Le marché domestique aurait favorablement réagi au slogan de l’Association des industriels «Achète libanais: ton industrie est ton identité». Pour la seule année 2012, la part de consommation des produits de l’industrie locale a progressé de 8%, les résidants préférant substituer les produits importés par ceux de la même catégorie fabriqués au Liban. Ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. Pour leur part, les industriels ont maintenu le cap, ne ratant pas les opportunités d’améliorer leurs lignes de production, chacun dans son créneau. Ils demandent à la Banque du Liban (BDL) que les prêts subventionnés destinés au secteur industriel ne soient pas cantonnés aux seuls nouveaux projets, mais qu’ils soient aussi destinés à financer leurs opérations. Ce qui semble pour l’instant difficilement réalisable. Ceci dit, la firme Oriental Paper Products (OPP), spécialisée dans la production de cahiers et de rouleaux de papier en continu, s’est délocalisée. Elle a vendu ses anciens locaux situés à Haret Hreik et s’est installée en location à Aïn Saadé, dans la région connue sous le nom de «la vallée industrielle». Le choix s’est porté sur cette zone en prenant en considération plusieurs paramètres. La délocalisation est devenue impérative vu que Haret Hreik s’est transformé en quartier extrêmement peuplé. Le chargement et le déchargement de la marchandise, qui s’effectuent à un rythme journalier, se sont avérés être avec le temps «une mission impossible», souligne Ziad Bekdache, directeur général des opérations à OPP. De plus, les nouvelles installations qui s’étalent sur un seul niveau ont facilité les opérations de la firme et le regroupement de la direction et de l’usine en un même lieu. Il ne fait pas de doute que le paramètre de la sécurité a été pris en compte, la zone choisie étant moins exposée à des incidents sécuritaires. Aussi est-il nécessaire de souligner que le grand pas en avant effectué par la firme OPP est l’injection d’argent frais à travers l’acquisition par PH Holding du tiers des actions de la société (les autres 2/3 étant maintenues aux mains des héritiers des frères Bekdache) et la vente des installations de Haret Hreik, ce qui a permis, selon Ziad Bekdache, de renouveler toutes les machines des différentes lignes de production faisant d’OPP une firme à la pointe de la technologie avec une production conforme aux standards internationaux et commercialiser en Europe en plus du marché régional.
Dans un entretien à Magazine, le P.-D.G. de la firme industrielle al-Rifaï, Mohammad el-Rifaï, a confirmé la délocalisation du site industriel de la compagnie situé pendant 25 ans à Mazraa vers Nahr Ibrahim. Les paramètres de l’embouteillement de Mazraa et d’une manière plus générale dans l’ensemble de la capitale, ainsi que l’élément de la stabilité sécuritaire, ont été énumérés parmi les éléments cruciaux qui ont contribué au déménagement vers l’entrée nord de Beyrouth. Il y aurait également le coût du terrain de 30 000 mètres carrés de superficie, qui est nettement inférieur si l’on compare les prix du mètre carré à Nahr Ibrahim à ceux de Mkallès. Le coût total du terrain à Nahr Ibrahim aurait permis des économies d’environ 5 millions de dollars américains. Le transfert des locaux sur cet immense lopin de terre permettrait également le regroupement des six dépôts de la firme al-Rifaï, une mesure prise pendant la guerre pour alléger les risques. Ceci dit, tous les équipements seront renouvelés de manière à avoir les mêmes spécificités que ceux qui existent dans l’usine al-Rifaï en Europe et qui couvre les besoins de ce continent. A noter également
qu’al-Rifaï a acquis les lignes de production de café sous le label Rio, qui appartenait à Joseph Aoun et qui sont installées à Mkallès. Cette nouvelle acquisition permettrait d’accroître la capacité de production de café d’al-Rifaï à 4 000 tonnes et de se lancer sur le marché
de détail.
Liliane Mokbel