythique de l’âge d’or du Liban, puis théâtre de l’une des batailles les plus féroces de la guerre civile, le Holiday Inn pourrait ressusciter après la prochaine mise aux enchères du bâtiment criblé de balles. Souvenir indélébile du conflit qui a ravagé le pays de 1975 à 1990, la tour de vingt-quatre étages dominant le front de mer de Beyrouth est reconnaissable à ses murs blancs perforés par les roquettes. Ce fantôme a été le théâtre de «la guerre des hôtels», l’une des batailles acharnées du début du conflit, qui a opposé milices chrétiennes aux milices palestiniennes et leurs alliés libanais musulmans et de gauche. L’immeuble a longtemps été abandonné en raison du désaccord entre les principaux actionnaires sur son avenir, alors que son voisin, le Phoenicia, lui-même dévasté, a été réhabilité et a retrouvé son lustre d’antan. Mais la durée d’existence de la société propriétaire du Holiday Inn, qui est de cinquante ans, arrive à échéance et le débat a été lancé sur l’avenir de l’hôtel. Si le groupe CIL veut le rénover et le transformer en lofts à louer, un groupe koweïtien, détenteur de plus de 50% des actions, veut le démolir pour ériger à sa place une tour comme celles qui ont poussé comme des champignons dans le Beyrouth de l’après-guerre.

The Daily Telegraph
Le dernier des théâtres

Le quotidien britannique The Daily Telegraph s’intéresse à l’histoire du théâtre al-Madina, «aux racines alternatives historiques».
En 1994, alors que Beyrouth nettoyait la poussière et les débris de la guerre civile dévastatrice, Masrah al-Madina naissait. Le théâtre emblématique a été créé pour ressusciter la célèbre vie artistique et culturelle d’avant-guerre de la capitale. Vingt ans plus tard, Beyrouth a énormément changé au rythme des gratte-ciel et des grands magasins. L’an dernier, le Théâtre de Beyrouth a fermé ses portes après que le bâtiment qui l’abritait eut été vendu à des promoteurs immobiliers. Aujourd’hui, le théâtre al-Madina est l’un des trois derniers théâtres qui proposent encore de l’art.
«Nous sommes un théâtre culturel. Nous accueillons seulement des œuvres basées sur des expressions culturelles et artistiques», explique Louay Ramadan, 39 ans, qui dirige le théâtre depuis sa création en 1994 par l’artiste Nidal Achkar. «Les trois quarts de l’auditoire libanais aujourd’hui regardent simplement pour le divertissement des foires commerciales et peut-être que le quart restant cherche encore des lieux culturels, ce sont eux qui nous donnent encore du travail», ajoute-t-il.  

Le Figaro
Révolutions politique et sexuelle

Le Figaro s’est intéressé à un ouvrage traitant de la révolution sexuelle qui aurait eu lieu en parallèle des révolutions arabes. Extraits d’une interview de Sherine el-Feki, qui a écrit La révolution du plaisir.
Jusqu’en 2007-2008, quand j’ai commencé mes recherches, le problème du harcèlement sexuel, un grand défi dans le monde arabe comme ailleurs, restait un sujet occulté. Après la médiatisation des viols en marge des manifestations place Tahrir en 2011, cette question est désormais présente dans le débat public. Grâce au travail des ONG sur place, plus de femmes osent s’exprimer ouvertement sur ce sujet. La question de la violence conjugale est également abordée. Cela s’est même traduit par un changement dans la loi au Liban, où la violence domestique est désormais criminalisée, bien que cette loi soit seulement une étape sur le long chemin de changement sur le terrain. En Tunisie, une jeune femme tunisienne violée par des policiers, et qui risquait d’être inculpée pour atteinte à la pudeur, a finalement bénéficié d’un non-lieu. Ses agresseurs ont, eux, écopé de sept ans de prison. Une condamnation sans doute pas encore assez sévère, mais il y a quelques années, les policiers auraient probablement été relaxés. De manière générale, on constate de véritables progrès en matière de liberté d’expression. Les gens parlent malgré la répression des gouvernements. Les réseaux sociaux ont joué un grand rôle dans cette libération de la parole.

Slate
La vie d’un camp
Pour Slate, Matthieu Delmas s’est rendu dans le camp de réfugiés syriens de Bab el-Salamé à la frontière turque.
«Dans le nord syrien, à une quarantaine de kilomètres d’Alep, au poste-frontière de Kilis-Oncupinar, c’est un camp – non officiel – de 17000 personnes qui se dresse à 5 kilomètres de la ville d’Aazaz. Je suis entré en Syrie avec le médecin du camp depuis la ville frontière de Kilis en Turquie. Ici, l’Armée syrienne libre (ASL) contrôle les allées et venues. Une fois dans le camp, on aperçoit des tentes à perte de vue de part et d’autre d’allées boueuses. La chaleur commence à se faire sentir. Pas un seul arbre, pas d’ombre non plus. Un enfant, puis cinq, puis dix se pressent autour du médecin qui m’accompagne. «Docteur Ali! Docteur Ali!». Accueilli tel un héros par les gamins, il commence sa tournée du camp pour distribuer des dons, soigner les enfants malades, distribuer des vêtements. Partout où va le docteur Ali, des dizaines d’enfants le suivent à la trace».

Julien Abi Ramia

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