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Nº 2922 du vendredi 8 novembre 2013

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Marseille. Vingt-six siècles d’histoire et de culture

Dans les rues de la cité phocéenne, on ne compte plus les affiches roses estampillées Marseille-Provence 2013, annonçant une année exceptionnelle. Car, cette année, Marseille, avec son accent chantant, son pastis, sa bouillabaisse et sa Méditerranée, est capitale européenne de la culture, au même titre que la ville slovaque de Kosice.

Marseille, seize arrondissements et cent onze villages. Difficile de décrire la cité phocéenne: un vieux port, des bateaux de pêche, la cannebière, le quartier du Panier et ses labyrinthes de petites ruelles avec leurs jolies boutiques, Notre-Dame-de-la-Garde qui sait se faire désirer pour qui la rejoindra à pied, les étalages de marché au parfum d’Orient de Noailles, les cafés du Cours Julien, le Palais Longchamp, la corniche et ses plages, le parc Borély, les îles du Frioul ou encore les calanques…
Gustave Flaubert disait qu’à Marseille, «on sent un je ne sais quoi d’oriental. On y marche à l’aise, on respire content, la peau se dilate et hume le soleil comme un grand bain de lumière».
Marseille, capitale européenne de la Culture: double raison d’aller la découvrir dans cette année de grâce qu’elle partage avec toute la Provence, «Arles la romaine, Salon-de-Provence la médiévale, Martigues, Istres les industrielles, Aix-en-Provence la culturelle et Aubagne la terrienne», comme le précise Jacques Pfister, président du conseil d’administration de Marseille-Provence 2013. Au début de la folle histoire, il y a un projet artistique et culturel, riche en programmations, fondamentalement tourné vers la Méditerranée. Aucun domaine de l’art n’a été oublié et de multiples événements culturels se succèdent depuis le début de l’année, sans aucun temps mort. Danse, théâtre, arts de rue, photographies, installations, gastronomie, musique, cinéma… On retrouve, également, différents festivals ou de grandes expositions consacrées aux peintres dont le Midi fut source d’inspiration entre 1880 et 1960 (des impressionnistes aux surréalistes en passant par les fauvistes et cubistes), ou encore dédiées aux artistes contemporains des rives de la Méditerranée «choisis pour  leur aptitude à nous repenser en êtres aux identités plurielles, en perpétuel devenir». D’ailleurs, parmi les trente-neuf artistes retenus de «renommée internationale» pour cette exposition, on retrouve des artistes d’origine libanaise: Etel Adnan, Ziad Antar, Lara Baladi, le couple Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Mona Hatoum ou encore Akram Zaatari. Un événement est organisé à la Friche Belle de Mai, une fabrique artistique, un lieu culturel incontournable à Marseille. C’est l’histoire d’une ancienne manufacture de tabac de 45 000 m², transformée en deux décennies, consacrée à la création et à l’expérimentation artistique contemporaine. En mai dernier, elle est, notamment, remarquée avec sa programmation «48h Chrono. La Friche Belle 2 nuits belle 2 jours». Un marathon artistique fait d’installations sonores, de vidéos, concerts, spectacles… entre autres performances. Un aperçu de la richesse de ses rendez-vous. On y retrouvera d’ailleurs en novembre et en décembre du théâtre et des lectures arabes. Mais la Friche est loin d’être le seul espace culturel de la cité phocéenne. S’il ne fallait en citer qu’un deuxième, ce serait forcément le Mucem, Musée des civilisations d’Europe et de la Méditerranée attenant au fort Saint-Jean au bout du Vieux Port, inauguré en juin dernier qui retient particulièrement l’attention des visiteurs de la capitale. A l’affiche des expositions temporaires de ce dernier trimestre de l’année: «Au bazar du genre en Méditerranée» et «Le noir et le bleu. Un rêve méditerranéen». Une institution à ne pas rater!
Mais Marseille se regarde surtout en extérieur, capitale de la culture ou non. Ses grandes avenues entrecoupées de petites ruelles escarpées grimpant à l’assaut des collines, ses kilomètres de plages de sable fin, son vieux port où 1 001 ancres sont lâchées, ses bâtisses qui respirent le vécu et ses paysages de falaises de calcaire dialoguant avec la mer. Marseille, c’est aussi l’Estaque, un quartier que l’on assimilerait plus aisément à un petit village du Midi, inspirateur de prodigieux peintres, à commencer par Paul Cézanne ou Georges Braque. La meilleure façon d’y accéder est d’emprunter une navette du Vieux Port, tout juste à côté du marché de poissons. Un petit village donc, avec son port, ses commerçants, ses habitants qui se saluent les uns et les autres, sortant de minuscules ruelles, panier en main, garni des produits du marché du matin. La spécialité du coin: les panisses, des beignets à la farine de pois chiche et à l’huile d’olive. Au bout d’une ruelle, un escalier mène à la place de l’église. De là, la vue offre un beau panorama des toits du village, de la mer et du port. Sur la façade d’une maison, une inscription indique que Paul Cézanne a fait différents séjours entre ses murs de 1870 à 1882. La balade de l’Estaque terminée, il reste donc cent dix «villages» marseillais à découvrir…Tous surplombés par la «Bonne Mère» des Marseillais, Notre-Dame-de-la-Garde, qui veille sur la ville depuis plus de 150 ans. Dans son antre, au milieu de dizaines de peintures et maquettes de bateaux, on remarque la présence d’une toile de feu le paquebot Champollion, échoué sur les plages de Khaldé le 22 décembre 1952. En contrebas, de l’autre côté du Vieux Port, une autre église, cathédrale de son statut, attire également l’attention par ses façades zébrées et son style romano-byzantin.
Question traditions, à Marseille, l’art du santon est toujours à l’honneur, grâce à des entreprises familiales artisanales. Il y a de quoi réaménager votre crèche de Noël ou tout simplement trouver quelques éléments de décoration intérieure. Il ne faudrait pas oublier non plus le savon de Marseille et ses fameux cubes de 300 ou 400 grammes à «72% d’huile garantie». Côté gastronomie, au-delà de la traditionnelle bouillabaisse et du pastis, les navettes − des biscuits secs en forme de barque allongée à la fleur d’oranger −, créées initialement pour les fêtes de la Chandeleur, sont considérées comme des spécialités régionales. A ne pas oublier, entre autres, la Cagole, la bière aux accents marseillais….
L’année prochaine, les capitales européennes de la culture déménagent en Suède à Umea et à Riga en Lettonie, deux villes à l’atmosphère bien différente de la cité phocéenne. Cette dernière n’a d’ailleurs pas encore dit son dernier mot et compte bien profiter de ses dernières semaines de programmation pour émerveiller ses visiteurs.

Delphine Darmency, Marseille

Pour tout savoir sur les dernières semaines de la programmation marseillaise:
Plus.mp2013.fr
Fb.com/marseille-provence2013

Marseille-Provence 2013 en chiffres
MP 2013 c’est:
40 chantiers de rénovation/restauration.
10 nouveaux équipements culturels.
100 expositions.
500 événements (théâtre, musique, danse, arts de rue, …).
3 dispositifs de résidence et de création.
1er «OFF» de l’histoire des capitales européennes.

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