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Nº 2939 du vendredi 7 mars 2014

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Santé

Des tests chez l’homme d’ici 2015. Un pancréas bio-artificiel pour sécréter de l’insuline

Un pancréas bio-artificiel permettant de produire directement de l’insuline dans l’organisme des patients diabétiques de type 1 a été mis au point par des chercheurs européens. Actuellement en phase de test sur des singes et des porcs, il pourrait être testé chez l’homme d’ici à 2015.
 

Nouvel espoir pour les personnes atteintes de diabète de type 1. Un pancréas bio-artificiel, capable de sécréter de l’insuline directement dans l’organisme du patient, a été élaboré par des chercheurs, dans le cadre de deux projets européens. Ce sont les équipes du Centre de transfert de technologie du Mans (CTTM), le Centre européen d’étude du diabète de Strasbourg (CEED) et la société spécialisée en microtechnologie, Statice, à Besançon, qui sont à l’origine de cette prouesse médicale.
Le pancréas bio-artificiel prend la forme d’une petite poche semi-perméable, de dix centimètres de côté. «A l’intérieur, une membrane accueille des cellules vivantes capables de sécréter directement l’insuline dont le malade a besoin», explique Hervé Pichon, le directeur général du CTTM. Sa taille et sa composition permettraient de l’implanter directement dans le ventre du patient. Une innovation qui aurait pour principal intérêt, et non des moindres, que le patient souffrant de diabète de type 1 ne s’injecte plus d’insuline à raison de plusieurs piqûres par jour. Autant dire que cela changera la vie de nombreux malades insulino-dépendants. Rappelons que le diabète de type 1 affecte vingt-cinq millions de personnes dans le monde. Jusqu’à présent, les seuls traitements disponibles pour pouvoir vivre cette maladie au quotidien étaient les injections d’insuline, les pompes à insuline (voir encadré) ou encore la greffe du pancréas, avec tous les inconvénients que cela pouvait engendrer.
Autre avantage du pancréas bio-artificiel, l’inutilité de prendre des médicaments antirejet à vie, un traitement qui est le revers de la médaille, lors d’une greffe classique. Hervé Pichon explique: «Le dispositif, qui laisse passer dans l’organisme le glucose, l’oxygène, l’insuline et les nutriments, reste toutefois imperméable aux molécules du système immunitaire». Cette découverte très prometteuse pourrait, si les tests sur l’homme sont concluants, changer radicalement la vie des diabétiques de type 1 et leur apporter un confort de vie qui leur manquait jusqu’à présent. Il aura fallu près de vingt ans de recherches pour parvenir à un tel résultat.
Par ailleurs, le pancréas bio-artificiel peut accueillir des cellules d’origine animale (comme celles du porc) ou génétiquement modifiées, ce qui permettrait aussi de «s’affranchir des problèmes de pénurie d’organes», indique Richard Bouaoun, manager en recherche et développement chez Defymed, une start-up strasbourgeoise chargée du développement du projet. Il éviterait aussi aux malades les complications à long terme du diabète de type 1.
Et cette perspective n’est pas si éloignée. Le pancréas bio-artificiel vient de passer des essais concluants sur de petits animaux et est actuellement en phase de test sur le singe et le porc, dont les organes sont proches de ceux de l’homme. Puis, d’ici à fin 2015, soit dans une petite année, il pourrait être testé sur l’homme. Les essais cliniques se dérouleront au CHU de Montpellier, pilotés par l’équipe du Pr Eric Renard et par l’Université d’Oxford. La première phase de test devrait inclure un minimum de seize patients, tous atteints d’un diabète complexe.

Jenny Saleh
 

Pompe à insuline
Parmi les traitements possibles du diabète de type 1, la pompe à insuline rencontre 
beaucoup de succès, surtout quand le diabète est mal contrôlé. Les pompes donnent en continu des doses d’insuline précalculées selon les besoins personnalisés de chaque patient, imitant la fonction initiale du pancréas. Ces dernières années, des améliorations 
techniques y ont été apportées, avec 
l’apparition de pompes à télécommande. Leur taille a aussi été réduite dans les pompes de nouvelle génération, afin de ne pas handicaper le patient et de faciliter son port au quotidien. Enfin, leur discrétion est très prisée par les jeunes diabétiques notamment qui sont 
souvent confrontés à l’incompréhension et parfois aux moqueries de leurs camarades.

 

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