Magazine Le Mensuel

Nº 2938 du vendredi 28 février 2014

Presse étrangère

Sous haute pression

Quelle portée donner à la formation du gouvernement au Liban, alors que les grandes questions posées par le conflit syrien, sur les plans local, régional et international, restent sans réponses?

HAARETZ
Pays: Israël.
Périodicité: quotidien.
Diffusion: 72000 exemplaires par jour.
Troisième journal du pays, derrière Maariv et Yediot Aharonot.

L’escalade de la situation au Liban pourrait-elle conduire les Etats-Unis à relâcher la pression sur Assad? se demande Zvi Bar’el, le spécialiste des questions militaires et diplomatiques du journal israélien de référence.
Les attentats à la voiture piégée font la routine de la banlieue sud de Beyrouth. Il n’y a pas de nuance ou de diplomatie dans les «messages» adressés au Hezbollah par ses ennemis. L’identité de ceux qui perpétuent ces attaques n’importe plus. La mise en place d’un gouvernement de transition aurait pu stabiliser le pays, mais le conflit qui oppose le Hezbollah à ses ennemis a pris le dessus, intégrant le Liban au front syrien. Le conflit, qui entre dans sa troisième année, est relativement contenu par un parapluie international qui a, jusqu’ici, échoué à mettre en place une solution. D’un côté, les Etats-Unis pensent qu’il n’existe pas de solution militaire à l’heure actuelle. De l’autre, les pays européens, la Russie et l’Iran n’arrivent pas à s’accorder sur une alternative.
L’opposition syrienne a du mal à accepter la volonté des Etats-Unis de lutter contre al-Qaïda au moment où les combattants du Hezbollah, qui se sont rangés du côté du régime de Bachar el-Assad, jouissent d’une certaine immunité.

THE NEW YORKER
Pays: Etats-Unis.
Genre: généraliste.
Périodicité: hebdomadaire.
Diffusion: un million d’exemplaires par numéro.

Dans le magazine favori des intellectuels américains, Elias Muhanna revient sur l’épisode de la formation du gouvernement Salam.
Les nouvelles égrenées de rencontres entre médiateurs ont dramatisé le feuilleton et remis au goût du jour les métaphores obstétriques. Le travail a commencé un mercredi soir. Jeudi, il est clair que le bébé allait sortir, mais il y a eu quelques complications vendredi. Samedi, tout le monde s’est réveillé avec un nouveau gouvernement dans le berceau. Lorsque j’ai demandé à un homme politique pourquoi il a fallu plus d’un mois et demi pour former le cabinet, même après que le Hezbollah et le Courant du futur eurent accepté de partager le pouvoir, il m’a répondu que «les gens sous-estiment le temps qu’il faut pour conclure des accords au Liban. Il nous a fallu une semaine pour régler la question du ministère de l’Intérieur, une semaine pour celui de la Justice et un mois pour celui de l’Energie. Tout prend du temps».
Il y a près d’un an, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, invitait ses adversaires politiques à le combattre en Syrie, plutôt que d’importer la guerre au Liban. Pour la première fois de son histoire, plutôt habitué à accueillir les guerres de ses voisins, le pays mène sa propre guerre à l’étranger.

CHRISTIAN SCIENCE MONITOR
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet.
Diffusion: 50000 visiteurs uniques par jour.

Cette semaine, Nicholas Blanford a rencontré des réfugiés syriens récemment arrivés à Ersal.
«Personne ne peut se protéger contre ce qu’ils utilisent contre nous. Seul Dieu nous protège», dit Ali, originaire de Sahel, un village à cinq kilomètres de Yabroud, arrivé à Ersal dimanche dernier. Ali se tient près d’un lit d’hôpital où son frère, Mohammad, se remet de graves blessures. Sa voiture a été touchée par un missile antichar alors qu’il quittait Yabroud. Il est le seul passager à avoir survécu.
Plus de 10000 Syriens sont arrivés à Ersal en provenance du Qalamoun depuis le 10 février, date de l’assaut de l’armée syrienne sur cette région montagneuse située entre Damas et Homs. Les réfugiés interrogés à Ersal estiment que 80% des habitants qui vivaient autour de Yabroud ont fui vers le Liban. Le nombre des habitants dans le village d’accueil de la Békaa -38000 avant le début du conflit syrien – a triplé au cours de ces deux dernières années.
«Il est vrai que le Hezbollah a de l’expérience dans les combats mais la différence, c’est que nous nous battons pour notre terre, pour notre pays», dit Ali. «Le Hezbollah occupe notre pays et c’est pourquoi nous allons nous battre jusqu’à la mort».

AL JAZEERA
Pays: Qatar.
Genre: site Internet.
Diffusion: 170000 visiteurs par jour.
Deuxième site d’information du Moyen-Orient, derrière al-Arabiya.

Dans la rubrique Opinions du site de la chaîne satellitaire, Tamirace Fakhoury se demande si le Liban pourrait suivre l’exemple de l’Irlande du Nord.
Certains ont salué la formation du gouvernement Salam comme une étape pragmatique en vue de la préparation des élections présidentielles et du désamorçage des tensions au Liban. D’autres ont dénoncé son côté court-termiste car il intègre en son sein des acteurs politiques aux visions discordantes.
Il faudra un jour que les constitutionnalistes se penchent sur la façon dont le système libanais doit être repensé en fluidifiant le processus de décision et renforçant son potentiel démocratique. Considérer que le Liban doit attendre que la tempête régionale se calme pour que la situation s’arrange est abêtissant. Par des accords internes, la Suisse en 1959 et l’Irlande du Nord en 1998 ont réussi à surmonter des crises à portée historique. Dans de nombreux pays, des réformes institutionnelles ont été menées pour atténuer les conflits. Nous avons la mission de répondre aux contraintes extérieures et de canaliser les divisions communautaires.

L’ACTUALITÉ
Pays: Canada.
Genre: bimensuel.
Diffusion: 156000 exemplaires.
Lu par un Canadien francophone sur cinq.

Le magazine montréalais titre Liban: des guitares contre des fusils.
Dans la nuit tiède, une nuée de ballons lumineux éclaire le ciel de Tripoli. Début octobre, la principale ville du nord du Liban célèbre la Journée de l’enfant. Connue pour sa violence, Tripoli fourmille d’une multitude de programmes mis en place par des habitants soucieux de rendre leur qualité de vie meilleure. Mais sa réputation belliqueuse demeure malgré tout solidement ancrée dans les esprits. En 2012, avec quelques amis, un avocat, Khaled Merheb, organise un atelier pour que trente-sept jeunes de Bab al-Tebbané et Jabal Mohsen fassent connaissance. La découverte de l’autre a permis de briser des idées reçues. «A l’école ou à la mosquée, on entend souvent dire que les habitants de Jabal Mohsen sont mauvais, que leur religion est différente et qu’on ne doit pas les rencontrer», témoigne un participant de Bab al-Tebbané. Il a rendu à des combattants de son quartier l’arme qu’ils lui avaient prêtée. Alors qu’il se battait depuis ses 15 ans pour défendre sa maison, l’étudiant ne veut plus guerroyer.
«Cela ne mène à rien».

LA TRIBUNE DE GENÈVE
Pays: Suisse.
Périodicité: quotidien.
Diffusion: 73000 exemplaires par jour.

Le grand titre genevois s’intéresse à l’implantation d’une grande famille libanaise, qui prend la suite d’une autre grande famille du même pays.
Jusque-là très discrète, la famille Daniel fait désormais parler d’elle. Dans les investissements pétroliers et gaziers en Irak, les mines d’émeraude en Colombie, les médias en ligne aux Etats-Unis, le cinéma au Liban et à New York… A Genève, sous l’impulsion de Halim, le patriarche, la famille s’est notamment offert l’un des immeubles les plus prestigieux de la rade, après avoir avalé et renfloué une vénérable chocolaterie.
De leur côté, les Mouawad n’ont pas déserté Genève. Le flambeau de cette famille, dont les pièces de joaillerie ont séduit princes et princesses arabes, a été passé en 2010 de la troisième à la quatrième génération. Robert Mouawad est désormais établi dans un pays du Golfe. Ses trois fils se sont disséminés aux quatre coins de la planète. L’aîné, Fred, est en Asie du Sud-Est. Le cadet, Alain, est resté à Genève où sont assemblées les montres Mouawad, et il s’intéresse de plus en plus à la restauration.

Julien Abi Ramia

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A la une, cette semaine, de l’actualité libanaise vue par les médias étrangers, les deux derniers attentats qui ont frappé la banlieue sud de Beyrouth et la ville de Hermel. Si, aux Etats-Unis, la visite d’Angelina Jolie, très engagée auprès des réfugiés, fait les choux gras des magazines people, en France, c’est la presse sportive qui s’est intéressée au Liban avec l’arrivée surprenante du basketteur français international Ali Traoré dans le club de Amchit.

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