Magazine Le Mensuel

Nº 2924 du vendredi 22 novembre 2013

  • Accueil
  • general
  • Johanne Gagnon. «L’infirmière doit développer son esprit critique»
general

Johanne Gagnon. «L’infirmière doit développer son esprit critique»

De passage au Liban dans le cadre d’un partenariat entre le département des Sciences infirmières de la faculté de santé publique de l’Université Antonine et celle de l’Université Laval du Québec, Johanne Gagnon, infirmière et professeure titulaire à l’Université Laval, souligne l’importance de la lecture critique d’une recherche scientifique dans la pratique professionnelle. Magazine l’a rencontrée.

Quel est le but de votre visite au Liban?
Ma visite s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec l’Université Antonine, et plus précisément dans le programme de maîtrise (master) en Sciences infirmières. Je donne ainsi un cours obligatoire sur la lecture critique en recherche scientifique, c’est-à-dire la recherche dans sa pratique. Un cours que je donne également à l’Université Laval du Québec. L’objectif du cours est de renforcer les capacités intellectuelles d’analyse, de synthèse et de jugement critique favorisant l’évolution de la qualité des soins infirmiers.

Quel est l’avantage d’un tel partenariat?
Le programme en master permet aux étudiants en sciences infirmières de l’Université Antonine de réaliser un stage de recherche à l’Université Laval et de bénéficier de l’expertise et de l’encadrement personnalisé des chercheurs de la faculté des sciences infirmières. Au terme de leur formation, les diplômés de ce programme pourront aussi poursuivre leurs études dans le programme de doctorat en Sciences infirmières ou en Santé communautaire de l’Université Laval. Cela dit, je profite également de mon séjour pour donner une conférence liée à ce cours.

Quel est le sujet de votre conférence?
Il s’agit des compétences que les infirmières doivent développer pour exercer cette pratique. La conférence-débat, sur le thème L’intégration des données probantes dans la pratique professionnelle: compétences à développer pour soutenir les milieux de soins, s’adresse aux étudiants de master et à tous les professionnels de la santé. C’est mon champ d’intérêt, parce que pour exercer une pratique fondée sur la recherche, on doit savoir lire cette dernière. Plusieurs recherches nous viennent de l’étranger, comme les Etats-Unis ou l’Europe. Or, il faut savoir comment les adapter dans son contexte à soi. Le sujet est très lié au cours que je donne sur la lecture critique de la recherche. Une fois que les infirmières ont appris le cours, il faut voir comment le mettre en pratique. L’infirmière doit, selon moi, acquérir des connaissances et  prendre du temps pour lire la recherche. La compétence doit se développer individuellement mais aussi organisationnellement.  

Quelle est l’importance de ce débat?
La lecture de la recherche permet aux infirmières et aux infirmiers d’être à jour. Ils doivent se demander si ce qu’ils font professionnellement est juste ou devront-ils changer de pratique? Les données de recherche sont-elles différentes de ce qu’ils font? S’appliquent-elles à notre contexte? Comment peut-on les utiliser pour de meilleurs soins? Autant de questions que l’infirmière et l’infirmier devront se poser dans la pratique professionnelle. Parce qu’il faut savoir que les Sciences infirmières sont une discipline scientifique et non seulement professionnelle. Les soins sont basés sur des données de recherche et des données récentes qui vont améliorer les soins.

Le rôle des infirmières a-t-il évolué dans la pratique?
Les infirmières ont tendance à être passives et sont souvent sous la direction des médecins ou des gestionnaires. Or, les infirmières ont un contact très privilégié avec les patients. Elles doivent donc être plus actives, plus autonomes et aller chercher elles-mêmes les informations. Elles doivent apprendre par elles-mêmes. L’apprentissage ne doit pas s’arrêter après les études universitaires. Les connaissances évoluent rapidement et nous devons profiter des nouvelles technologies pour y accéder. Il faut que l’infirmière prenne des initiatives personnelles et s’auto-responsabilise. L’infirmière doit développer son esprit critique. Mes étudiants pourront à leur tour transférer leurs connaissances et être des agents de changement dans le milieu clinique.

Propos recueillis par Nada Jureidini

Related

Bogdanov, Girault et les autres… Valse diplomatique à mille temps

Alexandre Manoli, psychologue «La meilleure prévention, la présence auprès de l’ado»

Elie Assaf. Le serviteur de la République

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.