Magazine Le Mensuel

Nº 2933 du vendredi 24 janvier 2014

Economie & Finances

Hausse du coût de la vie. L’échelle des salaires dans les tiroirs du Parlement

Après avoir été approuvé en mars 2013 par le gouvernement démissionnaire de Najib Mikati, le projet de l’échelle des salaires a fait l’objet de certains amendements de la part de la Commission parlementaire de l’Administration et de la Justice. Depuis cette date, il a été mis dans les tiroirs de la Chambre des députés en attendant Godot, les institutions de l’Etat étant dans une situation de paralysie jusqu’à nouvel ordre. Pendant ce temps, seuls les fonctionnaires paient les pots cassés. Accusés à tort d’être à l’origine de tous les maux financiers de la République, il n’en demeure pas moins qu’ils doivent cumuler plusieurs emplois pour subvenir aux besoins vitaux de leurs familles et lésiner, par conséquent, sur leurs obligations professionnelles principales, étant donné le niveau très bas de leurs salaires. Comment peut-on refuser aux employés du secteur public un tel réajustement de salaires au moment où ceux-ci n’ont été réajustés qu’à deux reprises depuis 1997? En 2008, il y a eu une augmentation forfaitaire des salaires de 200 000 livres et une autre modification à la hausse variant entre 175 000 livres et 300 000 livres en 2012. Cette augmentation des salaires a été considérée insuffisante par les employés et les enseignants du secteur public, le taux d’inflation ayant dépassé 100% depuis 1997. Ceci a conduit à ce que la part des salaires du PIB baisse à près de 22%, alors que celle-ci représentait environ 60% dans les années soixante-dix. Le nombre des fonctionnaires et enseignants du secteur public, qui seraient touchés par l’application de cette échelle des salaires, est de 230 000, soit 16% de la force active. En refusant le droit des fonctionnaires à une vie décente, les autorités politiques seraient en train de porter un coup de grâce à la classe sociale moyenne, qui a été jusqu’à récemment le moteur de la consommation interne. L’existence de cette tranche sociale, ainsi que les transferts de fonds des expatriés vers leur patrie sont deux composantes fondamentales qui sous-tendent encore l’activité économique au Liban. A défaut, la classe moyenne à elle seule paierait dans un avenir proche le lourd tribut du ralentissement économique au profit d’un segment relativement petit de la société libanaise. Une approche rapide de ce dossier est nécessaire. Elle devrait prendre en considération une équation à cinq paramètres à savoir: les droits, la justice, les moyens, les revenus et la réforme. Mais l’imbroglio semble s’amplifier avec le retrait par le ministre démissionnaire des Finances, Mohammad Safadi, du projet de budget qu’il avait précédemment soumis au gouvernement. De toute façon, entre deux maux il faut bien choisir le moindre, laisse entendre un fonctionnaire, qui ajoute qu’entre l’inflation et le chômage, l’option de l’inflation serait levée étant donné que les répercussions de celle-ci ne seraient que partielles sur la situation financière du fonctionnaire, alors que l’impact du chômage serait ravageur pour celui-ci. Sa réaction est intervenue à la suite des appréhensions exprimées par plus d’un pôle influent concernant une inflation qui résulterait d’une injection massive de liquidités sur le marché.
 

Entreprises
Fred Mouawad crée un software pour une meilleure gestion en temps réel

Fred Mouawad, l’un des héritiers de la compagnie de renommée internationale Mouawad Diamond Jewelry, fondée en 1890, a créé une application software TaskWorld, destinée à aider les entreprises à mieux gérer leur personnel et leurs projets.
L’idée a germé après qu’il eut fondé un conglomérat, Synergia One Group, de huit grandes compagnies dont les activités diversifiées portent notamment sur la construction, la restauration et un fonds commun de placement à risque. Cette application permet de suivre «en temps réel» l’accomplissement du travail de chaque employé au sein de l’entreprise et de constituer un dossier sur les échos de son rendement. «Ce qui permettrait de nommer la bonne personne au bon emplacement», a-t-il dit, convaincu que «le succès d’une entreprise s’appuie bien sûr sur une idée pertinente qui sort des sentiers battus, mais dépend également de l’emplacement des personnes autour de la table». Il existe déjà une large panoplie de softwares dans cette catégorie. A titre indicatif, on citera HiTask, Basecamp, Huddle et Evernote. Fred Mouawad est détenteur d’un EMBA de Stanford et d’un MBA de Harvard.

 

Rendements
Les actions bancaires recommandées

Les actions bancaires cotées continuent d’offrir de bons rendements en dollars en termes de taux de distribution des bénéfices ou de dividendes, selon une analyse d’EFG-Hermès. En revanche, elles seraient toujours sous-évaluées, le principal catalyseur des actions libanaises étant la politique. Ainsi, une amélioration de la situation politique signifierait des perspectives d’une meilleure croissance économique, qui aurait pour conséquence une meilleure performance de la bourse. Parallèlement, une croissance saine des agrégats du secteur bancaire domestique a été enregistrée en novembre dernier, ses avoirs s’étant accrus de 1,3 milliard de dollars, ses dépôts de 1,1 milliard de dollars et ses prêts accordés de 0,3 milliard. Cette performance en novembre 2013 a tiré vers le haut le bilan des banques. Sur les onze premiers mois de 2013, les avoirs du secteur bancaire ont progressé de 10 milliards de dollars, sous-tendus par une croissance de la base des dépôts des clients. Ceux-ci ont augmenté de 8,1 milliards de dollars à fin novembre 2013, alors que cette hausse était de 7,4 milliards un an auparavant sur la même période. La croissance des dépôts a représenté 82% de celle de l’activité bancaire. Une analyse de la structure des dépôts au cours du mois de novembre a montré que les fonds des non-résidants ont représenté une part de 37% de l’ensemble de la croissance de la base des dépôts, alors que celle des résidants s’est élevée à 20%. D’ailleurs, c’est cet accroissement des dépôts qui permet aux établissements de crédit de poursuivre le financement de l’Etat.
Les banques couvrent la dette publique en souscrivant aux émissions de titres souverains et à l’échéance de celles-ci, elles rachètent les titres en incluant les intérêts. Et comme les banques financent près de 60% de l’endettement du gouvernement, ceci se traduit par le fait que chaque fois que le ministère des Finances émet une obligation de 5 000 livres, les banques doivent en couvrir 3 000 livres. Sur cette base, les établissements de crédit se doivent de s’assurer une progression annuelle de 6% de leurs dépôts.

Liliane Mokbel

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