Magazine Le Mensuel

Nº 2911 du vendredi 23 août 2013

Semaine politique

Ali Khreiss, député d’Amal. Le Hezbollah se protège

Après l’attentat terroriste de Roueiss, un gouvernement représentant toutes les principales composantes politiques est un must. Pour Ali Khreiss, député d’Amal, point de salut sans entente.

Comment enrayer la psychose des voitures piégées qui sèment la panique parmi les citoyens?
Je me souviens, lorsque l’explosion de Bir el-Abed a eu lieu, il y a environ deux mois, le président Nabih Berry avait dit: «Espérons que c’est un message et pas un point de départ». Evidemment, c’est un procédé très dangereux. Avec le deuxième attentat à Roueiss, j’ai prié pour qu’il ne s’agisse pas d’un attentat suicide. Le Liban n’est pas l’Irak, il ne représente qu’un coin de l’Irak. Si ces groupes takfiristes veulent appliquer leur projet régional en exécutant aussi des opérations au Liban, cela est fort dangereux, surtout à l’ombre de la conjoncture actuelle et du vide assassin aux niveaux politique, gouvernemental… 
et même sécuritaire.
Tous ces vides, ajoutés aux vives querelles politiques, facilitent à mon avis des opérations de ce genre.

Les explosions qui ont touché la banlieue sud sont-elles le résultat de l’implication du Hezbollah dans les batailles en Syrie?
Certaines parties adoptent des thèses qui vont dans ce sens, comme pour justifier les explosions dans la banlieue sud, ou ailleurs, sachant que la cible de ces attentats est le citoyen libanais. La liste des victimes comporte également des ressortissants syriens. Si les bureaux ou les mouvements partisans ou même certaines personnalités avaient été visés, l’affaire aurait été bien plus facile, mais l’objectif est le citoyen libanais. A mon avis, il ne s’agit pas de la Dahié, ces actes terroristes pourraient avoir lieu ailleurs. C’est pourquoi votre thèse est complètement erronée.
 

Vous dites que les auteurs de ces attentats sont des takfiristes. Mais qui est leur commanditaire?
Tu peux te déclarer, en t’adressant aux médias, opposé au projet américain mais, de façon directe ou indirecte, contribuer quand même à la concrétisation de ce plan. Tu peux dire, je suis contre Israël et, en même temps, être en train d’appliquer le projet israélien. Il est certain que le crime profite à l’entité israélienne. Tout individu qui veut saboter la stabilité du pays, ou qui cherche à le fragmenter et à approfondir le fossé entre ses fils, tire profit de l’explosion. Mais les réactions qui ont suivi ont été excellentes au niveau politique, surtout que toutes les parties ont appelé à renforcer la solidarité à l’interne et à consolider l’union nationale… Mais je voudrais demander à ceux qui ont tenu ces jolis propos, comment traduire ces belles paroles sur le terrain? Il faut se diriger au plus vite vers la mise sur pied d’un nouveau gouvernement, et certainement pas un gouvernement neutre, monochrome ou inodore, mais un gouvernement d’union nationale capable, efficace, ayant le pouvoir de faire face aux projets qui menacent le pays.
Vous pensez que la formation du 
gouvernement peut apaiser les 
tensions dans le pays?
Sans doute, cela réconfortera les gens.

Et vous voulez que le Hezbollah y soit représenté?
C’est sûr. Je voudrais, ici, m’incliner devant la position de Walid Joumblatt sur cette question. Parce qu’il prend en compte l’intérêt du pays loin des guerres d’élimination… L’intérêt du Liban réside dans une entente portant sur la gestion du pays et la manière de le protéger contre les dangers. Un gouvernement représentant toutes les principales composantes politiques est un must. Deuxième étape: réactiver le dialogue national et relancer le débat sur les dossiers conflictuels. Au plan sécuritaire, il faut renforcer les organes notamment l’Armée libanaise.

Quid des barrages installés par le Hezbollah aux entrées de la banlieue sud qui relancent la question de l’auto-sécurité?
Ce n’est pas une question de barrages. Nous ne voulons pas nous retrouver avec une deuxième ou une troisième voiture piégée. Nous avons recensé une trentaine de martyrs jusqu’à présent et nous pourrions atteindre les 200 ou 300. Oui, il y a des mesures excessives qui sont prises par le mouvement Amal, le Hezbollah, les citoyens, les municipalités sans compter celles des organes de sécurité relevant des FSI et de l’armée. Il faudrait faire attention à cela. Ce n’est pas une question de barrages, mais des mesures de protection pour éviter d’autres opérations. 


Propos recueillis par Saad Elias

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