Magazine Le Mensuel

Nº 3069 du vendredi 2 septembre 2016

Confidences Liban

Confidences Liban

Les Saraya hors débat
Ce qui contrarie et exaspère le plus le Moustaqbal, c’est la présence des Saraya de la Résistance dans des régions délicates, au double plan communautaire et géographique, comme Saïda et Saadiyate, ainsi qu’aux entrées de Beyrouth et ses banlieues (Khaldé, Aramoun et Bchamoun). Le parti sunnite poursuit sa campagne contre les Saraya remettant en question leur légitimité, alors que leurs responsables refusent de discuter de leur présence entre les maisons et dans les quartiers dans le cadre des séances du dialogue bilatéral. Dialogue mis, en principe sur pied, pour calmer les esprits, éviter les tiraillements et faciliter la mission des forces de l’ordre dans les périmètres de sécurité. Si le Hezbollah ne veut pas aborder cette question liée, comme il le dit, à ses activités sécuritaires et militaires, c’est que ses groupes armés sont chargés de la surveillance des régions et des personnalités. Ils ont aussi pour mission de planter les drapeaux du parti là où ils le peuvent pour intimider les habitants et les pousser à quitter leurs maisons. C’est ce qu’ils ont commencé à faire le long de la ligne côtière entre Beyrouth et Saïda. L’idée étant de rattacher ultérieurement la ville aux régions du Sud.

Alliance solide Hezbollah-CPL
Bien que le Hezbollah et Rabié ne soient pas sur la même longueur d’onde pour ce qui est de la prorogation du mandat des chefs militaires, dont celui du général Jean Kahwagi, le général Michel Aoun ne semble pas particulièrement inquiet quant à la stabilité de son alliance stratégique avec le parti chiite. On attribue au locataire de Rabié ces propos: «Le destin m’a confié la charge de circonscrire les dangers de la fitna communautaire. C’est moi qui épargne au Hezbollah la conduite d’une bataille contre le régime dans laquelle il ne peut pas s’enfoncer en raison d’obstacles d’ordre communautaire». En revanche, Aoun souhaite que le Hezbollah intervienne auprès du président Nabih Berry pour le convaincre de mettre un bémol aux critiques qu’il formule à l’égard des méthodes du CPL.

Rifi commente Nasrallah
La proposition avancée par sayyed Hassan Nasrallah (Michel Aoun à Baabda et Saad Hariri au Sérail), en reportant à une étape ultérieure les questions portant sur la composition du cabinet, la déclaration ministérielle et la loi électorale) est confuse, d’après les milieux proches du ministre démissionnaire Achraf Rifi, surtout en ce qui concerne l’équilibre interne et la relation entre sunnites et chiites au Liban et dans la région.
L’équation proposée est basée sur l’élection d’un président acquis à la formation chiite et sur le partage des prérogatives du futur Premier ministre, en l’assujettissant à l’avance aux contraintes qui ont suivi la formation du cabinet de 2009. Il s’agit d’une tentative d’instrumentalisation gratuite pour obtenir une couverture sunnite, mettre sur pied un gouvernement et élire un président, en confisquant au Premier ministre ses pouvoirs réels.

Armée et présidence
Qu’est-ce qui empêche la désignation d’un nouveau commandant en chef de l’armée? S’interrogent les sources du CPL. Réponse du Moustaqbal: «C’est impossible et non souhaitable en l’absence d’un chef d’Etat». Comment alors est-il possible de nommer un nouveau chef d’état-major? rétorquent les aounistes. Réponse: «Ce dernier ne fait pas partie des fonctionnaires de la première catégorie. Le poste de commandant en chef de l’armée est un poste militaire et politique qui reste rattaché à la bataille présidentielle».

FL-Hezbollah:une rencontre de courtoisie
Propagation d’infos sur une soi-disant rencontre entre un député du Hezbollah et son homologue des Forces libanaises (FL) dans un restaurant de la banlieue sud, sur invitation du parti chiite. L’histoire veut que la formation de Hassan Nasrallah ait «communiqué» indirectement avec Maarab, via un député du Bloc du Changement et de la Réforme, demandant que «les FL envoient un représentant de leur chef pour lui remettre un message». Mais la réalité est tout autre. Aucune réunion officielle n’a eu lieu. Une rencontre a cependant réuni un député du Hezbollah au député Chant Jinjinian, qui n’est pas membre des Forces libanaises, dans un restaurant de la banlieue sud. Le Hezbollah, qui se dit ouvert à toutes les parties, continue de se mefier toutefois des FL pour des considérations qui remontent à l’histoire contemporaine!

Contingences sécuritaires
au programme Il existe un plan pour baliser la voie à des contingences sécuritaires et préparer l’exécution d’opérations extrêmement graves contre des personnalités politiques de haut niveau qui jouent un rôle fondamental dans la sauvegarde de l’équilibre politique qui préserve le pays des flammes de la fitna.
Les parties extérieures, qui ont fomenté ce plan, n’apprécient pas le rôle joué par des leaders qui transforment certaines occasions en espaces de rencontre entre Libanais de toutes tendances, malgré les divergences qui les opposent. Les observateurs qui suivent les événements estiment que certaines données sur le terrain – dont le lancement de grenades – confortent la thèse de la dégradation sécuritaire.Tout comme l’activité des Saraya de la Résistance s’inscrit dans cette même tendance à la crispation.

Ersal toujours à la Une
Ersal est de nouveau à la Une après les informations ébruitées sur une liste d’assassinats transmise à nombre de notables du village opposés à l’ex-président de la municipalité, Ali Houjeiry, alias Abi Aajina. L’actuel chef de la municipalité, Bassel Houjeiry, a reçu, il y a quelque temps, des menaces de mort ouvertes, à la suite de l’annonce faite par la municipalité de son intention d’appliquer des mesures sécuritaires dans le village, comme l’interdiction pour les Syriens de circuler la nuit.
Des sources de Ersal confirment l’existence d’une liste réelle d’assassinats que Daech et al-Nosra s’apprêtent à exécuter. Elle inclut en plus de Bassel Houjeiry, plusieurs maires et personnalités qui ont publié des communiqués exhortant l’armée à intervenir pour mettre fin aux exactions des éléments armés.

Hariri songe à renverser la table
Lors de la réunion qui a regroupé, il y a trois semaines, le président Nabih Berry, le député Walid Joumblatt et l’ex-président Saad Hariri, ce dernier a indiqué, avançant plusieurs arguments, que la sortie du Moustaqbal du gouvernement et du dialogue constitue une des options débattues avec les leaders de son parti. Il a dit avoir pris toutes sortes d’initiatives pour pallier la vacance présidentielle qui n’ont suscité aucune réaction positive. Cela lui fait perdre du crédit vis-à-vis de sa base, sans compter que le problème des Saraya de la Résistance n’a pas été réglé.
Berry et Joumblatt ont insisté auprès du chef du Moustaqbal pour qu’il écarte cette option. «En contrepartie des pertes au niveau populaire, vous avez enregistré des gains au niveau national», aurait déclaré Berry. Quant à Joumblatt, il a conseillé à Hariri de temporiser parce que sa sortie du gouvernement ne fera que renforcer le vide et approfondir la crise.

 

Compétition sunnite
Le ministre démissionnaire de la Justice, le général Achraf Rifi, continue à vouloir concurrencer les grands leaders influents sur la scène sunnite. Il aurait déclaré devant un journaliste de Tripoli qu’il compte se lancer dans l’arène des législatives, non seulement à Tripoli, mais dans toutes les régions et circonscriptions où la communauté sunnite est ancrée, incluant Beyrouth et notamment les circonscriptions I et II. Exception faite de Saïda et cela par «respect» pour la députée Bahia Hariri, comme il le dit. Rifi n’arrête pas de critiquer le 14 mars qui a fait marche arrière, affirmant qu’il existe «de nombreuses compétences sunnites qui prônent la souveraineté et qui sont prêtes à mener la bataille des législatives».
Pour lui, il est le seul à «faire face aux promoteurs du plan irano-perse qui œuvrent dans le but de domestiquer l’Etat» au Liban. La source rapporte, par ailleurs, que le ministre frondeur appuie la prorogation du mandat de Jean Kahwagi et le retour de Saad Hariri au Sérail «sans que personne ne lui en fasse l’aumône».

Le cheikh corrompu
Le risque de la reproduction du scandale de la Campagne de Zahra’ la pure est réel avec la corruption qui gangrène les milieux du tourisme religieux vers les terres saintes, loin de toute inspection ou surveillance. Ce scandale, dont ont été victimes des pèlerins partis en Iran où ils sont restés coincés le mois passé, a suscité énormément d’angoisse chez les clients des pèlerinages organisés vers l’Irak, l’Iran et l’Arabie saoudite. Ces campagnes dirigées dans les coulisses par certains dignitaires et notables corrompus s’abritent sous des enseignes religieuses et se sont multipliées, ces dernières années.
Quant à l’affaire de la Campagne de Zahra’ la pure dont quelque 2 500 pèlerins ont fait les frais, son chef d’orchestre n’est autre qu’un cheikh chiite, A. Fares, qui n’a pas hésité à falsifier chèques et documents de voyage. Il a dû signer des traites d’une valeur approximative de 300 000 dollars afin de ne pas être traîné devant la justice. Des hôtels dans la ville de Machhad en Iran avaient confisqué les passeports de centaines de pèlerins parce que le cheikh Fares n’avait pas payé les prestations promises. Des interventions politiques de haut niveau ont été nécessaires pour régler la magouille.

Implantation en filigrane
Le Document international, émis au nom de l’équipe de travail humanitaire portant sur les politiques fondamentales concernant les déplacés syriens au Liban, a été décrié par une haute instance libanaise. Les éloges faits au «peuple et aux autorités» dans cette affaire ne devraient pas nous détourner du caractère politique de ce document préparé par des instances rattachées à l’Onu et par des ONG occidentales, insiste la personnalité qui met en garde contre l’acception des conditions qui y sont proposées, à savoir des aides financières minimes en contrepartie de l’implantation des déplacés. Cette condition est claire, puisque le document parle d’un retour «choisi» qui ne peut être que la «résultante d’un règlement politique» en Syrie, et souligne l’importance d’un retour qui doit être «définitif, garantissant aux déplacés leur sécurité et leur intégration en Syrie, conformément au principe du ‘‘non retour forcé’’»! Ce document, publié le 9 août 2016 à Beyrouth, coupe la voie à toute négociation bilatérale entre le Liban et la Syrie – deux pays souverains – à ce sujet.

Israël se prépare à la guerre
Les médias israéliens inondent leurs publics de programmes, de rapports et d’informations axés sur la menace que représentent les missiles de la Résistance par leur nombre, leur portée et la précision de leurs tirs. Ils mettent également en exergue la puissance de destruction de ces missiles sur les habitants et l’infrastructure de l’entité israélienne. Cette campagne médiatique s’inscrit dans le cadre d’une opération de mobilisation politique et psychologique destinée aux colons pour les amener à appuyer l’option d’une guerre contre le Liban, sous le titre de la dissuasion, de la neutralisation des missiles et des munitions. Ces prévisions coïncident avec un débat qui a lieu dans certains cercles libanais portant sur l’intention du gouvernement de Tel-Aviv d’exploiter le climat géopolitique chaotique qui prévaut, autrement dit la révolution géopolitique menée par les Etats-Unis depuis l’invasion de l’Irak en 2003, pour lancer une nouvelle agression contre le Machreq arabe. D’après les experts, Benyamin Netanyahu se prépare à remodeler l’équilibre des forces régionales, bénéficiant, pour cela, du soutien de la majorité des chefs de partis, des généraux de l’armée et de certaines capitales occidentales. Le coup d’envoi de la prochaine guerre sur le front nord attend cependant le feu vert de Washington.

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