Magazine Le Mensuel

Nº 3006 du vendredi 19 juin 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Les diplomates inquiets
Le gel des réunions du Conseil des ministres ne laisse pas les diplomates indifférents, assurent les observateurs. Les contacts avec les divers acteurs politiques vont bon train dans l’espoir de parvenir à une décrispation susceptible de relancer l’action gouvernementale menacée de paralysie. C’est la raison pour laquelle l’ambassadeur des Etats-Unis, David Hale, a reporté son voyage de quelques jours. Le diplomate a voulu s’informer auprès du président Tammam Salam et du député Walid Joumblatt des efforts de déblocage entrepris, en soulignant que le fonctionnement des institutions publiques était nécessaire à l’ombre de la vacance présidentielle.
Les sources rapportent que la paralysie du cabinet a constitué un sujet d’inquiétude pour certains ambassadeurs à cette étape en particulier, marquée par l’extension des feux de la guerre à la suite des batailles du Qalamoun à la frontière libanaise.

 

Dialogue malgré l’escalade
Le 13e round du dialogue de Aïn el-Tiné s’est déroulé lundi à l’ombre d’une crise gouvernementale qui s’est imposée sur l’ordre du jour des travaux de la séance, sachant que le Hezbollah appuie la position de son allié, le général Michel Aoun, sur le règlement du dossier des nominations militaires et sécuritaires avant tout débat sur une autre clause en Conseil des ministres. Cela sans oublier l’escalade politique entre les deux interlocuteurs, les campagnes de dénigrement mutuel et le nouveau ton élevé adopté par le Hezbollah contre le Moustaqbal, l’accusant «d’avoir monopolisé le pouvoir et l’administration tout au long des années précédentes, contrairement aux textes et à l’esprit de Taëf…», comme noté dans le communiqué officiel publié à l’issue de la réunion du Bloc de la Fidélité à la Résistance.

 

Les préoccupations de Hale
Les crispations apparues récemment sur la scène libanaise sont une source d’inquiétude pour l’ambassadeur David Hale. Il estime que la situation est encore sous contrôle, bien que difficilement, mais la poursuite de la tendance à l’escalade pourrait mener le Liban à une tempête qui éclaterait au mois de septembre, parce qu’il sera alors très difficile de contenir les dérapages éventuels.
Les préoccupations du diplomate américain, qui s’apprête à quitter le Liban, portent sur les deux dossiers qui paralysent le gouvernement: Ersal et les nominations sécuritaires. Or, nul n’ignore que la priorité pour Washington, comme pour Paris, se résume actuellement en deux points: stabilité et préservation du cabinet. Hale pense que la politique de mise au défi qui règne ces temps-ci ne peut que mener à l’explosion.

 

Kahwagi rassure le Moustaqbal
Le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, a rassuré la délégation du Moustaqbal qui lui a rendu visite à Yarzé. Il a souligné lors de l’entretien, «qu’il n’y avait aucun problème à Ersal dont les habitants soutiennent fermement l’institution militaire», indiquant que les batailles se déroulent du côté syrien du jurd. «Les données militaires et de renseignements, que nous détenons jusqu’à présent, n’ont repéré aucun heurt dans le jurd libanais adjacent à Ersal», a conclu Jean Kahwagi.

 

 

Abou Faour chez Hariri
Une prochaine réunion entre Saad Hariri et Walid Joumblatt est à l’ordre du jour, en présence de Waël Abou Faour et de Taymour Joumblatt. Les membres de la délégation, qui ont accompagné le président Tammam Salam lors de sa visite officielle en Arabie, avaient remarqué qu’Abou Faour était le seul à avoir le privilège d’être invité à dîner au domicile de Hariri à Jeddah pour deux heures de temps consacrées à un échange sur l’actualité locale et régionale. Une partie non négligeable de l’entretien a porté sur la nécessité de réchauffer les relations Hariri/Joumblatt qui traversent une période de froid. Abou Faour a longuement développé le point de vue de son chef, soulignant la nécessité de relancer la coordination entre les ministres des deux partis dans le but de former une force substantielle au sein du Conseil des ministres.

 

L’épicentre de Ersal
Les mises en garde adressées par les ambassades occidentales à leurs ressortissants au Liban ne sont plus axées sur les éventuelles explosions sécuritaires à Beyrouth et dans la Békaa. Aujourd’hui, elles sont plutôt orientées sur la situation à Ersal et ses conséquences sécuritaires, de façon à refléter les changements objectifs de la conjoncture au Liban.

 

Geagea chez Frangié?
Les observateurs parlent d’une visite que le général Michel Aoun pourrait effectuer à Maarab pour rendre la pareille au Dr Samir Geagea qui s’était déplacé jusqu’à Rabié. Mais la date de cette rencontre n’a pas encore été fixée et il est possible qu’elle survienne à l’improviste pour des raisons d’ordre sécuritaire… On parle, par ailleurs, d’un projet de rencontre entre le leader du Nord, Sleiman Frangié, et le chef des FL. Le Dr Geagea se rendrait à Bnechay pour ouvrir une nouvelle page avec les Marada et asseoir les bases de la réconciliation, sachant que le dialogue en cours entre les deux partis s’est reflété positivement sur le terrain dans la région du Nord.

 

Berry ne dépasse pas les limites
Regain d’optimisme au Moustaqbal après la visite rendue à Aïn el-Tiné. Le président Nabih Berry s’est déclaré favorable non seulement au non-blocage du gouvernement, mais aussi à un nouveau mécanisme de fonctionnement gouvernemental interne, le tout arrosé de critiques à l’encontre du général Michel Aoun. C’est, à partir de ces données, que certains représentants du Moustaqbal ont prédit un dénouement gouvernemental dans un délai maximum de deux semaines. On a dit que le CPL pourrait prochainement réviser ses choix et décider de participer aux séances de législation d’urgence. On a dit aussi que Berry ne pouvait pas exposer le Hezbollah à un danger futur en approuvant un nouveau processus de prise de décision gouvernementale non basée sur l’entente. Ce qui signifie au bout du compte que les déclarations du chef de l’Assemblée devant ses visiteurs n’expriment pas un revirement de sa part, mais relèvent plus de la manœuvre. Il y a des limites qu’il n’envisage pas de dépasser. En résumé, pas de solution en vue dans l’affaire de la paralysie du gouvernement qui s’inscrit désormais dans le cadre régional général.

 

Les takfiristes recrutent au Liban
Deux semaines de préparatifs ont précédé la tentative d’infiltration, menée par un groupe armé à partir de Wadi Khaled vers le rif de Tal-Kalakh, à l’ouest de Homs. Des sources du Akkar rapportent que le groupe, tombé dans une embuscade dressée par l’armée syrienne, était composé de quelque 15 à 20 combattants syriens et libanais. Ils avaient dépassé le passage de Zaalan, près du village de Arida, et avancé en territoire syrien avant le déclenchement d’une bataille qui s’est soldée par la mort d’un Libanais et d’un Syrien, les autres membres du groupe ayant réussi à prendre la fuite vers le Liban. Ce n’est pas la première fois qu’une tentative de ce genre se produit dans cette région depuis la chute des positions takfiristes au Krak des chevaliers sur la route de Lattaquié-Homs en mars 2014. Selon des informations qui circulent, on assiste à un regroupement de centaines de combattants expérimentés parce que des parties régionales souhaitent attiser le feu dans la région du Nord pour alléger la pression sur les groupes al-Nosra et Daech sur le front du jurd à l’est. Des rapports médiatiques indiquent qu’un responsable de Daech, actuellement présent dans le quartier el-Raml à Tripoli, est chargé de recruter de jeunes combattants. Sur les réseaux sociaux, les pages favorables à l’EI ont déploré la perte du Libanais Saïd Ayoubi de Tripoli, mort en Syrie sur le champ de bataille.

 

Loi salafiste à Aïn el-Heloué
Situation sécuritaire toujours confuse dans le quartier de Hittin dans le camp de Aïn el-Heloué. La force sécuritaire palestinienne mixte a échoué, à deux reprises, à y implanter un barrage, les forces salafistes considérant ce quartier comme leur zone d’influence où seuls leurs éléments sont admis à se déployer. Les diverses factions de l’OLP se trouvent aujourd’hui face à un problème avec des forces coalisées sous le nom de Rassemblement des jeunes musulmans. Le quartier en question est situé au centre de Aïn el-Heloué et au carrefour de ses routes internes, ce qui donne l’avantage à la force palestinienne en cas de déclenchement d’une bataille. Certaines sources accusent le mouvement Hamas de soutenir l’émirat de Hittin. Elles rapportent, par ailleurs, que les promesses faites par les Ikhwan palestiniens, prétendant régler l’affaire en deux jours, n’ont pas été concrétisées. La force sécuritaire est toujours paralysée et la débandade sécuritaire continue à régner. Le haut comité de la sécurité palestinienne avait publié un communiqué annonçant le report du déploiement de la force sécuritaire commune dans le quartier de Hittin en attendant l’aboutissement des contacts.

 

Retour timide des touristes du Golfe?
La décision des partis libanais d’éviter tout heurt, entre leurs partisans respectifs, encourage certains pays arabes à réviser leur politique touristique à l’égard du Liban, assure une source parlementaire indépendante. Une autre instance politique révèle que plusieurs ambassadeurs arabes et étrangers se sont félicités du climat sécuritaire qui règne au Liban, malgré les tiraillements internes et l’embrasement régional. Ayant rencontré des diplomates des pays du Golfe, l’instance dit avoir pressenti que leurs gouvernements seraient sur le point d’alléger ou d’annuler les prohibitions imposées à leurs ressortissants désireux de venir cet été au Liban, citant le Koweït en particulier. Le Liban aurait effectivement reçu un nombre important d’Emiratis (notamment des Koweïtiens), ces derniers jours, surtout des familles qui ont l’habitude de passer l’été dans les centres de villégiature.

 

A qui profite l’aide humanitaire?
Des bateaux ont déchargé des conteneurs en provenance du Golfe dans le port de Beyrouth pour le compte du Comité islamique de protection relevant de la confrérie des Ikhwan du Liban, comme le révèlent des activistes dans le domaine social. La marchandise, composée en principe de produits alimentaires et de vêtements destinés aux réfugiés syriens, n’a pas été soumise à la fouille habituelle et a été directement acheminée à Ersal. Les aides humanitaires qui parviennent au village sont généralement partagées entre les réfugiés qui y résident et les combattants déployés dans le jurd environnant. Par ailleurs, toujours selon les travailleurs sociaux, le gouverneur d’un émirat du Golfe veut assurer à chaque réfugié un repas quotidien qu’il recevra tout au long du mois du Ramadan. Parallèlement, des rapports indiquent que des associations liées aux Ikhwan au Liban ont reçu une grande partie des bourses scolaires offertes par l’Arabie saoudite aux élèves syriens.

 

Hariri à Beyrouth
Le président Saad Hariri sera de retour au Liban durant le mois du Ramadan, affirment des sources du Moustaqbal. A son programme, rencontres, contacts, mais aussi une série d’iftars en l’honneur des délégations de notables venues de toutes les régions. L’ex-Premier ministre affichera à ces occasions d’importantes prises de position concernant la conjoncture globale.

 

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