Magazine Le Mensuel

Nº 2950 du vendredi 23 mai 2014

Affaire Déclassée

Les Tanélian, tueurs en série. Des mobiles encore inconnus

En novembre 2011, le Liban est en émoi. Une série de meurtres commis depuis des mois sèment la panique. Des crimes toujours exécutés selon la même méthode dans la région du Metn. Les forces de sécurité enquêtent longtemps et tendent des pièges avant de parvenir à élucider le mystère. Mais les mobiles des crimes demeurent inconnus.
 

Le 16 novembre 2011, l’arrestation de cinq personnes soupçonnées de plusieurs meurtres et vols dans la région s’étendant entre le Metn et le Kesrouan est diffusée sur les ondes et les chaînes de télévision. Les victimes sont Albert Nachar, Chaker Abdel-Nour, le gendarme Ziad Hani Dib, Hagop Yacoubian et bien d’autres. Les détenus sont accusés de douze meurtres et vols.
Ce sont cinq frères, Michel, Georges, Aziz, Moussa et Maurice Tanélian, connus sous le nom de la famille Bou Hanna, celui de leur mère. Ils habitaient deux appartements à Nabaa et Bourj Hammoud. Aziz, Moussa et Maurice avaient obtenu la nationalité libanaise par le décret de naturalisation de 1994. Les deux autres sont arrivés plus tard de Syrie.
Des caméras de surveillance ont filmé les suspects à plusieurs reprises sur les lieux de leurs crimes et à bord des voitures de leurs victimes, mais les visages n’étaient pas suffisamment clairs. Ces photos ont, toutefois, permis de brosser les portraits approximatifs des suspects.
Les forces de sécurité font le lien entre les victimes, presque toutes chauffeurs de taxis, projetés, chaque fois par la fenêtre de leur voiture laquelle était ensuite brûlée dans un lieu plus éloigné. Des agents de la sécurité sont chargés de louer des taxis auprès de certaines agences et d’en porter les uniformes pour faciliter la surveillance de la région et découvrir ainsi le tueur en série, jusqu’alors inconnu. Les agents ont sillonné les régions du Metn et du Kesrouan des nuits entières guettant les suspects. Une rixe éclate au Kesrouan entre l’un des agents de sécurité et deux des suspects. L’agent a pu blesser l’un d’entre eux et recueillir une goutte de son sang pour effectuer un test ADN dans des laboratoires spécialisés, permettant d’identifier les agresseurs.

 

L’imprudence des meurtriers
Les suspects ont, de leur côté, commis l’imprudence d’utiliser le cellulaire d’une de leurs victimes, le gendarme Ziad Dib, dans le but de le vendre, facilitant ainsi la détection de leur lieu de résidence et de leurs déplacements.
L’enquête a révélé que les accusés avaient commencé leurs vols en avril 2011 et commis une série de meurtres en août 2011, portant le nombre de leurs victimes à neuf morts et trois blessés. Il s’est avéré que deux des cinq frères ont commis les meurtres, l’un d’entre eux travaillant comme chauffeur de taxi.
Après avoir établi l’implication des cinq frères, les forces de sécurité ont entamé leur surveillance. Après s’être assurées de la présence de tous dans les deux appartements, deux équipes de commandos lancent un raid simultané sur les deux sites pour s’assurer qu’aucun des frères ne puisse s’échapper. Les cinq suspects sont ainsi arrêtés. Les forces de l’ordre confisquent un revolver qui a servi apparemment à commettre les crimes, il appartient à Michel. Ce dernier et son frère Georges ont avoué être les auteurs des crimes. Neuf des balles retirées des corps des victimes provenaient du même revolver confisqué.
L’enquête a révélé que les meurtres avaient été commis avec un revolver doté d’un silencieux. Les coups étaient orientés sur la tête de la victime au-dessus de l’oreille s’assurant ainsi de sa mort sur le coup. Les mobiles de tous ces meurtres n’ont toujours pas été établis.

Arlette Kassas

Des syriaques de Qamechli
La famille des cinq frères habite la région entre Nabaa et Bourj Hammoud depuis plus de vingt-cinq ans. Leur âge varie entre 35 et 50 ans. Syriens, ils sont originaires de Qamechli et appartiennent à la communauté syriaque. Deux des membres de la famille ont été accusés de meurtre durant la guerre civile (1975-1990) avant d’être relâchés en 1992.

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