L’année 2013 dans la région aura vu monter les tensions entre deux grands pays rivaux depuis longtemps, l’Arabie saoudite et l’Iran. Visant à asseoir leur influence au Moyen-Orient, chacun avance ses billes sur des terrains divers, en Syrie, au Liban, en Irak, à Bahreïn ou au Yémen.
L’année 2014 risque d’être mouvementée à plus d’un titre. Avec, au centre du jeu, la confrontation entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui devrait éclabousser la plupart des pays-clés de la région.
En 2013, c’est la Syrie qui est au centre de toutes les attentions. L’Arabie saoudite soutenant activement l’opposition syrienne et ses franges les plus extrémistes, à coup de financements massifs. L’Iran continue de soutenir le régime de Bachar el-Assad, avec des hommes sur le terrain, ainsi que des facilités de financement. Toutefois, l’essentiel pour Téhéran est d’empêcher la création d’un Etat sunnite wahhabite, qui pourrait se répercuter sur l’Irak voisin, entre autres, et qui amenuiserait sa lutte contre Israël. Mais la confrontation entre ces deux grands pays, qui luttent pour le leadership islamique dans la région, ne se joue pas uniquement dans l’arène syrienne.
Les Iraniens sont par exemple accusés par le royaume wahhabite de fomenter des troubles au Yémen, avec les Houthis au sud, mais aussi dans l’Etat voisin du Bahreïn, où l’Arabie saoudite était intervenue en force pour étouffer tout soulèvement chiite. En Irak aussi, les deux pays s’affrontent. Les Saoudiens soutiennent notamment les jihadistes de Falloujah et de la province de l’Anbar, dans leur combat contre le pouvoir central – chiite – de Bagdad. 2013 a été une année noire pour l’Irak qui a vu une recrudescence de la violence et des attentats meurtriers. Le Liban a bien évidemment fait les frais de la confrontation, comme on l’a vu dans les rounds successifs qui ont ensanglanté Tripoli, ou via les attentats à la voiture piégée.
Téhéran craint aussi que le retrait américain d’Afghanistan n’aboutisse à un renforcement du pouvoir politique et militaire d’Arabie saoudite, surtout si les talibans reprenaient le pouvoir à Kaboul. Le renversement de Mohammad Morsi en Egypte et le soutien de l’Arabie au régime militaire du général Abdel-Fattah el-Sissi, puis le retrait des jihadistes de la Coalition nationale syrienne (CNS), ont renforcé la crainte iranienne du complot saoudien.
Cette bataille âpre entre l’Iran et l’Arabie saoudite a pris encore un autre tournant, avec le début du dégel irano-américain, fort peu apprécié par Riyad. Le royaume wahhabite a, pour la première fois, montré son irritation en refusant de siéger au Conseil de sécurité des Nations unies, mais aussi en annulant à la dernière minute le discours qui devait être prononcé à l’Assemblée générale onusienne, fin septembre. La signature d’un accord intérimaire de six mois entre le groupe des 5+1 et l’Iran, sur le dossier nucléaire, n’a pas arrangé les choses, l’Arabie saoudite se sentant de plus en plus menacée. De son côté, l’Iran, qui fait son grand retour dans la communauté internationale depuis l’accession à la présidence de Hassan Rohani, n’a de cesse de partir à la reconquête des monarchies arabes. Le Qatar, Oman et le Koweït se rabibochent avec la grande puissance perse, au grand dam de Riyad, qui voit se réaliser, sous ses yeux, son pire cauchemar, un croissant chiite qui dominerait la région.
Prenant le taureau par les cornes, l’Arabie saoudite a décidé de s’engager encore plus avant dans les conflits qui minent la région. Dernière preuve en date, la déclaration très directe de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en Grande-Bretagne, Mohammad Ben Nawaf Ben Abdel-Aziz Al Saoud, dans le New York Times, le 19 décembre, où il dit que son pays n’hésitera pas à faire «cavalier seul», en continuant à armer et financer les rebelles syriens.
2014 devrait donc voir les tensions dans la région grimper encore d’un ton, sur plusieurs terrains. D’autant que plusieurs échéances importantes se profilent déjà, avec leur cohorte de dangers, la présidentielle au Liban mais aussi celle prévue en Syrie. Reste à savoir si les Américains, qui semblent déterminés à poursuivre leur début de lune de miel avec Téhéran, auront assez d’influence sur leur allié de toujours, l’Arabie saoudite, pour calmer le jeu.
Jenny Saleh
Janvier
5 A la suite de la reconnaissance par l’Onu de l’Autorité palestinienne en tant qu’Etat observateur non membre, Mahmoud Abbas ordonne à tous ses organismes d’employer le nom d’«Etat de Palestine» au lieu de l’Autorité palestinienne et de l’appeler président de Palestine.
6 Bachar el-Assad dévoile son plan de sortie de crise.
9 La Libye renonce au nom de Grande Jamahiriya arabe (Etat des masses).
22 Le bloc de droite mené par Benyamin Netanyahu conserve la majorité en Israël.
Février
1er Damas porte plainte contre Israël à la suite de l’attaque de l’aviation israélienne contre un centre de recherche militaire.
4 L’armée israélienne arrête 23 membres du Hamas en Cisjordanie, dont trois députés.
Mars
9 Huit morts et dix blessés dans une attaque terroriste perpétrée à l’entrée du ministère afghan de la Défense à Kaboul.
21 Attentat meurtrier dans une mosquée en Syrie: 53 morts.
Avril
1er Khaled Mechaal est réélu à la tête du Hamas.
23-24 Irak: des affrontements entre les forces de l’ordre et la minorité sunnite font 110 morts.
Mai
28 Irak: une série d’attentats font 82 morts et 130 blessés.
Juin
14 Hassan Rohani est élu président de la République islamique d’Iran.
30 Manifestations en Egypte contre les Frères musulmans. 33 millions sont dans la rue, selon la CNN.
Juillet
3 Egypte. L’armée écarte Mohammad Morsi du pouvoir et nomme le président de la Cour constitutionnelle, Adly Mansour, nouveau chef de l’Etat par intérim.
6 Yémen: trois policiers tués et un blessé dans l’explosion d’une bombe artisanale dans la capitale.
Syrie: Ahmad Jarba est élu président de la Coalition nationale syrienne.
Août
14 Egypte: 278 morts au Caire dans une dispersion par l’armée de manifestants pro-morsi.
31 Au Yémen, le Premier ministre Mohammad Basindawa échappe de peu à un attentat.
Septembre
20 Trois attaques simultanées au Yémen contre des sites de l’armée et de la police tuent 56 militaires et policiers.
27 L’Onu adopte une résolution contraignant le régime syrien à détruire ses armes chimiques.
28 Entretien téléphonique historique entre Barack Obama et Hassan Rohani.
Octobre
13 L’ex-dirigeant palestinien, Yasser Arafat, pourrait avoir été empoisonné au polonium-210 radioactif, selon une étude menée par des médecins suisses.
18 L’Arabie saoudite, élue pour la première fois membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, refuse son siège en signe de protestation envers la politique US dans la région.
Novembre
12 Egypte: la Cour administrative décide de lever l’état d’urgence décrété depuis le 14 août.
24 Accord trouvé à Genève sur le nucléaire iranien entre les pays du groupe 5+1 et l’Iran.
Décembre
5 Yémen: attentat suivi d’un assaut sur le ministère de la Défense. Au moins 25 morts.
15 Afghanistan: l’Australie retire ses troupes.
Abdel-Fattah el-Sissi
Le tombeur des Frères musulmans
Le 3 juillet, le président égyptien Mohammad Morsi est démis de ses fonctions par l’armée, avec à sa tête le ministre de la Défense, le général
Sissi. Depuis, une réelle «Sissi mania» se propage en Egypte, en même temps que se forme une opposition, dont les affrontements avec le régime sont de plus en plus virulents. Une pétition a été lancée dans tout le pays pour que le général se présente aux prochaines élections présidentielles. La date de ces élections reste
inconnue, la priorité étant donnée à l’adoption d’une Constitution.
Tamim Ben Hamad Al Thani
Le successeur de son père
Le prince Tamim Ben Hamad Al Thani prend les rênes du Qatar.
Après avoir progressivement préparé sa succession en l’impliquant dans les dossiers les plus importants, son père, l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani, de santé fragile, annonce le 25 juin 2013 son abdication en sa faveur, faisant de lui, à 33 ans, le plus jeune chef d’Etat du monde arabe. Cheikh Hamad avait pris le pouvoir à 43 ans, en 1995, en renversant son propre père Khalifa. Francophone et
francophile, le prince Al Thani s’est distingué à travers le domaine sportif. A coup de pétrodollars, il est à
l’origine de l’organisation de la coupe du monde 2022 au Qatar, et unique actionnaire du Paris Saint-Germain.
Israa el-Mudallal
Le nouveau visage du Hamas
Mère divorcée de 23 ans qui apprend l’hébreu, porte-parole du parti palestinien, elle représente la nouvelle image que veut se donner le Hamas. Ancienne journaliste,
elle est maintenant dans la
communication. Porteur de tolérance et de paix, son discours vise à faire oublier les tristes épisodes qui ont marqué le Hamas, comme la guerre fratricide avec le Fateh.
Mohammad Assaf
L’icône des Arabes est palestinien
En remportant la deuxième session d’Arab Idol, Mohammad Assaf est devenu une icône internationale et porte haut et fort les revendications du peuple palestinien. Accueilli en héros dans les territoires
palestiniens, il a même été nommé ambassadeur des réfugiés
palestiniens par l’Unrwa. Né en Lybie de parents palestiniens, il a grandi à Gaza, notamment dans le camp Unrwa de Khan Younès.