Jusqu’au 17 novembre, deux ans après une première édition qui a réuni plus de
45 000 visiteurs, le Classic Car Show reprend place dans les souks de Beyrouth pour offrir aux curieux les plus belles perles du parc automobile libanais d’autrefois.
Sur nos routes endiablées où le tape-à-l’œil fait loi, la relation amoureuse qu’entretiennent les Libanais avec les belles voitures saute aux yeux. Le trafic s’arrête presque lorsque les plus convoitées passent. Des hautes sphères aux couches les plus populaires, la voiture est un marqueur social. Néda Ziadé et Roula Doueidy, les organisatrices de l’exposition, en ont fait un marqueur historique. Du Venue Hall au souk el-Tawilé, en passant par le souk Arwam et la Place Ajami, 90 véhicules de collection, homologués par la Fédération internationale des véhicules anciens (Fiva), ont pris possession des allées. Le visiteur, dont le parcours est balisé par des tapis rouges, est invité à entrer dans la caverne de Ali Baba. Jusqu’à présent, le parc libanais d’automobiles de collection était parcellaire. Si le travail des organisateurs a permis de réunir les plus grands collectionneurs du pays, certaines perles qui ont disparu des écrans radar traînent encore dans des garages ou sous des bâches poussiéreuses. Une absence dorée qui promet pour les prochaines éditions.
Celle-ci apporte son lot de belles découvertes. L’exposition comporte trois sections différentes. La partie remake est destinée aux amateurs de tuning, l’art de remodeler les voitures. Le modèle original trône à côté du véhicule revisité. L’aile consacrée au rallye fait la part belle à nos meilleurs pilotes sur asphalte. Leurs voitures et accessoires sont exposés. Mais c’est la première partie, la plus spectaculaire, regroupant les voitures de collection, qui attirera les regards. Toutes les voitures exposées ont visiblement été choyées par leurs propriétaires. Sous les projecteurs, elles brillent de mille feux. Aucun rajout de pièces antidatées, tout est d’époque. Sans doute parce qu’elles sont des rescapées de la guerre civile qui a détruit une grande partie du patrimoine automobile de l’époque. L’atmosphère des belles années a été reconstituée au moyen d’affiches et de photographies en noir et blanc, témoins d’antan d’un monde chéri dans lequel les voitures occupent une place importante.
Devant une fresque reproduisant les jardins du palais de Beiteddine, les voitures présidentielles utilisées par nos chefs d’Etat successifs, sont les stars de l’expo comme la Bentley S2 1961 de Camille Chamoun ou la Mercedes-Benz 1951 du président Béchara el-Khoury. A leurs côtés, les plus belles réalisations de Cadillac, Austin, Ford, Lotus, Maserati, Rolls-Royce et Triumph. Les plus anciennes voitures datent de 1920. Les exposants stoppent la machine à remonter en 1975, au moment où le Liban de ces voitures d’antan ouvre une nouvelle page de son histoire. Une façon ludique de célébrer une époque qui s’évapore inexorablement de notre inconscient collectif.
Julien Abi Ramia