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Nº 3087 du vendredi 2 mars 2018

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Sami Haddad, ancien ministre de l’économie. «Arrêtez l’endettement»

Pour Sami Haddad, ancien ministre de l’Economie, les conférences internationales de bailleurs de fonds prévues dans les semaines à venir ne peuvent réussir si elles ne sont pas accompagnées d’un projet de réforme au Liban.

 

Que reste-t-il de Paris III?
Onze ans après la tenue de cette conférence, en 2007, le Liban a reçu moins d’un milliard $ alors que les participants s’étaient engagés à verser un total de 8 milliards $, pour accompagner une série de réformes, axées sur l’élimination du déficit de l’EDL, la privatisation des télécoms et une augmentation des impôts. Quel que soit le bailleur de fonds, ce dernier veut s’assurer de la récupération éventuelle des aides qu’il aura prêtées. Ce sont les réformes qui sont censées «garantir» la restitution de cet argent. Conscient que les réformes ont besoin d’une décision politique pour être mises en œuvre, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a délégué l’ex-ministre des Finances Jihad Azour et moi-même auprès des leaderships religieux et politiques pour leur expliquer les réformes proposées par le gouvernement libanais à Paris III. La tournée des instances influentes, effectuée à deux reprises avant et après la tenue de Paris III, s’est soldée par un monologue. Les parties rencontrées se sont contentées d’écouter nos explications, sans plus. Il est désolant de constater que les gouvernements successifs depuis 2008 n’ont rien fait en termes de réformes. Aujourd’hui, le gouvernement propose de se rendre à CEDRE I avec moins de cartes favorables en main et sans programme de réformes visant à réduire le déficit budgétaire. Depuis onze ans, la dette publique s’est amplifiée, et la balance des paiements est devenue négative. En 2007, nous nous sommes rendus à Paris forts d’une balance des paiements significativement excédentaire, et d’un programme cohérent de réformes qui bénéficiaient du soutien des bailleurs de fonds.

Quid des conclusions de la mission du FMI au Liban sous le chapitre IV?
Le FMI n’est pas candidat aux législatives et, par conséquent, il a nommé les choses par leur nom. Il y a urgence pour prendre conscience de la gravité de la situation monétaire et financière du Liban. La dette est libanaise, la livre est libanaise, et l’impôt est libanais, les Libanais toutes communautés confondues paieront le prix d’une crise financière. Il faut oublier les calculs politiciens, confessionnels et sectaires et se rendre à Paris pour proposer des réformes nationales capables de réduire substantiellement le déficit budgétaire et la dette. L’endettement public doit s’arrêter et les dépenses être drastiquement réduites, les gros postes de dépenses sont le service de la dette et les transferts de fonds à l’EDL. L’augmentation des impôts sans une révision à la baisse des dépenses ne fera que creuser davantage le déficit budgétaire.

Et le déficit de l’EDL?
Il n’y a pas d’excuses qui justifient la poursuite de la subvention du courant électrique alors que ce soutien profite surtout aux riches. Il est impératif de mettre à contribution le secteur privé en termes de production d’énergie, surtout que la loi sur les PPP a été enfin approuvée. Loin de la polémique de l’adéquation on non de la décision de faire venir des navires d’unités électrogènes, pourquoi ne pas demander au secteur privé de s’en occuper et épargner, par conséquent, à l’Etat un endettement supplémentaire pour leur financement? Aujourd’hui, la polémique se résume à faire ou ne pas faire venir les générateurs flottants dans le but d’assurer un supplément d’alimentation en énergie à court terme. Je suis persuadé que le secteur privé est en mesure de prendre en charge cette tâche et de s’en acquitter plus rapidement, avec succès et avec moins de dérapages.

Liliane Mokbel

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