Réformes socio-économiques
On en parlait déjà il y a 50 ans
A l’heure où la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) revendique une majoration des salaires, nous revenons à 1960 où se posait déjà le problème du malaise social et des réformes indispensables dans la gestion des affaires publiques. C’était alors la priorité de l’Etat et le sujet de toutes les discussions.
Mille et une études avaient été élaborées par des techniciens et des spécialistes venus d’un peu partout. Le fameux rapport Lebret jetait une lumière sur les points essentiels: mettre de l’ordre dans la maison libanaise, nettoyer les coins et les recoins et niveler la vie des citoyens. Les disparités entre les régions devaient être effacées et tout citoyen devait avoir accès aux possibilités de progrès. L’objectif était également de soustraire le fonctionnaire à la tutelle des politiciens et, en parallèle, libérer le travailleur des influences néfastes et lui restituer sa dignité. Les masses désœuvrées et frustrées, victimes de démagogie, manifestaient, exigeant des droits sans pouvoir les déterminer. Elles voulaient vivre comme les autres et disposer des mêmes privilèges. C’est leur droit absolu. Certains dirigeants des classes laborieuses avaient compris les bénéfices qu’ils pouvaient en tirer. Gabriel Khoury, président du Bureau exécutif des Syndicats unis de l’époque, en faisait partie. «Les problèmes sociaux, disait-il, ou plutôt les problèmes socioéconomiques forment un tout indivisible et ont tous la même importance aux yeux de la masse des salariés. Ceux-ci ont besoin de lois sociales qui leur font défaut. Ils ont besoin de voir appliquer convenablement les lois existantes. Ils ont besoin de stabilité dans leur travail et de sécurité pour leur avenir. Ils revendiquent un salaire minimum pouvant leur assurer, comme aux personnes dont ils ont la charge, le logement, la nourriture, l’habillement et les nécessités primaires d’une vie digne d’un être humain…».
Inter-Compréhension mutuelle Gabriel Khoury met en garde le gouvernement, contre le danger de laisser les patrons et les salariés s’entre-déchirer pour régler leurs litiges. «Les relations entre patrons et ouvriers, disait-il, doivent être caractérisées par un esprit d’équité basé sur une compréhension mutuelle et une reconnaissance loyale des droits et des obligations des uns et des autres.
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Nous, aux Syndicats unis, nous avons été les premiers à tendre la main aux patrons et à les inviter à des négociations amiables, dans le but de trouver des solutions équitables aux différents litiges qui nous séparent. Nous l’avons fait parce que nous sommes persuadés qu’il est de l’intérêt de tous de s’entendre, pour entreprendre en collaboration étroite et franche, une œuvre constructive contribuant au développement économique du Liban et au relèvement du niveau de vie de chaque Libanais. Le capital et la main-d’œuvre sont à notre sens, deux forces complémentaires inséparables et une entente entre elles est indispensable pour la bonne marche de chaque entreprise. Nous aimerions attirer l’attention de nos patrons sur le fait que l’évolution sociale progresse avec rapidité (il suffit pour s’en convaincre, d’en voir les manifestations concrètes, aussi bien au Liban que dans le monde) et qu’il est de leur intérêt bien compris de collaborer, avec les syndicats qui représentent la main-d’œuvre, de façon franche et totale, pour contenir cette évolution et la diriger, faute de quoi, ils en subiront, tôt ou tard, des conséquences pouvant être inquiétantes».
«Le code du travail actuel, poursuivait-il, a été élaboré en 1946 et fut considéré, à l’époque, par les syndicats, comme le premier pas vers une législation sociale qui devait être progressivement parachevée et améliorée. Malheureusement, alors que l’évolution sociale bat son plein dans le monde, et avance à pas de géant, les salariés libanais sont pratiquement au même point et les revendications sont toujours les mêmes, à peu de choses près». Qu’est-ce qui a changé en presque un demi-siècle? Si les lois sociales ont quelque peu évolué, leur application laisse à désirer, le chômage bat son plein et le pouvoir d’achat est en chute libre. Mouna Béchara (Suite dans une prochaine édition)
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