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Nº 3022 du vendredi 9 octobre 2015

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Farid el-Khazen, député du Kesrouan. «Nous sommes en plein dans une mini-guerre internationale»

Pour Farid el-Khazen, député du Kesrouan, la Syrie constitue actuellement une sorte de champ de bataille où Etats-Unis et Russie se confrontent, bien que les Américains ne semblent pas dérangés par cette mobilisation contre les courants islamistes radicaux. «Le seul pays capable de mettre fin, de façon sérieuse, au pouvoir de Daech, c’est la Russie en coordination avec l’armée syrienne et l’Iran», dit-il.
 

L’intervention militaire russe en Syrie est-elle justifiée?
Depuis les années 50, la Russie a des intérêts en Syrie, des intérêts qu’elle se doit de protéger. Dans un autre registre, après ce qui s’est passé en Ukraine, en Géorgie et en Libye, elle attendait le moment propice pour répliquer et répondre à sa manière aux tentatives de l’Otan d’étendre son influence. La Russie a voulu envoyer un message clair, net et précis: «Ne jouez plus avec nous non seulement en Syrie, mais partout dans le monde». Je pense, qu’actuellement, la Syrie constitue une sorte de champ de bataille où Etats-Unis et Russie se confrontent. De façon officielle, les Américains dénoncent l’intervention militaire des Russes, mais officieusement, je ne pense pas qu’ils soient dérangés par cette mobilisation contre les courants islamistes radicaux. Les Etats-Unis se retrouvent presque obligés de prendre des positions contradictoires vu la complexité de la situation. La Turquie prétend frapper Daech pour empêcher son hégémonie dans la région mais, en fait, elle ne tape que les Kurdes et la communauté internationale l’a réalisé. Les pays du Golfe prétendent être contre l’extrémisme mais, en réalité, leur seul souci est que Bachar el-Assad soit renversé, quel que soit le coût pour la Syrie. Ce qui se passe actuellement les inquiète. Ils sont profondément mécontents. Nous sommes en plein dans une sorte de mini-guerre internationale mais, dans les faits, le seul pays capable de mettre fin de façon sérieuse au pouvoir de Daech c’est la Russie en coordination avec l’armée syrienne et l’Iran.

Qu’est-ce qui rend Vladimir Poutine si déterminé bien plus que par le passé?
Le président russe veut prouver au monde que son pays est une grande puissance avec des moyens énormes lui permettant d’intervenir militairement. De plus, il jouit de l’appui incontestable de son peuple. S’il parvient à combattre, voire à éliminer les extrémistes et à saper les fondements de l’Etat islamique, sous l’égide des grandes puissances. Poutine détient les clés de la solution politique en Syrie. Les takfiristes ont un agenda qui concerne éventuellement tous les pays du monde, la Syrie n’est que leur terrain actuel de jeu. C’est pourquoi en les éliminant, il change la donne.

L’Arabie saoudite et la Turquie haussent le ton et les deux pays ont déclaré, à maintes reprises, qu’ils ne permettront pas à Bachar el-Assad de rester au pouvoir et de faire partie de la solution. Ces pays ont-ils les moyens de leurs ambitions?
Certains pays de la région, dont l’Arabie saoudite et la Turquie que vous évoquez, ont plusieurs programmes en Syrie. S’ils désirent une solution réelle pour sortir ce pays de la guerre, cela ne peut se faire sans inclure Bachar el-Assad. Pour en revenir à votre question, non l’Arabie n’a pas assez de pouvoir pour faire entendre sa voix. Elle dépend des Etats-Unis et Barack Obama ne veut pas d’un nouvel Irak en Syrie. Quant à la Turquie, elle a joué un rôle important dans la déstabilisation de la Syrie et a tout fait pour renverser le régime. Elle a également joué ce rôle de déstabilisation en Europe en facilitant le départ des flots de migrants.

Le Courant patriotique libre (CPL) a demandé à ses partisans de se rassembler sur la route menant au palais de Baabda le 11 octobre. Quel est le but de cette mobilisation?
Le CPL souhaite dénoncer ce qui se passe et s’insurger contre ce double langage adopté par certaines forces politiques.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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