Magazine Le Mensuel

Nº 2929 du vendredi 27 décembre 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

En pointillé…
Les parlementaires yéménites en ont ras-le-bol des attaques menées par les drones américains qui font de nombreux morts civils chaque semaine. La goutte qui a fait déborder le vase: le massacre qui a eu lieu dans la province d’al-Bayda, quand les avions sans pilotes de l’Oncle Sam ont encore une fois manqué leur cible et visé un convoi nuptial. En colère, ils ont adressé une lettre officielle au président intérimaire, Abed Rabbo Mansour Hadi, signée par la majorité des députés, exigeant que ces attaques cessent immédiatement. Une première, puisque depuis l’éclatement de la révolte des jeunes Yéménites en 2011, les députés ne se sont jamais entendus sur une quelconque proposition. La politique du président américain Barack Obama contre le terrorisme a, pour une fois, abouti à quelque chose de positif. 

 

Taha laisse la place aux jeunes
La décision du président soudanais, Omar Hassan el-Bachir, de remplacer son numéro deux Ali Othman Taha, avait laissé planer des doutes sur la relation entre les deux hommes. Mais selon l’ancien vice-président, les spéculations n’avaient pas de raison d’être, puisqu’il aurait lui-même décidé de céder sa place afin de permettre aux jeunes de participer au pouvoir. Dans une entrevue avec la chaîne publique, Ali Othman Taha affirme que depuis 2005 et la signature de l’accord de paix avec le Sud, il avait exprimé au président son désir de prendre sa retraite. Une demande qui avait alors été refusée. Depuis, les choses ont bien changé.  

Jaafar el-Sadr fils du fondateur du parti chiite irakien al-Daawa, Mohammad Bakr el-Sadr, sera tête de liste aux prochaines élections parlementaires. Son gendre, Sayyed Moqtada el-Sadr, a décidé de le présenter comme une alternative à l’actuel Premier ministre Nouri el-Maliki. Le jeune leader politique jouit d’une notoriété sur la scène politique et religieuse irakienne, et le fait que son père soit le fondateur du parti au pouvoir lui donne un grand avantage. Furieux, les proches du Premier ministre ont accusé Moqtada de semer la zizanie dans le camp chiite. Ces accusations sont ironiquement commentées par le mouvement sadriste qui considère que la candidature de Jaafar el-Sadr n’était pas présentée contre Maliki «tout le monde étant déjà contre lui».  

Erdogan accuse une gifle dans son camp
Le joueur de football turc, Hakan Şükür, héros de l’équipe nationale et du club mythique d’Istanbul Galatasaray, a infligé une gifle cinglante au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, en déclarant qu’il quittait le parti Justice et Développement car il ne comprenait pas les dernières positions du Premier ministre contre le mouvement de Fethullah Gülen. Pourtant, Erdogan n’avait jamais caché son admiration et son grand respect pour le joueur qu’il a imposé lui-même sur une des listes de son parti lors des élections parlementaires de 2010. Mais tout cela est du passé et Şükür est dorénavant député indépendant. Fureur du leader islamiste, qui a publiquement appelé son ancien protégé à démissionner du Parlement «s’il est vraiment honnête avec lui-même et avec ses électeurs». Les amis d’Erdogan se font de plus en plus rares.         

 

Khaled Mechaal chef du bureau politique du mouvement Hamas, a pour la première fois appelé, par téléphone, le président palestinien Mahmoud Abbas. Un geste rare prouvant l’isolement des islamistes qui tentent à tout prix de sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Abou Mazen, quant à lui, a réaffirmé qu’il n’y aura pas de réconciliation tant que la bande de Gaza demeure hors du contrôle de l’Autorité palestinienne. Mechaal aurait bien pu se passer de cet appel qui n’aura vraiment servi à rien.    

Rafik Khalifa rentre au pays
Après quatre ans de procédures légales, les autorités britanniques ont enfin donné le feu vert à l’extradition du milliardaire algérien en fuite Abdelmoumène Rafik Khalifa. Impliqué dans le scandale de la Banque al-Khalifa, il avait choisi Londres comme terre d’exil par crainte de devoir affronter la justice de son pays. En 2003, l’homme d’affaires flamboyant, connu pour ses relations amicales avec plusieurs politiciens, acteurs et sportifs français, avait prétendu être victime d’un complot qui l’a ruiné. Depuis, les autorités algériennes l’avaient condamné à la prison à vie, l’accusant de détournement de fonds et de fraude, alors que la justice française le poursuit pour blanchiment d’argent. Son extradition permettra à Alger et à Londres de tourner la page de ce malentendu.

 

Une visite remarquée
Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a effectué une visite controversée en Algérie où il a rencontré le président Abdel-Aziz Bouteflika. Or, ce dernier n’a plus l’habitude de recevoir les dignitaires étrangers à cause de son état de santé très fragile. Pour remercier son hôte de ce geste fort, le locataire de Matignon a qualifié le président de courageux. Fureur dans l’opposition algérienne, qui accuse Paris de faire de la politique politicienne en vue d’obtenir des récompenses économiques de la part du pouvoir algérien. L’ancien maire de Nantes a aussi vexé le voisin marocain en soutenant une solution politique permettant au «peuple sahraoui de déterminer son sort». Une allusion à peine voilée aux exigences du mouvement Polisario d’organiser un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental, un sujet tabou à Rabat qui refuse d’en entendre parler. Suite à ces propos, des conseillers du roi Mohammad VI auraient contacté l’Elysée pour s’assurer que la position de Paris était toujours la même sur le conflit sahraoui.       

Un ministre congédié
Le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki, critiqué pour sa politique économique, vient de se trouver un bouc émissaire. Il a annoncé le limogeage du ministre des Finances par intérim et ministre de la Planification, Ali el-Chukri, qu’il juge incompétent. Cela tombe bien, puisque le ministre en question est membre du mouvement sadriste. Safaeddine el-Safi, membre du parti au pouvoir al-Daawa, est appelé à le remplacer, ce qui a poussé la communauté sunnite à crier au scandale puisque le ministère doit lui revenir. Or, en début d’année, Rafeh el-Issaoui, ministre des Finances et membre de la Liste irakienne, avait été démis de ses fonctions sans explication. Des mauvaises langues à Bagdad assurent que le pouvoir en place a installé une nouvelle dictature visant à marginaliser les sunnites.     

Toujours pas d’excuses
Les relations entre la Turquie et l’Arménie sont au point mort malgré la signature, en 2009, de l’accord de réconciliation. Face au refus d’Ankara de reconnaître le génocide arménien, Erevan n’est pas prêt à ouvrir une nouvelle page. Résultat, depuis 2010, les pourparlers de paix entre les deux pays sont complètement gelés, ce qui explique la visite, fin décembre, du ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu à la capitale arménienne. Une première, depuis cinq ans, le parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ayant toujours préféré bouder le voisin arménien, tout en adoptant une politique négationniste sur la question du génocide. Davutoglu a, quand même, dû faire un geste lors de son passage en notant que «la déportation des Arméniens sous le Sultanat ottoman était un acte inhumain». Il lui faudra encore faire plus d’effort.     

Sexe et islam!
Les partis islamistes indonésiens sont frappés par un scandale sans précédent. Luthfi Hasan Ishaaq, ancien leader du parti Justice et prospérité, vient d’être condamné à seize ans de prison. Il est impliqué dans un réseau de blanchiment d’argent. Mais au cours de son procès, des accusations plus sulfureuses sont révélées au grand jour: il aurait entretenu des relations sexuelles avec plusieurs filles mineures et même avec une actrice porno. L’Indonésie, le pays musulman le plus peuplé du monde, est toujours sous le choc. L’ancien leader politique âgé de 52 ans collectionnait les voitures de luxe, pendant que la moitié des Indonésiens vivent avec moins de deux dollars par jour. Marié à trois femmes, ce qui n’est pas un crime dans le pays, mais la dernière d’entre elles n’a pas 18 ans.

40000 mètres carrés est la surface du terrain qu’Ahmad Chafik est accusé d’avoir offert aux fils du président déchu Hosni Moubarak dans la province d’Ismaïlia. Ces accusations avaient été portées contre lui sous l’ère de Mohammad Morsi, qui ne lui avait pas pardonné d’avoir réussi à obtenir 49% des votes aux élections présidentielles de 2012. Ceci avait poussé l’ancien Premier ministre à fuir le Pays des Pharaons pour se réfugier aux Emirats arabes unis. Cette accusation vient de tomber, la justice égyptienne ayant innocenté Chafik et les deux fils Moubarak. L’ancien candidat à la présidence pourra rentrer chez lui pour préparer tranquillement sa nouvelle campagne électorale. Des sources au Caire assurent que si le général Abdel-Fattah el-Sissi décide de ne pas se présenter, le choix de l’armée se portera sur Chafik, très apprécié par Washington et les pays du Golfe, mais pas par le Qatar, bien sûr, qui s’obstine à soutenir les Ikhwan contre vents et marées.       

11000 personnes pourraient être transférées au centre de détention israélien de Holot, nouvellement construit par le gouvernement de droite. L’Etat hébreu fait face à une crise humanitaire à cause de la façon avec laquelle les autorités traitent les réfugiés africains. Plus de 200 d’entre eux ont organisé une manifestation en plein cœur de Jérusalem pour protester contre les conditions de détention dans ce nouveau camp, situé dans la partie sud du pays. Les Africains brandissaient des slogans tels que «Nous sommes des réfugiés et pas des criminels» ou «Nous sommes en danger et pas dangereux». Leur cri qui résonnait sous le balcon de la résidence de Benyamin Netanyahu n’a pourtant eu aucun effet, le Knesset israélien vient d’adopter une nouvelle loi qui permet la détention sans jugement de tout réfugié illégal pendant une période d’un an.         

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