Magazine Le Mensuel

Nº 2888 du vendredi 15 mars 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Réconciliation au sein du Fateh?
Des proches du président palestinien, Mahmoud Abbas, assurent que la réconciliation entre leur chef et l’ancien dirigeant du Fateh, Mohammad Dahlan, est envisagée. Ramallah, qui sait que la réconciliation avec le Hamas est quasi impossible vu les conditions avancées par Khaled Mechaal, espère au moins unifier ses rangs. Si on ajoute à cela les fortes pressions jordaniennes et émiraties sur les deux hommes pour enterrer la hache de guerre, il est très probable de voir Dahlan bientôt à la Moukataa. Dahlan, originaire de Gaza, est une personnalité politique incontournable face aux islamistes qui contrôlent la bande de force depuis 2006. Abou Dhabi et Amman, tous deux inquiets de l’influence grandissante des Frères musulmans dans le monde arabe, considèrent que la priorité du Fateh devrait être le combat contre le Hamas et non les conflits internes. 

 

Les Peshmergas entrent en jeu
Depuis l’éclatement de la crise syrienne, les Kurdes d’Irak avaient préféré adopter une position neutre face aux développements sur le terrain. Mais ce n’est plus le cas. Après la débâcle des troupes régulières syriennes dans la province de Raqa, les Kurdes ont pris le devant de la scène en fournissant la rébellion en hommes et en armes. Les milices Peshmergas sont même allées jusqu’à empêcher l’armée irakienne de se déployer dans la province frontalière de Sinjar, sous prétexte que c’était une région disputée. L’Irak pourrait-il être le premier pays dans la région à imploser à cause du conflit syrien qui dure depuis deux ans?

Mohammad el-Magariaf président du Congrès général national (Parlement) libyen, vient d’échapper de justesse à une tentative d’assassinat, alors qu’il quittait en toute hâte le congrès après l’occupation du bâtiment par des hommes armés. Son crime est d’avoir osé reporter le vote sur une loi très controversée visant à priver les fidèles de Kadhafi de tout rôle politique à l’avenir. Mais les miliciens de Misrata et de Zentan n’ont pas apprécié ce geste et se sont attaqués directement au chef du Législatif qu’ils jugent trop mou et trop conciliant.     

Le Hamas a choqué la société palestinienne et la communauté internationale en prenant la décision très controversée d’interdire aux femmes de prendre part au troisième marathon de Gaza. Selon les islamistes, il serait intolérable de voir la gent féminine participer à de tels événements sportifs, car ceci «va à l’encontre des traditions du peuple palestinien». Résultat: l’Unrwa, ne pouvant accepter une telle atteinte aux droits des femmes, a purement et simplement annulé la course prévue pour le 10 avril. Face à ce nouvel affront de la part du Hamas, les organisations palestiniennes des droits de l’homme et des femmes se sont mobilisées, condamnant fermement l’attitude du mouvement qui détient le pouvoir à Gaza envers les femmes, traitées comme des citoyens de second degré.  

Tu ne toucheras pas à mon frère!
Depuis l’accession au pouvoir en Afghanistan de Hamid Karzai, le pays a été secoué par plusieurs scandales financiers dont la plupart impliquaient des proches du président. Mais la faillite de la Banque de Kaboul, en 2010, reste sans doute l’un des plus choquants, le frère de Karzai étant l’un des membres influents du conseil d’administration de l’établissement. Alors que les observateurs s’attendaient à voir la justice condamner sévèrement Mahmoud Karzai pour avoir dérobé 75 millions de dollars, la surprise a été de taille. Les juges l’ont purement et simplement exclu de leur sentence. Ce scandale a poussé la Banque mondiale à suspendre son aide financière à l’Afghanistan, la corruption grandissante rendant impossible tout programme de réforme économique dans le pays.
 

En pointillé…
L’ancien chef d’état-major de l’armée syrienne sous le règne du président Hafez el-Assad, Hikmat Chéhabi, s’est éteint à l’âge de 82 ans dans son exil américain. Le compagnon de la première heure d’Assad père avait joué avec Abdel-Halim Khaddam un rôle primordial dans les années 70 et 80. Il avait même participé en 1994 aux négociations de paix avec Israël. Mais la maladie de Hafez el-Assad l’avait poussé à écarter ce prétendant sunnite à la présidence au profit de son fils Bachar. Depuis, le général Chéhabi n’avait plus exercé aucune fonction publique et avait passé le plus clair de son temps entre Washington et Los Angeles. Avec la révolution en Syrie, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ont tenté de le convaincre de mener bataille contre le régime qu’il a servi pendant plus de trente ans. Mais sans succès. Il a voulu rester loyal à ses idéaux baasistes jusqu’au bout.

Bouteflika appelé à agir  
Le président algérien, Abdel-Aziz Bouteflika, semble épuisé par ses longues années à la tête du pouvoir, laissant ainsi la scène politique abandonnée à elle-même. Alors que les organisations internationales tirent la sonnette d’alarme face à la corruption grandissante au sein du gouvernement, la présidence reste insensible à leurs appels. Dernier épisode en date, l’ouverture en Italie d’un procès contre des responsables algériens qui auraient touché des pots-de-vin pour permettre à des compagnies italiennes d’investir dans le pays. Cependant, des analystes doutent fort de la possibilité de voir le président prendre des mesures pour éliminer ce fléau qui toucherait tous les échelons de l’Etat. Alger, qui a pu rester à ce jour à l’abri du Printemps arabe, ne jouerait-elle pas avec le feu?

Les Ikhwan règlent leurs comptes
L’organisation égyptienne des Frères musulmans, qui contrôle désormais tous les pouvoirs au Pays des Pharaons, semble avoir la famille copte Sawiris dans sa ligne de mire. En effet, les deux frères Onsi et Nassef Sawiris, les plus grands actionnaires dans la gigantesque compagnie Orascom, sont privés de voyage par ordre juridique. Le procureur général, désigné par le président Mohammad Morsi, les accuse d’évasion fiscale. Mais les observateurs assurent qu’à travers les deux frères, c’est toute la communauté copte qui est visée. Leur troisième frère, Naguib, avait osé former un parti politique d’opposition, ce qui n’a pas plu au conseil de la Choura des Ikhwan qui voudrait bien neutraliser cette richissime famille à l’approche des élections parlementaires. Il est clair que Mohammad Morsi utilise des méthodes identiques à celles de l’ancien raïs Hosni Moubarak, allant même jusqu’à les perfectionner! Ce n’est probablement pas ce qu’espéraient les révolutionnaires du 25 janvier 2011.

Les sunnites d’Irak se trouvent un chef
Depuis que des protestations populaires ont éclaté en Irak contre les politiques adoptées par le gouvernement de Nouri el-Maliki, l’action manquait de leader. Mais ce n’est plus le cas puisque le cheikh sunnite Abdel Malek el-Saadi a pris les choses en main. Face aux dérives sectaires de certains protestataires, il a demandé que ces pratiques soient éliminées car, dit-il, «notre action vise à réformer le pays et non à créer des cantons sectaires». Saadi a même ordonné que certains cheikhs sunnites soient mis à l’écart, car ils avaient osé demander la création d’une province semi-indépendante. A Bagdad, ces mesures sont vues d’un très mauvais œil car Maliki profitait de la situation pour mobiliser la communauté chiite contre les provinces ouest du pays, lui permettant ainsi d’échapper aux réformes tant souhaitées.         

Mais où est passé Makdessi?
Jihad Makdessi, ancien porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, qui avait décidé en décembre 2012 de jeter l’éponge, serait au Liban. Des sources à Damas rapportent qu’un accord a été conclu entre le gouvernement syrien et Makdessi, lui permettant de quitter la Syrie sans être inquiété à condition qu’il ne rejoigne pas les groupes d’opposition. Parole tenue puisque, depuis son départ, l’homme évite les médias et, dans ses rares déclarations, prend soin de ne pas s’en prendre à ses anciens chefs. Les vraies causes de son départ seraient dues à une mésentente avec son ministre Walid Moallem, et avec Fayçal el-Mekdad, qui n’appréciaient guère que le jeune diplômé de Londres, proche de la Première dame, Asma el-Assad, leur vole la vedette. Magazine a appris, de sources bien informées, que l’ancien responsable syrien écrirait en toute discrétion ses mémoires, racontant en détail son expérience au ministère des Affaires étrangères. Ces mêmes sources ajoutent qu’il ne faudrait pas s’attendre à voir le livre en vente avant la chute du régime Assad.        

2013 sera une année sans budget pour l’Autorité palestinienne.L’impuissance du gouvernement de Salam Fayad à adopter une loi de finances a poussé le ministre concerné, Nabil Kassis, à démissionner. L’homme très contesté par les syndicats et par les fonctionnaires de l’Etat a préféré jeter l’éponge. Selon lui, il ne pouvait plus faire face aux pressions dont il faisait l’objet. A la surprise générale, alors que le porte-parole de la présidence annonçait qu’Abou Mazen avait refusé cette démission, le Premier ministre, lui, l’a acceptée sur-le-champ. Des sources à Ramallah indiquent que Fayad aurait été irrité par la position d’Abou Mazen, puisqu’il revient uniquement au Premier ministre d’accepter ou de refuser la démission des membres de son gouvernement. Kassis, quant à lui, a précisé que sa position n’était pas due à des différends personnels avec Fayad, mais plutôt au refus de ce dernier d’adopter les réformes nécessaires et courageuses mettant fin au déficit galopant.     

12 millions de dollars ont été versés par l’émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al Thani, au gouvernement grec pour l’achat de six îlots. Situé dans la mer Ionienne, le petit archipel des Echinades, cité dans la fameuse Iliade d’Homère, avait plu au prince alors qu’il était de passage en 2009 avec son entourage. Hamad avait accosté avec son yacht dans l’archipel et ordonné à ses subordonnés d’acquérir les 18 îlots. Les négociations n’avaient pas abouti et Hamad a dû se contenter de six d’entre eux afin de divertir ses 24 fils et trois femmes. Seul problème: la loi grecque interdit la construction de toute habitation dépassant les 250 mètres carrés, ce qui a provoqué la colère du prince qatari qui s’est exclamé: «Ma salle de bains dépasse cette superficie, alors que ma cuisine fait plus de 1000 mètres carrés».

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