Magazine Le Mensuel

Nº 2922 du vendredi 8 novembre 2013

Presse étrangère

Le Liban, entre violence et espoir

La presse internationale décrit un Liban explosif, qui sombre progressivement dans une instabilité du quotidien exacerbée par les antagonismes politiques et communautaires.

LE MONDE
Pays: France.
Périodicité: quotidien.
Genre: généraliste.
Diffusion: 325000 exemplaires.
1er site français d’information.

Alix Foucault a discuté avec un soldat d’élite du Hezbollah qui participe à la guerre en Syrie.
A Dahié, dans le petit salon d’une maison anonyme de deux étages, un homme d’une quarantaine d’années, cheveux courts, yeux bleus, le visage parsemé de taches de rousseur, se présente sous le nom de Abbas. Le Hezbollah a formellement interdit à ses combattants de parler à la presse. Mais Abbas a fait une exception. C’est à quelques kilomètres de la frontière libanaise, dans la ville de Qoussair, que Abbas et son unité vont s’illustrer. Cette bataille est un test: «Ce combat nous permettait de jauger de la qualité des ennemis que nous allions affronter avant de nous engager totalement en Syrie», résume Abbas.
Pour le Hezbollah, combattre en Syrie dépasse la simple défense du régime Assad. Il s’agit d’éliminer un possible «Afghanistan» aux portes du Liban et de «préserver la Syrie» des «hordes» djihadistes. Abbas se veut pragmatique, il «n’attend pas qu’on vienne l’égorger», il préfère «égorger avant». Il réfute l’idée d’une guerre de religion chiite-sunnite: pour lui, c’est un combat mené contre «des extrémistes, des sectaires (…) avec qui il est impossible de cohabiter». La communauté chiite libanaise redoute de voir à ses portes «un pays contrôlé par Jabhat al-Nosra».
Publié le 1er novembre.

THE CHRISTIAN SCIENCE MONITOR
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet d’information.
Diffusion: 50000 visiteurs uniques par jour.

 

L’un des plus célèbres correspondants étrangers en poste au Liban, Nicholas Blanford, se demande «pourquoi la Syrie n’a pas encore entraîné le Liban dans sa guerre civile».
L’incapacité des autorités libanaises à mettre fin à une semaine de combats entre factions communautaires rivales dans la deuxième ville du Liban souligne la vulnérabilité du pays aux retombées de la guerre en Syrie voisine. Mais le Liban ne devrait pas être entraîné dans une guerre civile à grande échelle comme la Syrie. Il est probable que nous assistions à une escalade de la violence communautaire dans les prochains mois, en particulier si l’offensive que tout le monde attend dans la région syrienne de Qalamoun de la Syrie a lieu. Les observateurs libanais expliquent que les affirmations alarmistes sur une guerre civile au Liban ne prennent pas en compte l’importante distinction entre la violence et la guerre civile, semblable à l’intensité du conflit de 1975.
La guerre civile dans un pays comme le Liban implique une mobilisation politique, financière et militaire à grande échelle de toutes les grandes communautés dans le but de remodeler la scène politique de manière définitive et irréversible. Alors que la guerre civile au sens traditionnel est peu probable, il existe un risque beaucoup plus élevé d’un cycle prolongé de violence, surtout si le conflit en Syrie se poursuit. Publié le 29 octobre.

PARIS MATCH
Pays: France.
Genre: hebdomadaire.
Diffusion: 630000 exemplaires par semaine – 1er magazine de France.

Le magazine du «poids des mots» et du «choc des photos» consacre un reportage à Ghadi, «né sans religion», «le bébé de l’espoir au Liban».
Kholoud Sukkarié et Nidal Darwiche ont un espoir: que le Liban abandonne, un jour, le communautarisme. Ce couple de Libanais – elle est sunnite, il est chiite – avait marqué les esprits en novembre 2012 avec un geste fort, le premier mariage civil du pays. Jusqu’à présent, une union n’était reconnue que si un clerc était présent. Une fois ce mariage finalement accepté, après six mois de démêlés administratifs, Khouloud et Nidal sont passés à l’étape supérieure: que leur enfant n’ait – officiellement – pas de religion. Né le 30 septembre dernier, Ghadi est donc le premier bébé dont l’état civil ne stipule pas de confession, ainsi que l’a prouvé la jeune mère en postant sur Twitter une photo du document.
Depuis leur mariage, une dizaine d’unions civiles ont été prononcées au Liban: «Nous avons été combattus par des hommes de religion qui nous ont blâmés et exercé sur nous des pressions considérables, sans compter les menaces. Et nous n’avons reçu le soutien d’aucun responsable politique. Mais nous continuerons d’aller de l’avant», a promis Nidal. Ghadi, quant à lui, peut dormir tranquillement: sa religion, il la choisira lui-même.
Publié le 2 novembre.

L’EXPRESS
Pays: France.
Genre: hebdomadaire.
Diffusion: 433000 exemplaires par semaine.

 

L’hebdomadaire consacre un long article à l’affaire Falciani, du nom d’un informaticien ayant livré à la France des milliers de données confidentielles dérobées chez la HSBC en 2009, qui a effectué à l’époque un mystérieux voyage au Liban.
Le 4 février 2008, Hervé Falciani et Georgina Mikhael atterrissent à Beyrouth. Ils doivent rencontrer huit responsables de banques dans les jours qui suivent. Certains rendez-vous ont été pris avant le voyage, d’autres le seront sur place. Hervé Falciani ne se présente pas sous sa véritable identité, mais sous le pseudonyme de Ruben el-Chidiak. Il prétend qu’elle lui a fourni un faux passeport libanais à ce nom. Mais c’est sur les raisons du voyage que les récits divergent le plus.
Selon elle, il proposait en fait des listes contenant des informations confidentielles, un procédé illégal, compte tenu du secret bancaire. Elle affirme avoir vu des données cryptées, «sous forme d’astérisques». A l’issue d’un entretien avec un responsable de la banque libanaise Audi, celui-ci alerte les autorités suisses. Hervé Falciani, lui, fait un récit rocambolesque où des espions traquent une taupe islamiste infiltrée au sein de la HSBC. Tout commence le 24 août 2007, peu avant minuit. Deux barbouzes, «un gros costaud et un rouquin», le font monter dans une camionnette et le conduisent dans le sous-sol d’une synagogue. Cette «prise de contact musclée», selon les termes du tribunal, vise à informer Hervé Falciani qu’un élément lié à un groupe islamiste terroriste a infiltré la banque HSBC.
Publié le 30 octobre.

LA CROIX
Pays: France.
Genre: quotidien catholique.
Diffusion: 100000 exemplaires par jour.

Le quotidien d’obédience chrétienne revient sur la situation de la région du Akkar. Le Akkar, qui compte entre 200 à 300 villages, est l’une des régions les plus défavorisées du Liban, délaissée depuis des années par l’Etat libanais qui n’investit ni dans les infrastructures de base, ni dans les industries. Près de 80% des gens du Akkar travaillent dans l’agriculture, le maraîchage et la culture des arbres fruitiers. Selon le Pnud, plus de 60% de la population locale vit au-dessous du seuil de pauvreté.
Ahmad est père de dix enfants. Cinq de ses six garçons vivent à l’étranger, en Ukraine, au Danemark, en Norvège, en Allemagne et le dernier est parti lui aussi en Australie. Ceux qui travaillent envoient de l’argent à la famille, pour aider à payer les études des quatre filles. Son dernier fils est à Beyrouth, il travaille comme serveur dans un restaurant. «La vie, dans notre région, est compliquée, dit Ahmad. Les familles sont pauvres et trop nombreuses. Aujourd’hui, les familles n’ont plus les moyens d’envoyer leurs enfants à l’université, ils interrompent leurs études après la terminale. Les hommes espèrent tous entrer dans l’armée ou dans la gendarmerie, ce qui leur garantit un salaire tous les mois et la Sécurité sociale». La région du Akkar fournit le gros des troupes de l’Armée libanaise.
Publié le 29 octobre.

DAILY OBSERVER
Pays: Gambie.
Langue: anglais.
Genre: quotidien.
Diffusion: 8500 exemplaires par jour.

Le grand quotidien du pays s’intéresse à Hussein Tajeddine, un multimillionnaire libanais.
Le président gambien Yahya Jammeh a gracié le multimillionnaire libanais Hussein Tajeddine, déclaré persona non grata et expulsé de Gambie en juin pour «activités économiques indésirables», qui est désormais libre de revenir au pays, selon un communiqué officiel.
En juin, Hussein Tajeddine, qui fut un proche de Yahya Jammeh, avait été accusé d’avoir développé des «activités économiques indésirables» en Gambie et d’avoir été impliqué dans la vente d’aliments périmés, avait alors affirmé à l’AFP un enquêteur gouvernemental. Il avait été déclaré persona non grata et expulsé du pays. Tajeddine résidait en Gambie depuis quinze ans, il possède la plus grande chaîne de supermarchés du pays (Kairaba) et était le principal importateur de riz et de farine via une de ses sociétés (Tajco). Son expulsion avait été suivie de l’interdiction de l’importation de cuisses de poulet congelées, mais le gouvernement n’avait fait aucun lien entre ces deux décisions.
Publié le 1er octobre.

Julien Abi Ramia
 

Top Thèmes
Cette semaine, les trois sujets les plus traités par la presse internationale sont:
– Les deux Allemands enlevés vendredi dernier, relâchés quelques heures plus tard, puis arrêtés par les autorités pour trafic de stupéfiants.
– La situation des réfugiés syriens au Liban.
– La naissance de Ghadi, le premier bébé libanais né sans religion.

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