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Nº 2897 du vendredi 17 mai 2013

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POLITIQUE

La riposte aux raids israéliens. Nasrallah redistribue les cartes

Quelques jours après les raids israéliens en Syrie, marquant l’intervention directe de l’Etat hébreu dans le conflit, sayyed Hassan Nasrallah fixe de nouvelles règles du jeu. Au menu, des armes nouvelles et une possible implication dans le Golan.

Pour peu, il s’agirait presque de la réponse du berger à la bergère. Si la Syrie n’a pas répliqué aux raids aériens d’Israël, dimanche dernier, son allié, Hassan Nasrallah, s’est chargé de le faire. Sans missile ni drone. Uniquement par un discours jugé très important par la plupart des analystes de la situation régionale.
Alors qu’il s’exprimait le 8 mai à l’occasion du 25e anniversaire de la radio al-Nour, organe du parti, le leader du Hezbollah a parlé sans ambages. «Les Israéliens savent que la Syrie est la source de la force de la Résistance libanaise et palestinienne», a-t-il ainsi affirmé. «L’objectif des raids israéliens sur Damas est de dire à la Syrie que si elle continue à soutenir le Hezbollah, le régime syrien tombera et ce sera la guerre. Israël veut éliminer la Syrie du conflit arabo-israélien», a poursuivi le sayyed.
Et d’asséner, après cet état des lieux, que désormais «la Syrie donnera à la Résistance de nouveaux types d’armes capables de changer l’équilibre des forces dans la région». Une déclaration qui fait écho à celle de Bachar el-Assad faite plus tôt dans la journée. Ce dernier aurait confié vouloir «tout donner au Hezbollah», en guise de reconnaissance de son soutien.
L’Etat hébreu, qui, en intervenant dans le conflit syrien via des raids, avait cru pouvoir changer la donne, se retrouve finalement face à une nouvelle équation.
D’autant que le leader du Hezbollah ne s’est pas arrêté là dans ses déclarations. «Vous avez ouvert la voie à la création d’une résistance populaire pour la libération du Golan occupé. Puisque la Syrie est restée aux côtés du Liban durant la guerre, nous allons rester à ses côtés et lui fournir un soutien militaire et logistique pour libérer le Golan occupé», a-t-il averti.

Une réponse stratégique
Ceux qui attendaient une riposte armée de la part du régime syrien et de ses alliés, après les raids israéliens, auront été peut-être déçus. «L’axe de la Résistance», lui, aura préféré une réponse plus stratégique. Déjà craint par l’Etat hébreu du fait de son stock important d’armes depuis la guerre de 2006, sans oublier ses drones, le Hezbollah aura désormais accès aux armes détenues par la Syrie, autrement plus menaçantes. Lui offrant ainsi une capacité de dissuasion comme jamais auparavant.
En outre, un nouveau mouvement de résistance populaire libano-syro-palestinien, va voir le jour au Golan, alors que les Israéliens ont toujours considéré ce front comme stable. Des groupes palestiniens en Syrie seraient déjà en train de former des unités de combat. Il s’agit, aussi, d’une manière de raviver la lutte armée pour la Palestine, qui s’est considérablement essoufflée ces dernières années. Nasrallah a, d’ailleurs, violemment critiqué la Ligue arabe et les pays arabes, qui considèrent la cause palestinienne comme un «fardeau historique».
Pour l’heure, en Israël, les menaces sont clairement prises au sérieux, même si la classe politique est restée étonnamment silencieuse. Le Yediot Aharonot enjoint ainsi les officiels israéliens à prendre «au sérieux les menaces de Nasrallah», d’autant que l’homme «tient toujours ses engagements». Ynetnews souligne même que ces menaces sont à prendre plus au sérieux quand elles sortent de la bouche du sayyed, que d’Assad.
Le Jerusalem Post estime que les raids israéliens avaient pour objectif de modifier l’équation au niveau des armes livrées par l’Iran au Hezbollah. Dans un article paru sur Ynetnews.com, Orly Azoulay, condamne ces raids, qui n’ont eu d’autres effets que de «conforter Assad» et d’«allumer la mèche qui pourrait aboutir à la prochaine guerre». Les Israéliens sont également inquiets d’éventuelles coupes budgétaires qui pourraient toucher… la Défense.
En attendant, Israël tente par tous les moyens de convaincre la Russie de ne pas vendre de missiles sol-air S-300 à Damas, craignant qu’ils tombent entre les mains du Hezbollah. Moscou reste dans le flou, en assurant à Tel-Aviv que de nouvelles livraisons ne sont pas prévues, hormis celles déjà actées par des contrats. A moins qu’ils n’aient déjà été livrés…

Jenny Saleh
 

Un troisième raid?
Dans Le Figaro, le journaliste Georges Malbrunot fait état d’un troisième raid israélien, mené dans la nuit du 27 au 28 avril dernier, resté étrangement sous silence. Citant des sources diplomatiques et militaires, Malbrunot rapporte que «la cible visée aurait été un centre de commandement militaire en charge de la gestion des armes chimiques, et non pas un centre de stockage de ces armes». Et de s’interroger: «Pourquoi le régime syrien n’a-t-il rien dit sur ce premier raid? Probablement pour ne pas apparaître dans la position de celui qui ne peut réagir à «une telle agression». A partir du moment où ces raids se sont ensuite multipliés, Damas a dû sortir de sa réserve, reconnaissant les frappes israéliennes, d’autant que celles-ci ont fait de nombreux tués parmi les membres de la garde républicaine.

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