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Trafic de Captagon

Le Hezbollah couvrait-il les frères Moussaoui?

Loin des caméras, le Hezbollah aurait arrêté Hachem Moussaoui, frère du député Hussein Moussaoui, avant de le remettre quelques jours plus tard aux autorités libanaises. C’est du moins ce que des sources proches du parti avancent. Mais d’autres versions assurent que Moussaoui, accusé de trafic de stupéfiants, court toujours.

L’information a filtré à travers un journal proche du 14 mars: Hachem Moussaoui, frère du député Hussein Moussaoui, est accusé de trafic de stupéfiants. Jihad Moussaoui, un autre frère du fondateur du mouvement Amal islamique, un des premiers noyaux du Hezbollah, serait également impliqué.

L’embarras causé par cette affaire ne s’est pas limité aux membres de la famille, car Hachem Moussaoui fait aussi partie du Hezbollah et suivait des études religieuses dans la Hawza (école religieuse) de l’Imam al-Mountazar, à Baalbeck. Il y a quelques mois, il a même obtenu le droit de porter la Abaya. Mais derrière son habit d’ouléma, il cachait d’autres activités beaucoup moins respectables: la production de Captagon, un amphétamine et un stimulant très prisé par les jeunes au Moyen-Orient, surtout dans les pays du Golfe.

Cette affaire tombe au mauvais moment pour le Hezbollah, dont la réputation d’intégrité et de droiture a été sérieusement écornée, ces derniers temps, surtout après le démantèlement dans ses rangs d’une cellule qui collaborait avec la CIA. Toutefois, des sources proches du Hezbollah notent que le parti n’a rien à se reprocher dans cette affaire, d’autant que Hachem Moussaoui a été démasqué par ses propres services, qui ont suspecté les signes de richesse soudainement apparus sur le frère du député. Ces sources ajoutent que «c’est grâce aux investigations menées par les services de sécurité du parti que l’usine qui produisait ces stupéfiants, à Choueifat, a pu être découverte et démantelée». «Le Hezbollah a prouvé une nouvelle fois qu’il ne tolérait pas et ne protégeait pas les hors-la-loi, refusant ainsi de soutenir les accusés ou de faire pression pour étouffer l’affaire», poursuit la même source.

 

Inter-Versions contradictoires

Les informations sur le lieu exact de l’usine sont contradictoires. Certaines versions indiquent que Hachem Moussaoui a monté son business illégal dans un entrepôt de la banlieue sud, où il pouvait produire jusqu’à un million de pilules de Captagon par mois. D’autres assurent que l’usine se trouvait dans le village de Britel, proche du fief familial des Moussawi.

Ce n’est pas la seule confusion. Des sources affirment ce sont les autorités libanaises qui ont découvert l’usine tournant à plein régime. «Les forces de sécurité libanaises ont suivi un fil qui les a menés tout droit vers l’usine en question. A leur grande surprise, ils ont découvert qu’elle appartenait à Hachem Moussaoui, révèlent ces sources. Les plus hautes instances au ministère de l’Intérieur ont alors contacté des responsables du Hezbollah qui ont assuré que le parti n’était pas impliqué dans ce trafic, demandant aux forces de l’ordre de faire le nécessaire. Mais le Hezbollah s’est abstenu de remettre les deux frères à la police». Les autorités libanaises, quant à elles, n’ont pas communiqué sur cette affaire, refusant de préciser si les deux frères Moussawi ont été arrêtés. Cependant, la chaîne libanaise MTV assure que Hachem et Jihad Moussaoui courent toujours et ont trouvé refuge dans la maison familiale, à Nabi-Shit.

Cette affaire suscite un grand nombre d’interrogations. Depuis combien d’années Hachem Moussaoui gère-t-il ce business? Pourquoi le Hezbollah, supposé tout savoir sur les activités dans les régions à majorité chiite, précisément dans le Hermel et la Banlieue Sud, n’a rien fait pour mettre un terme à ce trafic? Walid Raad

 

Un député discret

 

Originaire du village de Nabi-Shit, Hussein Moussawi s’est fait un nom en annonçant la première dissidence au sein du Mouvement Amal, en 1982, formant ainsi un nouveau courant plus religieux et, surtout, plus proche de la République islamique d’Iran. Depuis, il est considéré comme l’homme des Iraniens. Et même après avoir contribué à la fondation du Hezbollah, il a gardé une certaine indépendance due à ses rapports privilégiés avec Téhéran. La décision du Hezbollah de le choisir comme candidat aux élections de 2009 pour remplacer Hussein Husseini avait alors surpris.

Hussein Moussaoui reste sans aucun doute le député le moins connu du Hezbollah, car non seulement il n’aime pas les médias, mais il est hanté depuis des décennies par des craintes pour sa sécurité personnelle, ce qui rend ses déplacements assez rares. Une attitude réservée qui ne plaît pas beaucoup aux électeurs de la région.

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