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Nº 2930 du vendredi 3 janvier 2014

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Universitaire, économiste, diplomate. Le parcours d’un gentleman

Beyrouth est, une fois de plus, secouée par une forte explosion qui a mis fin aux jours de l’ancien ministre Mohammad Chatah, intellectuel, diplomate et figure modérée 
du 14 mars. Parcours d’un gentleman. 
 

Né en 1951, marié et père de deux garçons, Mohammad Chatah a trouvé la mort le 27 décembre 2013. Cet homme originaire de Tripoli fait ses études primaires et secondaires à l’Ecole évangélique du chef-lieu du Liban-Nord, puis au Collège international de Beyrouth (IC). Après son baccalauréat, il poursuit des études d’économie à l’Université américaine de Beyrouth, puis obtient un doctorat en économie à l’Université du Texas, où il enseigne. De 1993 à 1997, il occupe le poste de vice-gouverneur de la Banque du Liban. De 1997 à 1999, il devient ambassadeur du Liban aux Etats-Unis avant de rejoindre le Fonds monétaire international (FMI) aux USA où il a occupé de nombreux postes. Après 2005, il devient conseiller du Premier ministre Saad Hariri, puis du Premier ministre Fouad Siniora et occupe le poste de ministre des Finances entre 2008 et 2009.
L’ancien ministre Chatah était un homme connu pour ses vues libérales. Il était fervent défenseur de la création d’un sénat libanais, qui garantirait les droits des diverses communautés et permettrait de réduire le confessionnalisme politique, qu’il considérait comme «une fatalité au Liban», selon le site Jadaliya. Chatah considérait la création d’un sénat indispensable, les outils de base de la démocratie au Liban ne fonctionnant pas. «Un sénat, disait-il, fournirait les assurances nécessaires aux communautés, tout en donnant de l’espace au Parlement pour faire progresser les choses».
Mais Mohammad Chatah restera surtout connu pour ses positions antinomiques au Hezbollah. Dans son dernier tweet, il avait déclaré: «Le Hezbollah essaie d’imposer la (même) logique que celle du régime syrien (en cours) pendant quinze ans, (visant à obliger) l’Etat à abandonner sa souveraineté sur les questions sécuritaires et de politique étrangère».
Dans une lettre adressée au président iranien Hassan Rohani et publiée a posteriori par le Wall Street Journal, il avait estimé que l’existence d’une milice armée en parallèle aux forces régulières et opérant en dehors du contrôle de l’Etat et des autorités politiques était «non seulement en conflit avec la Constitution libanaise, mais avec le principe même d’un Etat souverain, quel qu’il soit». Il avait également attribué la déstabilisation de la situation déjà précaire du pays à l’implication du Hezbollah en Syrie, tout en préconisant un retour à la déclaration de Baabda.
Mohammad Chatah était cependant avant tout un homme pragmatique; dans sa lettre, il avait demandé à l’Iran de revoir ses choix dans la région et plus particulièrement au Liban, tout en reconnaissant l’importance des changements survenus à Téhéran avec l’élection du président Rohani.
L’ancien ministre craignait en effet la propagation de la guerre civile en Syrie au Liban, mettant en garde que la poursuite du conflit contribuerait à l’expansion du terrorisme dans la région.
Le jour de sa mort, Mohammad Chatah se dirigeait vers la Maison du Centre de Saad Hariri, à Qoraytem, où devait se tenir 
à 9h30 une réunion de la coalition du 
14 mars.

Mona Alami

Ses derniers conseils
Dans une lettre au président iranien Hassan Rohani, Mohammad Chatah conseille de mettre fin à la participation de toutes les parties, dont le Hezbollah, à la guerre en Syrie; de renforcer le contrôle de la frontière avec la Syrie et de demander au Conseil de sécurité de prendre les mesures nécessaires visant à poursuivre l’application de la 1701.

 

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