Magazine Le Mensuel

Nº 2905 du vendredi 12 juillet 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Que pense Charbel de la Turquie?
L’ambassadeur syrien au Liban, Ali Abdel Karim Ali, a voulu s’enquérir des résultats de la visite en Turquie du ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, parti négocier la libération des otages de Aazaz, et recueillir ses impressions suite aux réunions avec les autorités d’Ankara. Réponse du ministre: «Nous avons trouvé en Turquie ce que vous y aviez trouvé». L’ambassadeur Ali a repris: «Mensonge et manque de loyauté». Charbel a poursuivi: «Nous attendons, ils ont promis de nous aider. Mais on ne peut rien dire avant l’achèvement de la médiation et des efforts entrepris par la Turquie». Le diplomate syrien a alors fustigé le régime turc, comme l’ont rapporté des témoins qui ont participé à la conversation.

 

Chuchotements entre Connelly et Ibrahim
Retrouvailles politiques en marge du dîner donné par le chef de l’Etat Michel Sleiman en l’honneur du président palestinien, Mahmoud Abbas, à Baabda. Après la rencontre entre le président Sleiman et le général Michel Aoun, ce fut au tour des présidents Berry et Mikati de se réunir avec le chef de l’Etat. Présente au dîner, Maura Connelly, ambassadeur des Etats-Unis au Liban, s’est glissée à côté du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, pour un entretien qui a duré plus qu’un quart d’heure. En réponse au commentaire de l’un des invités, le chef de la Sûreté générale a révélé que Connelly a voulu avoir des nouvelles des citoyens américains toujours présents en Syrie. «Vu les bonnes relations que j’entretiens avec les responsables syriens, a-t-il expliqué, plusieurs ambassadeurs occidentaux me sollicitent pour les rassurer sur la situation de leurs ressortissants en Syrie». La relation du général Ibrahim avec les autorités syriennes est connue pour être excellente en matière sécuritaire, abstraction faite des développements politiques. Le Liban, par l’intermédiaire d’Ibrahim, joue un rôle important pour assurer le rapatriement des étrangers de Syrie, via le Liban.

Berry tente d’amadouer Aoun
Un émissaire du président Nabih Berry était à Rabié, la semaine passée, indique un ex-ministre. Le chef de l’Assemblée a voulu sonder le général sur la question de la séance législative et les sujets inscrits à l’ordre du jour pour qu’il choisisse ce qui lui convient, dans une tentative visant à reconstruire les ponts avec Rabié et à obtenir le feu vert du général pour la tenue de la séance et son approbation de l’ordre du jour. Les relations entre Aïn el-Tiné et Rabié s’étaient dégradées depuis que Berry a refusé de soumettre le projet de loi orthodoxe à l’Assemblée générale.

Ali contre la distanciation
L’ambassadeur de Syrie, Ali Abdel Karim Ali, a rencontré une personnalité du secteur économique, en marge d’un événement social, qui lui a demandé comment allait la Syrie. La réponse du diplomate était étonnante: «Tout va très bien, a-t-il dit, mais ce que nous ne comprenons pas, c’est la politique de distanciation adoptée par le gouvernement». La personnalité lui a rétorqué qu’il fallait plutôt aborder cette question avec les politiques et les ministres. «Nous sommes conscients du danger qui menace la région, et le Liban doit avant tout donner la priorité à ses propres intérêts, a poursuivi l’économiste. Il n’est pas concevable, après tous les sacrifices consentis aux causes arabes, que notre pays s’implique dans les conflits régionaux». La réponse a déplu à Ali qui a fait appel, pour soutenir sa thèse, à un ministre connu pour ses liens avec le régime de Damas…

 

Plus de vitres fumées pour tous
Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, est submergé par les appels depuis que les patrouilles des Forces de sécurité intérieure (FSI) rédigent des contraventions contre les véhicules dotés de vitres fumées, en application d’une décision du ministère. Des instances influentes exercent des pressions sur le ministre afin qu’il suspende l’exécution de cette décision ou qu’il fasse des dérogations. Charbel est déterminé à appliquer la loi à tous sans exception, ce qui a provoqué quelques tensions avec ses collègues et certains politiques qui veulent échapper à cette mesure. On raconte que les agents de la circulation ont arrêté l’épouse d’un député et ex-ministre, lui ont retiré le fumage des vitres de son véhicule et dressé un procès-verbal, bien qu’elle se soit présentée. Le ministre Charbel refuse de traiter toutes les réclamations portant sur ce dossier.

Tiraillements au 14 mars
Les antagonismes internes de la coalition du 14 mars se répercutent sur le positionnement de ce camp qui ne respecte plus ses engagements et les ententes conclues, selon l’analyse des milieux proches de Aïn el-Tiné. Cette tendance se traduit, poursuivent-ils, par le rejet des accords fixés pour faciliter la vie des Libanais et par le torpillage des chances de réconciliation dans le pays. En moins de cinq semaines, deux désistements majeurs ont été enregistrés: premièrement, après l’accord sur la prorogation du mandat parlementaire, les membres du 14 mars se sont vite rétractés sans défendre leur engagement devant le Conseil constitutionnel. Deuxièmement, ils se sont insurgés contre la séance législative après avoir approuvé sa tenue et son ordre du jour, dans le cadre du bureau du Parlement. Selon les mêmes milieux, l’ex-Premier ministre Saad Hariri avait contacté le président Nabih Berry pour lui exprimer son appui à la tenue d’une séance exceptionnelle, avant qu’on ne lui transmette que le président Fouad Siniora y est opposé.

Hassan Nasrallah satisfait
Dans le cadre d’un huis clos, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a exprimé devant les cadres et hauts responsables du Hezb, sa satisfaction quant aux développements enregistrés en Syrie et au Liban. Catégorique, il a dit: «Malgré tout ce climat d’exacerbation, les résultats des événements seront favorables à la Résistance. Les prochains jours vont confirmer la justesse de nos choix au cours des deux dernières années, qu’il s’agisse du Liban ou de la Syrie».

 

Le «Mabrouk» de Berry à Connelly
Au cours du dîner présidentiel, le ministre démissionnaire de la Santé, Ali Hassan Khalil, s’est rapproché muni de son portable, des présidents Michel Sleiman, Nabih Berry, Najib Mikati et du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour leur faire écouter live le communiqué du général Abdel Fattah el-Sissi. Le chef de l’Assemblée lui a alors demandé d’aller vers Maura Connelly, l’ambassadeur des Etats-Unis, et de lui transmettre son «Mabrouk». Le ministre Khalil s’est exécuté et Connelly s’est retournée, surprise, vers le président Berry.

 

Joumblatt prêche l’entente
Le député Walid Joumblatt s’active sur l’axe Aïn el-Tiné – Maison du centre. Objectif: rapprochement des points de vue, en profitant de la normalisation des relations entre les deux premières présidences. Les crispations chiites-sunnites sont fort inquiétantes, selon Walid bey, surtout qu’elles se traduisent par la paralysie des institutions étatiques. C’est pourquoi, il tente d’encourager un règlement interne qui empêcherait une plus grande dégradation. L’élément déclencheur de cette entente souhaitée pourrait être le retour du général Achraf Rifi à la tête des Forces de sécurité intérieure (FSI), comme l’avancent certaines sources. Celles-ci ajoutent que le président de l’Assemblée Nabih Berry n’a jamais été opposé à la reconduction du mandat du général Rifi, malgré tous les propos véhiculés à tort et à travers par les médias, avant la démission du cabinet Mikati. Joumblatt est confiant en la capacité du président Berry à trouver une issue d’urgence qui réactiverait les institutions, notamment le Parlement dont le verrouillage est rejeté par le chef du Parti socialiste progressiste, sous n’importe quel prétexte. Mais un député proche de Berry signale qu’Abou Moustafa attend que l’autre camp fasse le premier pas, parce que c’est lui qui a réclamé la tenue de la séance parlementaire, et qui l’a boycottée par la suite. Ce camp devrait assumer les responsabilités de ses décisions, pense-t-il, lui conseillant de se retirer du jeu des échéances régionales qui finissent par devenir lassantes.

Le Fateh pour la neutralité des camps
La visite du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au Liban a eu un effet positif sur les relations libano-palestiniennes, estiment les sources du président Nabih Berry. Abou Mazen a rassuré le chef de l’Assemblée en lui disant que l’Autorité à Ramallah, et le Fateh en particulier, ne permettront pas l’immixtion des camps palestiniens dans les conflits internes. Ces sources révèlent que la crainte d’une nouvelle ingérence palestinienne, dans les affaires libanaises, provient des informations selon lesquelles le Hamas aurait plaidé auprès de responsables libanais la cause du cheikh Ahmad el-Assir et aurait préparé une opération ratée pour l’exfiltrer de Saïda. Le démenti de Hamas, poursuit la source, ne modifie pas la réalité. D’ailleurs, le mouvement palestinien commence à récolter ce qu’il a semé en Syrie au double plan arabe et international. Le chef de Hamas, Khaled Machaal, cherche depuis des mois à se rendre en Russie, sans réussir à obtenir un rendez-vous. Signe du mécontentement russe, disent les sources, Moscou étant dépité par le rôle régional du mouvement. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères qui était à Beyrouth en avril passé, s’est d’ailleurs réuni avec les mouvements palestiniens et les partis libanais sans inclure les représentants de Hamas dans son agenda. La visite prolongée du président Abbas à Beyrouth a eu lieu après la réactivation de la coordination et de la coopération entre le Fateh et les autorités syriennes, il y a quelques mois.

La Jamaa pleure Morsi
La Jamaa islamiya se retrouve dans une situation inconfortable après le renversement du président Mohammad Morsi en Egypte. Elle cherche en vain une couverture arabe, d’autant plus que l’Arabie saoudite et plusieurs Etats du Golfe rejettent le projet international des Ikhwan qui vise à dominer les pays arabes. Une source informée dévoile que le changement de ton de certains responsables de la Jamaa, dont le responsable de Saïda, Bassam Hammoud, qui ont mis un bémol à leurs menaces et leur discours provocateur, ne les a pas empêchés d’attaquer à l’interne le roi Abdallah Ben Abdel-Aziz, qui a transmis ses félicitations au président égyptien de transition, Adly Mansour. Quant au chef du bureau politique de la Jamaa, Azzam Ayoubi, il a qualifié sur sa page Facebook, les félicitations de Saad Hariri à Mansour de ridicules. Il a ajouté: «L’instrumentalisation des militaires pour soutenir la minorité opposante est-elle devenue une chose naturelle qui mérite des félicitations? A-t-il oublié que lui et son courant ont été les victimes de la même manœuvre que celle à laquelle a eu recours l’opposition égyptienne avec le président élu Morsi? S’agit-il de suivre le projet de laïcisation qui combat tout ce qui est islamique et qui se recoupe aujourd’hui avec le projet de l’Iran, de la Syrie, du Hezbollah et d’Israël?». Quant au député Imad el-Hout, il a déclaré: «Je ne m’attendais pas à ce que celui qui a souffert des pratiques du 7 mai et des chemises noires, prenne l’initiative de bénir les mêmes pratiques en Egypte. L’Histoire et les peuples ne pardonnent pas».

Visa d’entrée pour les Syriens?
Des milieux juridico-politiques se demandent si le Liban peut suivre l’exemple de l’Egypte en réglementant l’afflux des ressortissants syriens sur son territoire. Les développements politico-sécuritaires des derniers mois prouvent l’implication d’un bon nombre de résidents et déplacés syriens dans des activités politiques interdites ou pour certains, dans des actes terroristes et criminels qui perturbent la paix civile. Ces milieux, qui réclament la réactivation des accords sécuritaires entre Beyrouth et Damas pour resserrer le contrôle sur ces groupes, craignent que les récents développements au Liban et en Egypte ne s’inscrivent dans le cadre d’un réseau inter-frontalier formé d’éléments syriens déguisés en réfugiés, œuvrant en faveur de forces régionales comme la Turquie ou Israël. Le Caire a imposé des restrictions aux ressortissants syriens de tout âge désireux de rentrer en Egypte. Ils doivent désormais obtenir un visa au préalable et l’approbation des services de sécurité concernés. Les services de renseignements égyptiens ont pris cette initiative après avoir découvert l’implication de «déplacés syriens» dans les agressions contre des sites civils et militaires, en appui aux Ikhwan.

 

 

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